LA MYSTIQUE D'ANTONIN ARTAUD. (17/09/2005)
L'expérience du peyotl tient dans Les Tarahumaras une place importante. Elle a un retentissement important dans l'oeuvre artaudienne à partir de 1936. On la retrouve avec Le Rite du Peyotl chez les Tarahumaras et le Supplément en 1943, et, bien plus tard encore, dans deux écrits nommés Tutuguri. Certains de ces textes ont un ton particulièrement mystique, et, avant de rentrer dans le coeur du sujet, il est utile de tenter d'expliquer le surgissement inattendu du Christ dans ces écrits d'Artaud.
On a beaucoup écrit sur le peyotl, cactée que l'on trouve essentiellement sur les plateaux mexicains, du Rio Grande au nord à Mexico au sud. La Lophophora Williamsii a fait l'objet d'études scientifiques à partir de la fin du XIXe siècle, mais a été décrite dès les débuts de la colonisation espagnole. C'est Bernardino de Sahagún qui cite le premier l'existence de cette plante et l'usage qu'en font les Indiens de la Nouvelle-Espagne : "La plante, Peyotl, sorte de Nopal de terre, est blanche. Elle croît dans les régions septentrionales et provoque chez ceux qui la mangent ou la boivent des visions effrayantes ou risibles. L'ivresse dure deux ou trois jours, puis disparaît. Les Chichimèkes font de cette plante une consommation considérable. Cela leur donne des forces, les excite au combat, leur enlève la peur, les empêche de ressentir les effets de la faim et de la soif. On dit même que cela les met à l'abri de tous dangers."
L'origine du peyotl remonte bien au-delà des Aztèques, qui l'associent au Soleil, le dieu guerrier. C'était en effet l'aliment de base du combattant aztèque, censé le rendre invulnérable. Avec l'évangélisation et la conquête du continent, l'usage s'en répandit peu à peu notamment dans la deuxième moitié du XIXe siècle dans toute l'Amérique du Nord. Le peyotl est toujours l'objet d'un pèlerinage chez les Huichols et les Tarahumaras. Le voyage – que ces deux ethnies sont désormais les seules à effectuer – représente plusieurs centaines de kilomètres aller et retour, et a lieu en général pendant les premières semaines d'octobre. Les hallucinations causées par l'absorption du peyotl sont très particulières. Le peyotl contient sept alcaloïdes, dont la mescaline, sous l'influence de laquelle Henri Michaux a écrit Misérable miracle, essai "expérimental" dans tous les sens du terme, composé de textes et de dessins exécutés par l'artiste sous l'emprise de la drogue.
C'est également sur les effets de la même substance que Aldous Huxley a écrit The Doors of Perception. D'autres, avant Artaud, Michaux ou Huxley, ont testé la mescaline et y ont éprouvé un certain plaisir, du moins une réelle fascination. À la fin du siècle dernier, le Docteur Ludwig Lewin cite le récit d'un jeune étudiant en médecine qui s'est proposé volontaire pour absorber de la mescaline et en décrire les effets : "... La première phase est une sorte de retranchement du monde extérieur et l'apparition d'une vie purement intérieure qui suscite l'étonnement... À la deuxième phase se présentent des images de cette vie exclusivement intérieure, des hallucinations sensorielles, des mirages..., accompagnés la plupart du temps de modifications de la vie psychique... Aucune impression désagréable ne trouble les heures que dure cette vie de rêve… Le sujet se sent toujours en disposition joyeuse. En comparaison du monde tel qu'il apparaît alors, le monde d'autrefois semble pâle et mort... arabesques coloriées, figures géométriques... dessins de tapisseries... à côté de ces objets peuvent apparaître des personnages parfois grotesques, des nains de diverses couleurs, des créatures fabuleuses... L'individu a l'impression de ne plus rien peser ou d'avoir grandi, ou une impression de dépersonnalisation ou du dédoublement de son "moi". Le sujet conserve une conscience claire et active et aucun obstacle ne s'oppose à la concentration de son attention. Il éprouve le besoin de faire de l'introspection."
Des visions de croix sont évoquées dans de nombreux témoignages de personnes ayant absorbé du peyotl ou de la mescaline : "Un dessin de croix se présentait avec une fréquence toute particulière et la plus grande diversité. Sans cesse, des lignes centrales de la croix se détachaient vers les côtés des ornements onduleux comme des serpents ou dardés comme des langues mais qui gardaient la rigueur de leurs lignes." Lewin cite notamment le cas d'un homme qui aurait vu le Christ alors qu'il s'était adonné à la mescaline : "En fin de psychose. un homme voyait, les yeux ouverts, des oiseaux verts et rouges et, quand il les fermait, des jeunes filles vêtues de blanc, des anges, la sainte Vierge, Jésus-Christ en bleu ciel." On voit comment un amalgame peut être fait entre cette vision de croix - symbole central des croyances amérindiennes où il est associé au soleil - et, pour un esprit occidental, la croix chrétienne, où parfois apparaît le Christ. Le Rite du Peyotl fut écrit en 1943, c'est-à-dire sept ans après le voyage d'Artaud dans la Sierra Tarahumara. On voit mal a priori comment on pourrait expliquer un tel revirement de l'écrivain après toutes ces années. En effet, il y a peu de choses en commun entre la description d'un rite profondément païen par un esprit aussi anti-chrétien que l'Artaud des années trente telle qu'on peut l'apprécier dans La Danse du Peyotl et le ton excessivement mystico-chrétien du Rite du Peyotl écrit à Rodez en 1943. On pourrait avancer l'hypothèse que ces visions qu'il a eues en 1936, Artaud les a réinterprétées des années plus tard, alors qu'il était, selon ses termes, "empoisonné", envoûté "par la prêtraille profitant de sa faiblesse momentanée".
Au milieu de son "délire", ces croix se sont faites chrétiennes : " ... La lutte ente le Mal et Dieu n'est pas encore finie et pour qu'arrive le Règne de Dieu sur terre il faut être chaste- […] Car les choses sont faites par le soleil et comme lui, et elles sont faites comme ceci", m'ont dit ces prêtes avec des signes des bras et du corps qui constituent les attitudes de Danse Religieuse les plus extraordinaires que j'aie jamais vues. Parmi ces signes il y avait le Signe de la Croix tel que les catholiques le font mais il y en avait une inanité d'autres." Ce passage est tiré d'une lettre à Henri Parisot, qui dans Les Tarahumaras suit un autre texte qu'Artaud écrivit pendant sa période mystico-chrétienne, le Supplément au Voyage au pays des Tarahumaras, où, là encore, la croix est omniprésente.
Cette obsession a suggéré à l'Américaine Julia Costich que dans ces textes, l'interrogation du monde "is directed by God through a cruciform opening of perception". Ceci nous amène à une autre hypothèse, qui n'est pas forcément incompatible avec la première, mais qui la complète en la renforçant. L'ethnologue allemand Claus Deimel, lorsqu'il décrit les rites et les croyances des Tarahumaras, indique que si bon nombre de leurs coutumes ancestrales sont restées profondément ancrées chez eux, le christianisme a néanmoins fait son chemin. Un certain syncrétisme s'est donc opéré dans leurs croyances : "Les traditions des Tarahumaras offrent la description des transformations extérieures de leur civilisation : le Dieu chrétien, tata diosi, nommé aussi parfois onoruame, notre père très grand - nom d'ailleurs identifié avec le soleil—, les Saints chrétiens jesusi, san josé su cristo et maria passent aujourd'hui pour les créateurs de toutes choses." Marino Benzi cite un cas comparable chez les Indiens Huichols : "Le Christ, la Vierge et saint Joseph apparaissent parfois avec les attributs des divinités auxquelles ils sont identifiés ou associés, tout en consentant des traits rappelant vaguement le catholicisme. Le Christ est conçu magiquement par la Vierge grâce à l'action d'une fleur de lis blanc qui pénètre dans son ventre pour la féconder, ce qui rappelle la naissance des divinités précolombiennes. Le Christ, protagoniste presque exclusif des événements que nous rapportons, est un grand prêtre-chaman, un héros culturel..." L'évangélisation des Indiens et leur réinterprétation chrétienne des visions mescaliniennes aboutit à la naissance à la fin du siècle dernier d'un mouvement religieux amérindien dont le peyotl est un élément central : "Le Nouveau complexe du Peyotl : apparaît vers 1891 (d'après le témoignage de l'époque: James Mooney). un certain John Wilson (métis Delaware, Caddo et Français) s'instaura Prophète du Peyotl après des visions lui ayant montré des faits et images de la vie du Christ. Mis en présence du Christ et du Peyotl, il recueillit des instructions précises pour établir le nouveau rituel et instaura les dogmes messianiques. Il reçut, en particulier, consigne, dans ses hallucinations, de demander à ses partisans de s'abstenir de boire de l'alcool et d'éviter toute débauche. Le nouveau culte se répandit très rapidement parmi les diverses tribus particulièrement malmenées et déplacées par les gouvernements successifs: les Oklahoma, Senèques, Shawnee, Delaware, Quapaw, Potawatomi et Osage, entre autres, donnèrent naissance a de nouveaux prophètes du peyotl." Dès lors, on voit comment le processus mental hypothétique cité plus haut a pu être favorisé. Cependant, comme on l'a vu plus haut, le syncrétisme qui s'est opéré chez les Tarahumaras et les Huichols est différent de celui que nous venons de citer. Artaud était au fait de ces croyances hybrides, mélangeant les anciens dieux et la Trinité catholique, et comme le dit Kenneth White : "Il [Artaud] est trop conscient que les Indiens eux-mêmes ne savent plus trop ce qu'ils font: leurs traditions sont oubliées, embrouillées, ils racontent des histoires "dont ils ont égaré la liaison et le secret". Cette cérémonie avec ses sacrifices, ses clochettes, ses croix, ses miroirs ressemble trop à
une messe !"
Mais, en 1936, Artaud ne porte guère d'attention à ces réminiscences catholiques dans les rites tarahumaras ; à la rigueur, elles provoquent chez lui un étonnement amusé : ainsi, lorsqu'il décrit les "Êtres" représentés par un cercle de croix, il signale la présence du "Mâle-Principe de la Nature, que les Indiens dénomment San Ignacio, et sa femelle San Nicolas !". En fait, ce qui le fascine avant tout, ce sont les éléments profondément sacrés et païens de ces rites ancestraux, et les rapports essentiels que ces Indiens entretiennent avec la Terre, le Soleil, le Feu et eux-mêmes. C'est cet aspect qui redeviendra le thème central des deux Tutuguri qu'Artaud écrira peu de temps avant sa mort. Car le peyotl, comme toute initiation, est d'abord une expérience avec soi-même. Il suffit de s'en rapporter aux copieux chapitres qu'y consacre Marino Benzi dans Les derniers adorateurs du peyotl, ou au récit sous forme de journal de l'ethnologue Carlos Castaneda pour s'en convaincre. Une telle éducation - car c'est bien de cela qu'il s'agit -, qui consiste à se débarrasser de tout un héritage socio-culturel pour enter dans la réalitél (processus qui trouve plus d'un lien de parenté avec les métamorphoses nietzschéennes), ne pouvait que séduire un homme comme Artaud, à qui la civilisation occidentale ne peut plus rien apporter hormis un profond dégoût. J'ai parlé plus haut d’"expérience avec soi-même". Ces termes peuvent porter à confusion, car le peyotl, chez Artaud, n'est pas un moyen "de faire de l'introspection", comme le formule plus haut le témoin cité par Lewin. L'expérience d'Artaud avec le peyotl n'a rien à voir avec celles de Michaux ou de Huxley avec la mescaline. Ces deux derniers utiliseront cette drogue pour en mesurer les effets sur leur psychisme : il s'agit d'expériences particulièrement égocentriques, d'explorations intérieures. Mais le désir d'Artaud est tout autre. La plante des Indiens va d'abord soulager Artaud de ses souffrances physiques. Il souffre depuis sa jeunesse d'une maladie nerveuse, diagnostiquée et traitée comme une syphilis héréditaire à partir de l'âge de dix-neuf ans, le mettant dès lors sous la dépendance des drogues. La danse du peyotl est en effet un moyen de guérison inespéré pour un homme comme Artaud, qui arrive dans la Sierra Tarahumara épuisé il est déjà dans un état de santé précaire à son départ de Mexico et certainement en manque: "Après des fatigues si cruelles, je le répète, qu'il ne m'est plus possible de croire que je n'aie pas été réellement ensorcelé, que ces barrières de désagrégation et de cataclysmes, que j'avais senti monter en moi, n'aient pas été le résultat d'une préméditation intelligente et concertée, j'avais atteint l'un des derniers points du monde où la danse de guérison par le Peyotl existe encore, celui, en tout cas, où elle a été inventée. Et qu'est-ce donc, quel faux pressentiment, quelle intuition illusoire et fabriquée me permettait d'en attendre une libération quelconque pour mon corps et aussi, et surtout, une force, une illumination dans toute l'ampleur de mon paysage interne, que je sentais à cette minute précise hors de toute espèce de dimensions." C'est donc un soulagement, un moyen de rassembler les morceaux épars d'un "corps lacéré de vibrations continues"comme le définit Daniel Odier. "Je souffre atrocement", écrit sans arrêt Artaud à ses amis tout le long de sa vie. L'opium, le laudanum, l'héroïne, atténuent cette souffrance occasionnellement, mais ne font qu'aggraver la douleur, à terme, en créant une dépendance. La "plante-principe". comme l'appelle Artaud, a la vertu salvatrice d'atténuer les souffrances.
Marino Benzi signale d'ailleurs que "le peyotl est pour les Indiens un remède magique contre toutes les maladies". Cependant la prise du peyotl revêt chez les Indiens un caractère sacré : il faut un long jeûne et une préparation spirituelle avant de pouvoir ingérer la drogue ; c'est à ce prix que l'on peut explorer la réalité. "Mais on y parvient pas sans avoir traversé un déchirement et une angoisse, après quoi on se sent comme retourné et reversé de l'autre côté des choses et on ne comprend plus le monde que l'on vient de quitter. Je dis : reversé de l'autre côté des choses, et comme si une force terrible vous avait donné d'être restitué à ce qui existe de l'autre côté. - On ne sent plus le corps que l'on vient de quitter et qui vous assurait dans ses limites, en revanche on se sent beaucoup plus heureux d'appartenir à l'illimité qu'à soi-même car on comprend que ce qui était soi-même est venu de la tête de cet illimité, l'Infini, et qu'on va le voir. On se sent comme dans une onde gazeuse et qui dégage de toutes parts un incessant crépitement." Ce passage décrivant la première expérience d'Artaud avec le peyotl insiste sur la dualité corps/être qui semble s'opérer sous son influence.
Cette dualité est fondamentale chez les Amérindiens, qui croient notamment à la métempsycose : Carlos Castaneda décrit ainsi, lors d'une initiation similaires sa métamorphose en corbeau, lui permettant de se dégager de son enveloppe charnelle pour survoler et apprécier le monde dans sa réalité supérieure. La libération de l'être hors du corps passe par l'unité : "Des choses sorties comme de ce qui était votre rate, votre foie, votre coeur ou vos poumons se dégagent inlassablement et éclatent dans cette atmosphère qui hésite entre le gaz et l'eau, mais semble appeler à elle les choses et leur commander de se rassembler." Artaud sait enfin ce qu'est un "corps sans organes", obsession récurrente dans toute son oeuvre. Les organes sont ce qui gâche, ce qui pervertit la notion d'homme, car ils vont à l'encontre de l'idée d'unité. On sait le dégoût qu'il porte à cette représentation d'un homme "parcelé", où l'organe sexuel apparaît comme l'obscénité finale. Le peyotl fait entrevoir à Artaud la vérité : "Le Peyotl ramène le moi à ses sources vraies. - Sorti d'un état de vision pareille on ne peut plus comme avant confondre le mensonge avec la vérité. - on a vu d'où l'on vient et qui l'on est, et on ne doute plus de ce que l'on est. - Il n'est plus d'émotion ni d'influence extérieure qui puisse vous en détourner. [...] Prendre ses rêves pour des réalités voilà ce dans quoi le Peyotl ne vous laissera jamais sombrer." Le rite du peyotl, les propriétés particulières de la plante et sa signification dans la culture amérindienne, permettent aussi à Artaud de retrouver la "cruauté" qu'il avait définie dès 1933, et qu'il cherchait à atteindre à travers le théâtre. Dans Théâtre et cruauté : Dionysos profané, Pierre Brunel cite les descriptions que fait Artaud des rites tarahumaras, et pose la question : "Est-ce à dire que le théâtre tient la place du peyotl ?". En effet, l'auteur rapproche la volonté d'Artaud de vouloir amener le spectateur à un "état de transe" aux danses "calculées" des Indiens. "Je serais tenté de le croire, et de penser qu'à travers la pratique théâtrale, Artaud tend vers une connaissance, vers la découverte de "l'idée de transe", conclut-il. On retrouve donc l'idée de connaissance.
"Connaître, c'est resurgir avec", écrit Artaud, et les Tarahumaras connaissent des danses magiques, et savent utiliser la plante qui "permet de voyager dans la réalité", et donc d'accéder à cette connaissance par une renaissance de l'être hors du corps. Cette réalité définie précédemment correspond en fait parfaitement à ce que Carlos Castaneda, désignant le monde supérieur auquel font accéder le peyotl et d'autres substances hallucinogènes utilisées par les Indiens, appelle la "réalité de consensus particulier". L'expérience de cette plante hallucinogène restera chez Artaud unique. Elle n'est surtout pas comparable à ses précédentes absorptions de stupéfiants, dont il connaissait les effets néfastes et dominateurs. D'ailleurs, avant de partir pour la Sierra Tarahumara, il se débarrassera de l'héroïne qui lui restait. Le début d'un très court texte d'Artaud, écrit en mai 1947, résume son expérience en ces termes : "J'ai pris du Peyotl au Mexique dans la montagne et j'en ai eu un paquet qui m'a fait deux ou trois jours chez les Tarahumaras, j'ai pensé alors à ce moment-là vivre les trois jours les plus heureux de mon existence. J'avais cesse de m'ennuyer, de chercher à ma vie une raison et j'avais cessé d'avoir à porter mon corps. Je compris que j'inventais la vie, que c'était ma fonction et ma raison d'être et que je m'ennuyais quand je n'avais plus d'imagination et le peyotl m'en donnait."
Bruno LEROY.
09:45 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
Commentaires
voilà de la matière qui apaise ma faim pour un petit moment. Merci Bruno.
Écrit par : jean-plume | 17/09/2005