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Un mouvement de sincère conversion. (13/12/2010)

Comme toujours, lorsque deux personnages contrastés sont mis en scène dans une parabole, nous pouvons nous retrouver dans chacun d’eux.
D’abord la « forte tête », celui qui affronte ouvertement, le contestataire qui balance son refus en pleine figure à ce père qui invite son fils à aller travailler à sa vigne. De tempérament irascible, ayant sans doute prévu de faire autre chose, il parle avant d’avoir réfléchi et refuse tout net. Mais dans un second temps, ayant repris ses esprits et retrouvé son bon sens, il revient sur sa décision et obéit à l’ordre reçu.

Qu’est-ce qui a bien pu le faire changer d’avis, sinon l’attitude du père, qui ne lui fait aucun reproche et n’insiste même pas, respectant sa décision. Certes, il a lu dans les yeux de son père un douloureux étonnement, mais il a compris que son refus brutal n’entamait pas pour autant la confiance que celui-ci lui accordait. Le Père est celui qui persiste à croire en nous, à espérer en nous et à nous aimer quelle que soit notre attitude. C’est ce comportement de son père qui va permettre au rebelle, après son premier mouvement impulsif et de revenir à la raison. Se repentant de son mouvement d’humeur, il va à la vigne, reprenant par son obéissance sa place de fils, un instant mise en cause par son refus. Sur l’ensemble du parcours, on peut dire que le premier fils a suivi un chemin globalement de croissance ; certes à travers une expérience de négativité initiale dont il aurait pu se passer, mais très heureusement dépassée dans un mouvement de sincère conversion.


Par contre, le « oui » tout de façade de l’autre fils n’est pas digne d’un tel père. Il ne réagit pas sous le coup d’une impulsion irrésistible : son refus trahit plutôt un comportement hypocrite, qui révèle la distance qu’il a mise entre lui et cet homme avec lequel il n’entretient plus de relation filiale véritable. Au terme de l’épisode, ce second a régressé, car il s’est aseptisé par rapport aux sentiments que lui porte le père, et s’est enfoncé dans une attitude mensongère, qui l’empêche d’accéder à la conversion salutaire.
 


« Lequel des deux a fait la volonté du père ? » L’alternative posée par Jésus ne pose pas de problème de discernement à ses interlocuteurs : c’est l’obéissance en acte et non en parole qui conforme à la volonté du Père. Le jugement des pharisiens est véridique, aussi Jésus peut-il s’appuyer sur leur propre parole pour mettre en lumière leur incohérence ou leur mauvaise foi. Les chefs religieux prétendent obéir scrupuleusement à la Loi, mais ils se sont bouchés les oreilles pour ne pas avoir à se convertir en réponse à la voix qui criait dans le désert, les appelant à la repentance. Les publicains et les prostituées représentent les enfants d’Israël qui par leurs transgressions à la Loi, ont commencé par renier l’autorité divine, mais se sont par la suite convertis à l’appel du Baptiste, et ont accueilli des lèvres de Jésus la révélation de la paternité divine et de leur propre statut de fils. Réconciliés avec Dieu, ils connaissent la joie d’appartenir au « peuple des petits et des pauvres qui ont pour refuge le nom du Seigneur et le servent d’un seul cœur » (1ère lect.).


Père Joseph-Marie.

22:13 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |