CPE : Contrat Pour l'Exclusion ! (21/03/2006)
Pour la Frankfurter Rundchau, face à la crise actuelle, Dominique de Villepin ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Avec une grande arrogance il est passé outre l’accord de ses ministres, et après les jeunes des banlieues, il a réussi à monter aussi les jeunes des universités contre le gouvernement de droite. Il ne s’agit maintenant plus seulement « d’ouvrir » le marché du travail soi-.disant si bloqué, mais de savoir qui a le pouvoir dans le pays. Si le premier ministre s’entête, et son caractère de hussard le laisse supposer, le pays restera paralysé toute la semaine. Mais comment ce haut fonctionnaire pourrait-il savoir ce que cela signifie pour la dignité d’un jeune, de pouvoir être renvoyé sans que son patron ait besoin de donner une raison ?
Ceux à qui pourraient profiter une flexibilisation du marché du travail sont ceux qui échouent dans le système scolaire élitiste et pour qui l’Etat n’a pas d’alternative, argumente de son côté le Financial Times Deutschland. Ce ne sont pas les jeunes issues de la classe moyenne qui manifestent aujourd’hui, mais les jeunes des ghettos de banlieue, qui ont brûlé des milliers de voitures l’automne dernier. La réforme pourrait réellement les aider à s’intégrer dans le monde du travail et dans la société.
En France, la protection contre le licenciement est trop rigide et dissuade les employeurs d’embaucher, affirme la Landeszeitung. Mais le premier ministre était-il obligé d’imposer cette loi radicale en procédure accélérée, sans consultation ministérielle ni discussions avec les syndicats ? Le résultat, c’est que les chances de Dominique de Villepin d’accéder à la présidence en 2007 ont nettement diminué. Mais ce qui est bien plus grave, c’est que le processus de réforme en France est largement entravé.
Heureusement qu’il y a les Français, titre la Tageszeitung. A travers toute l’Europe, l’idéologie néolibérale célèbre son triomphe, écrit le quotidien alternatif, il n’y a qu’en France que les gens la rejettent. Ils s’opposent à une politique qui transfère les richesses du bas vers le haut, qui détruit les acquis sociaux et qui s’attaque au droit du travail. Une fois de plus, les Français ont montré que leur capacité de résister était restée intacte. Rien que leur courage de faire cavalier seul en Europe mérite l’admiration. S’ils n’existaient pas, il faudrait les inventer, conclut le journal.
13:01 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |