Gilles Vigneault sur la route du temps. (02/07/2009)
02/07/2009 18:35
Le poète et chroniqueur sort un 45e disque et revient sur la réalisation d’un rêve d’enfant : écrire une grand-messe
Pour son 45e album, Gilles Vigneault évalue le chemin parcouru. Il évoque, à 80 ans, le pas plus lent qu’il a adopté mais non moins leste, du voyageur, dans la vie, et du danseur, sur scène. Le verbe est vif et le talent du conteur se vérifie à tout instant.
Gilles Vigneault parle d’abondance des récents spectacles qu’il a donnés au Québec, retrouvant un public fervent. De passage à Paris, avant son retour en octobre prochain, l’ancien séminariste et le cousin de prêtre revient d’abord sur la messe qu’il a composée avec son complice, Bruno Fecteau. La commande leur en a été passée pour le 400e anniversaire de la fondation de Québec, en 2008. Le duo s’est réfugié dans un monastère pour écrire.
L’œuvre, baptisée Grand-messe, de facture classique, suivant l’ordinaire du rituel, en latin, en français et en langage des Indiens, a été créée et enregistrée l’an dernier dans des théâtres et des églises dans le cadre du Festival de musiques sacrées de Québec.
Il en existe trois versions dont une pour les paroisses, avec orgue ou harmonium. Gilles Vigneault mentionne, non sans malice, qu’il a reçu le Nihil Obstat d’un cardinal lors de la représentation de la messe dans sa version pour chanteurs lyriques, grand orchestre et chœurs. « Toute mon enfance est là-dedans. C’est la messe du dimanche qui nous a faits », assure ce fils de marin.
La messe est donc dite. Il faut toujours prendre la direction de chez soi. C’est ce que partage Gilles Vigneault dans son nouveau disque. Quatorze chansons à goûter comme on décline les couleurs des sentiments et de l’âme. Parfois en révolte. Il faut pour cela accepter la voix de Vigneault, désormais en mission dans les hautes notes et flottante en bien des cas. Merci à Francis Cabrel d’avoir aidé à la sortie du disque en France où le poète saisit l’air du temps sans oublier de poser son sac pour parler de l’essentiel. La vie, l’amour, l’avenir de la planète, et la force d’une chanson pour traduire tout cela.
En 2009, Vigneault offre une note audacieuse en s’aventurant dans nos us et coutumes contemporains. L’ancien prof de lettres met en scène une des addictions universelles, le portable et l’Internet. Moraliste, sans être internaute lui-même, du Web, Vigneault salue les liens que permettent de nouer les ordinateurs. Il s’inquiète aussi de la solitude qui touche les plus assidus à cette toile sans maître. La chanson a mûri deux ans et le dernier couplet a été changé, à la dernière minute. Celui qui dresse un portrait en forme d’avertissement : « Solitaire/Je me terre/sous la terre/de mes mots/ma console/qui m’isole/me désole/À huis clos ». Sur scène, il présente la chanson en parlant de son père, celui qui l’a mené sur le chemin des mots.
Il y a encore cette chanson d’hommage à son village natal de Natashquan, ce bout du monde, fondé il y a 150 ans, sur la côte nord du Saint-Laurent. « Là où le temps s’arrête et m’attend. » La contrée avait déjà été évoquée dans une chanson écrite pour Gilbert Bécaud qui avait demandé jadis à son ami Vigneault de lui raconter cette terre. La chanson a été un peu oubliée. « Au fond, je suis un scribe public », conclut-il. « Écris ! Chante ! Parle et prie ! M’ont répété mille voix pour que notre barbarie s’achève avant les grands froids ! » Un disque de Vigneault c’est bon pour sortir le bateau de l’eau et voir comment va la coque. Avant de reprendre la course en mer.
Robert MIGLIORINI
Gilles Vigneault, Arriver chez soi, un disque Chandelle Productions/Pomme music/Sony BMG. En concert le 26 octobre à
Le poète et chroniqueur sort un 45e disque et revient sur la réalisation d’un rêve d’enfant : écrire une grand-messe
Pour son 45e album, Gilles Vigneault évalue le chemin parcouru. Il évoque, à 80 ans, le pas plus lent qu’il a adopté mais non moins leste, du voyageur, dans la vie, et du danseur, sur scène. Le verbe est vif et le talent du conteur se vérifie à tout instant.
Gilles Vigneault parle d’abondance des récents spectacles qu’il a donnés au Québec, retrouvant un public fervent. De passage à Paris, avant son retour en octobre prochain, l’ancien séminariste et le cousin de prêtre revient d’abord sur la messe qu’il a composée avec son complice, Bruno Fecteau. La commande leur en a été passée pour le 400e anniversaire de la fondation de Québec, en 2008. Le duo s’est réfugié dans un monastère pour écrire.
L’œuvre, baptisée Grand-messe, de facture classique, suivant l’ordinaire du rituel, en latin, en français et en langage des Indiens, a été créée et enregistrée l’an dernier dans des théâtres et des églises dans le cadre du Festival de musiques sacrées de Québec.
Il en existe trois versions dont une pour les paroisses, avec orgue ou harmonium. Gilles Vigneault mentionne, non sans malice, qu’il a reçu le Nihil Obstat d’un cardinal lors de la représentation de la messe dans sa version pour chanteurs lyriques, grand orchestre et chœurs. « Toute mon enfance est là-dedans. C’est la messe du dimanche qui nous a faits », assure ce fils de marin.
"Il faut croire pour continuer de croître"
À Natashquan, la rivière aux ours, on s’endimanchait pour aller célébrer l’heure du mystère. « Tout y était », poursuit-il. L’art du théâtre, le concert, avec les chants et les instruments mais aussi ce besoin de se recueillir, se cueillir de nouveau, en gardant le silence. « Nous faisions le point comme le navigateur sur son bateau sur l’océan. » Ce sont ces instants mémorables que le chanteur a voulu transmettre aux nouvelles générations. En s’exposant à cette occasion sur sa foi qui tient en quelques mots : il faut croire pour continuer de croître. Horizontalement et verticalement. Ce qui ne chasse pas le doute. « Les jeunes ne se contentent pas de la religion du coffre-fort », lance le père et le grand-père.La messe est donc dite. Il faut toujours prendre la direction de chez soi. C’est ce que partage Gilles Vigneault dans son nouveau disque. Quatorze chansons à goûter comme on décline les couleurs des sentiments et de l’âme. Parfois en révolte. Il faut pour cela accepter la voix de Vigneault, désormais en mission dans les hautes notes et flottante en bien des cas. Merci à Francis Cabrel d’avoir aidé à la sortie du disque en France où le poète saisit l’air du temps sans oublier de poser son sac pour parler de l’essentiel. La vie, l’amour, l’avenir de la planète, et la force d’une chanson pour traduire tout cela.
En 2009, Vigneault offre une note audacieuse en s’aventurant dans nos us et coutumes contemporains. L’ancien prof de lettres met en scène une des addictions universelles, le portable et l’Internet. Moraliste, sans être internaute lui-même, du Web, Vigneault salue les liens que permettent de nouer les ordinateurs. Il s’inquiète aussi de la solitude qui touche les plus assidus à cette toile sans maître. La chanson a mûri deux ans et le dernier couplet a été changé, à la dernière minute. Celui qui dresse un portrait en forme d’avertissement : « Solitaire/Je me terre/sous la terre/de mes mots/ma console/qui m’isole/me désole/À huis clos ». Sur scène, il présente la chanson en parlant de son père, celui qui l’a mené sur le chemin des mots.
Il y a encore cette chanson d’hommage à son village natal de Natashquan, ce bout du monde, fondé il y a 150 ans, sur la côte nord du Saint-Laurent. « Là où le temps s’arrête et m’attend. » La contrée avait déjà été évoquée dans une chanson écrite pour Gilbert Bécaud qui avait demandé jadis à son ami Vigneault de lui raconter cette terre. La chanson a été un peu oubliée. « Au fond, je suis un scribe public », conclut-il. « Écris ! Chante ! Parle et prie ! M’ont répété mille voix pour que notre barbarie s’achève avant les grands froids ! » Un disque de Vigneault c’est bon pour sortir le bateau de l’eau et voir comment va la coque. Avant de reprendre la course en mer.
Robert MIGLIORINI
Gilles Vigneault, Arriver chez soi, un disque Chandelle Productions/Pomme music/Sony BMG. En concert le 26 octobre à
l’Olympia de Paris.
http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2380564&a...
19:56 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |