L'évêque, l'Unesco et les homos. (24/01/2011)
Par Jérôme Anciberro
Selon Mgr Demetrio González, évêque de Cordoue, qui le tiendrait lui même du cardinal italien Antonelli, l'Unesco aurait pour projet que la moitié de la population mondiale soit homosexuelle d'ici 2030. Une des plus belles sorties épiscopales de l’année 2010, presque passée inaperçue.
Tout se passe comme prévu, ce 26 décembre 2010, dans l’historique cathédrale de Cordoue, ancienne grande mosquée des Omeyyades classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Mgr Demetrio Fernández González, l’évêque du lieu, y célèbre la messe à l’occasion de la fête de la Sainte Famille.
Son homélie porte classiquement sur la notion de famille, image de La Trinité, de l’Église, du lien sacré unissant les hommes… Sans surprise dans le contexte espagnol, Mgr González y fait part de ses inquiétudes quant à l’évolution du modèle familial traditionnel.
Sans surprise non plus de la part d’un évêque connu comme un des piliers de l’aile la plus militante de son Église en matière de morale familiale et sexuelle, il aborde de manière très critique les thèmes du divorce, de la contraception, de l’avortement et de l’homosexualité. Un discours ferme et offensif, donc, mais qui n’en reste pas moins attendu.
ANECDOTE
Et puis soudain, c’est l’accident. Le plongeon. La phrase qui tue. Vers la fin de son homélie, Mgr González confie à ses ouailles : « Le “ministre ” de la famille du gouvernement du pape, le cardinal Antonelli, me disait il y a quelques jours à Saragosse que l’Unesco avait le projet de faire que la moitié de la population mondiale soit homosexuelle dans les vingt prochaines années. »
Passé le premier éclat de rire, on relit la phrase, on la tourne dans tous les sens, on recoupe avec plusieurs sources, on vérifie les possibilités de traduction… Aucun doute possible : l’évêque de Cordoue a bien dit cela.
Simple anecdote ? Une bourde parmi d’autres, commises régulièrement aux quatre coins du monde par quelques prêtres ou épiscopes surmenés ? Pas sûr. Ce qui caractérise la phrase de Mgr González n’est pas tant son caractère politiquement incorrect ou moralement douteux que son contenu manifestement grotesque.
Il ne s’agit pas là de la défense maladroite d’un dogme déconcertant ou d’une position morale à contre-courant de l’idéologie dominante. On se trouve bien au-delà des dérapages de tel évêque sur l’épidémie de sida comme « justice immanente » ou de tel autre sur l’avortement comme nouvelle Shoah.
Dans de tels cas, l’argumentation et la contre-argumentation demeurent théoriquement possibles, en dépit de toutes les réserves qu’on peut instinctivement avoir lorsque ces sujets polémiques sont abordés. Mais l’idée d’un plan de l’Unesco visant à « homosexualiser » la planète ne peut que provoquer la stupeur ou le rire et défie ainsi toute tentative de critique.
On évolue ici dans un univers parallèle, celui du conspirationnisme du plus bas étage, celui-là même qui se donne à lire sur certains sites Internet où l’on nous explique que les extraterrestres contrôlent la Maison-Blanche, infiltrent les services secrets chinois et engrossent durant leur sommeil les vierges nubiles pour mieux dominer la planète…
De toute évidence, l’inconfort spirituel et moral éprouvé par l’évêque de Cordoue face aux évolutions des mœurs lui a donc fait perdre le sens des réalités. Il ne nous explique d’ailleurs pas vraiment dans son homélie dans quel but l’Unesco travaillerait à de si noirs desseins…
MÉDITATION
Or, Mgr González n’est pas un simple catholique un peu exalté perdu au fond d’un désert. Il est évêque, d’une cité illustre de surcroît, qui a certes perdu un peu de son lustre au cours des siècles, mais n’en demeure pas moins une ville européenne universitaire dans laquelle vivent quelques fidèles que l’on suppose éduqués.
Si l’on en croit le code de droit canonique, il a été choisi à ce poste pour ses qualités morales, spirituelles, intellectuelles et son sens des responsabilités. C’est justement l’écart entre le niveau de l’ânerie lâchée et le niveau de dignité incarné par Mgr González qui pousse l’observateur à la méditation.
Ce cas a priori isolé nous dit-il quelque chose de l’évolution de l’Église catholique et du milieu intellectuel et idéologique dans lequel peut baigner une partie de ses cadres les plus éminents ? On attend en tout cas avec intérêt la réaction du cardinal Ennio Antonelli, mis dans la partie de si belle manière.
Source : Témoignage Chrétien.
Son homélie porte classiquement sur la notion de famille, image de La Trinité, de l’Église, du lien sacré unissant les hommes… Sans surprise dans le contexte espagnol, Mgr González y fait part de ses inquiétudes quant à l’évolution du modèle familial traditionnel.
Sans surprise non plus de la part d’un évêque connu comme un des piliers de l’aile la plus militante de son Église en matière de morale familiale et sexuelle, il aborde de manière très critique les thèmes du divorce, de la contraception, de l’avortement et de l’homosexualité. Un discours ferme et offensif, donc, mais qui n’en reste pas moins attendu.
ANECDOTE
Et puis soudain, c’est l’accident. Le plongeon. La phrase qui tue. Vers la fin de son homélie, Mgr González confie à ses ouailles : « Le “ministre ” de la famille du gouvernement du pape, le cardinal Antonelli, me disait il y a quelques jours à Saragosse que l’Unesco avait le projet de faire que la moitié de la population mondiale soit homosexuelle dans les vingt prochaines années. »
Passé le premier éclat de rire, on relit la phrase, on la tourne dans tous les sens, on recoupe avec plusieurs sources, on vérifie les possibilités de traduction… Aucun doute possible : l’évêque de Cordoue a bien dit cela.
Simple anecdote ? Une bourde parmi d’autres, commises régulièrement aux quatre coins du monde par quelques prêtres ou épiscopes surmenés ? Pas sûr. Ce qui caractérise la phrase de Mgr González n’est pas tant son caractère politiquement incorrect ou moralement douteux que son contenu manifestement grotesque.
Il ne s’agit pas là de la défense maladroite d’un dogme déconcertant ou d’une position morale à contre-courant de l’idéologie dominante. On se trouve bien au-delà des dérapages de tel évêque sur l’épidémie de sida comme « justice immanente » ou de tel autre sur l’avortement comme nouvelle Shoah.
Dans de tels cas, l’argumentation et la contre-argumentation demeurent théoriquement possibles, en dépit de toutes les réserves qu’on peut instinctivement avoir lorsque ces sujets polémiques sont abordés. Mais l’idée d’un plan de l’Unesco visant à « homosexualiser » la planète ne peut que provoquer la stupeur ou le rire et défie ainsi toute tentative de critique.
On évolue ici dans un univers parallèle, celui du conspirationnisme du plus bas étage, celui-là même qui se donne à lire sur certains sites Internet où l’on nous explique que les extraterrestres contrôlent la Maison-Blanche, infiltrent les services secrets chinois et engrossent durant leur sommeil les vierges nubiles pour mieux dominer la planète…
De toute évidence, l’inconfort spirituel et moral éprouvé par l’évêque de Cordoue face aux évolutions des mœurs lui a donc fait perdre le sens des réalités. Il ne nous explique d’ailleurs pas vraiment dans son homélie dans quel but l’Unesco travaillerait à de si noirs desseins…
MÉDITATION
Or, Mgr González n’est pas un simple catholique un peu exalté perdu au fond d’un désert. Il est évêque, d’une cité illustre de surcroît, qui a certes perdu un peu de son lustre au cours des siècles, mais n’en demeure pas moins une ville européenne universitaire dans laquelle vivent quelques fidèles que l’on suppose éduqués.
Si l’on en croit le code de droit canonique, il a été choisi à ce poste pour ses qualités morales, spirituelles, intellectuelles et son sens des responsabilités. C’est justement l’écart entre le niveau de l’ânerie lâchée et le niveau de dignité incarné par Mgr González qui pousse l’observateur à la méditation.
Ce cas a priori isolé nous dit-il quelque chose de l’évolution de l’Église catholique et du milieu intellectuel et idéologique dans lequel peut baigner une partie de ses cadres les plus éminents ? On attend en tout cas avec intérêt la réaction du cardinal Ennio Antonelli, mis dans la partie de si belle manière.
Source : Témoignage Chrétien.
19:46 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |