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DEVONS-NOUS CRAINDRE LA MORT ? (15/05/2006)

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La mort fait peur. Elle nous effraie et pourtant… La mort en elle-même n’a rien de dangereux puisque pour le chrétien, elle va donner à la vie tout son sens. Le Christ est là, présent et vivant pour nous accueillir au seuil du Royaume tant espéré. Celui qui croit sait que le Christ est la Vie éternelle et que le seul fait de croire lui permet de rejoindre le Seigneur Jésus. Le Royaume des cieux dont nous avons tant rêvé, tant espéré et sur lequel nous avons tant fabulé est une réalité. Que dira Dieu en nous voyant arriver alors que nous sommes des pécheurs ? Mais si Dieu est amour, totalement Amour comme nous le croyons, comme Jésus nous l’a dit, nous ne devons pas craindre. Dieu est comme dans la parabole de l’enfant prodigue, celui qui nous attend et fait bombance car il y a plus de joie dans le ciel pour un pécheur retrouvé que pour 99 justes. Non, il ne détournera pas sa Sainte Face en nous voyant arriver. Le problème est tout autre : pourrons-nous nous pardonner ? Pourrons-nous accepter son Amour alors que nous l’avons renié souvent dans notre vie ? Pourrons-nous, comme le fils prodigue, aller avec humilité et confiance vers le Père pour lui demander pardon de nos fautes ? Voilà le problème fondamental. Quel gâchis que cette vie sur terre. Alors qu’il m’avait donné le temps nécessaire pour réaliser un tant soit peu l’arrivée du Royaume, quel est le bilan de cette vie gaspillée ici-bas. Ai-je tenté, dans la limite de mes forces, de faiblesse en faiblesse, d’instaurer sur la terre, la justice, l’amour et la paix ? Ai-je fait avancer le Royaume de Dieu ? Voilà le sens de toute vie chrétienne. Ai-je été un instrument de sa paix ? Le christ l’a dit : seul l’amour compte. Ai-je cherché la richesse, les honneurs et la gloire ou ai-je donné un peu d’amour ? Et cet amour ? Etait-ce de l’amour gratuit sans espoir de retour ou de l’amour-propre ? Plongés dans la mort, nos actes prennent une autre densité. Dans le monde de l’éphémère, nous jugeons nos actes avec nos yeux et surtout avec ceux des autres. Dans le monde de l’éternel, tout prend une autre dimension . Certains que nous estimions importants paraissent dérisoires alors que ceux que nous estimions si légers surnagent et demeurent les seuls visibles.
Dieu est Amour et non justice. Il paie l’ouvrier de la dernière heure du même salaire que les autres. Jésus accueille le « bon » larron alors qu’il n’a fait qu’une seule chose : « croire en Jésus. » Jésus est la Résurrection, la Vie éternelle.
Mourir est tout simplement s’endormir dans la paix du Christ. La vie est activité et la mort est repos.
Alors pourquoi avons-nous si peur ?
L’adulte est celui qui a réussi à apprivoiser sa peur de la mort. Certes, la carcasse bronchera. La chair ne veut pas mourir. Elle bronchera toujours devant la mort.
Pour tout le monde, c’est très simple. La mort est en fait le moment où nous nous trouvons devant le bilan de notre vie. Il n’y a plus de futur pour cette graine que nous sommes. Nous devons abandonner nos illusions. Il n’y a plus de demain car nous entrons dans une autre dimension sans temps et sans espace dans le monde sans forme. Il n’y a plus que Dieu, l’Ouvert, l’Innommable, le Mystère absolu.
Ce qui fait peur à notre mental, c’est qu’il ne peut se projeter dans le futur. Il n’y a nulle part où il peut projeter ses illusions. Il est coincé. Il ne peut plus que regarder le passé, la vie, notre vie avec ses bons et ses mauvais côtés, avec ce que l’on a fait de bien mais surtout de mauvais. Il faut pour la première fois se regarder soi-même. Que d’occasions ratées, que de temps gaspillés, l’angoisse d’une vie gaspillée. Dieu ne juge pas car il est Amour, le Christ ne juge pas. Il est assis et trace des traits dans le sable puis nous regarde. Pourrons-nous soutenir son regard car il nous a tout expliqué et nous savions tout. Le Royaume des Cieux était sur terre mais nous avons refusé de le voir.
« Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas » Math 24,35 ; Luc 21,33. Marc 13,31.
« En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu’un garde ma parole, il ne verra pas la mort » Jean 8,51.
La parousie se réalise à l’instant où nous quittons ce monde des illusions pour entrer dans la vraie vie.
Que devons nous faire ? Très peu et beaucoup : Aimez , alors tout ce que vous ferez sera juste. (Saint-Augustin) Aimer est la seule façon de défier la mort. Certes, lorsqu’on meurt, on est toujours seul mais la seule postérité valable se mesure au vide que l’on laisse dans le cœur des vivants.


« Va ton chemin sans te soucier de son pourquoi.
Vis sans pourquoi. Le fond de Dieu est ton propre
fond, et ton fond est le fond de Dieu. Là, tu vis selon
ton être propre, comme Dieu vit de son Etre propre…
C’est à partir de ce fond intime que tu dois opérer
toutes tes œuvres… »
Maître Eckhart
Mystique chrétien.


L’homme religieux ( c’est tout différent de l’homme d’église) est celui qui a regardé pendant qu’il était encore vivant, il a regardé dans le passé de sa vie. Il a réalisé le caractère fictif de la vie, il a regardé en lui-même et a compris que la vie est une illusion. Tout ce que nous faisons est de bâtir sur du sable, de bâtir des illusions pour satisfaire notre amour propre.
Avons-nous aimé ou avons nous fait semblant ?
Avons-nous jamais été honnête ou avons-nous fait semblant ?
Avons-nous jamais été sincère ou avons-nous fait semblant ?
Notre vie n’est-elle pas une longue succession de simulations ? Paraître face au monde, face aux autres ? Que de masques ! Que d’habits alors que nous sommes nus devant Dieu !
Nous avons dépensé tellement d’énergie pour paraître face aux autres et pour nous illusionner sur nous-même. Quel gaspillage et à l’heure de notre mort quelle frustration ! Découvrir ce que nous sommes réellement et pas celui que nous voulons faire paraître. Avoir choisi l’illusion alors que le Christ nous invitait à l’immortalité en le suivant. Et nous ne pourrons même pas lui dire : « Seigneur, je ne t’ai pas vu, je ne savais pas. »Et il nous regardera plein de compassion mais saurons-nous accepter son Amour ou comme le disciple partirons-nous tristement vers le néant, c’est-à-dire notre propre suffisance ?Il faut mourir, certes, ayant fait le plein et le vide. Le plein d’amour et le vide d’ego.

Meurs avant moi, l’ami !
Montre-moi le chemin :
Je n’ai peur qu’à demi
Quand on me tient la main.
Allons, l’ami !
Dieu qui t’a aimé, ta vie durant,
Ne va pas t’abandonner
Au moment où tu es dépouillé
De tout amour humain.
Et puis, que crains-tu ?
Tes parents sont morts avant toi ,
Et les parents de tes parents.
Là où se trouvent tes parents,
Tu peux aller de confiance.
Il n’est pas le Dieu des morts,
Mais Celui des vivants.
Les morts sont vivants,
Aussi invisibles que Lui.
Il n’y a pas de barrière.
Dieu était avec toi,
Brusquement, te voici avec Lui.
Ne crains point, crois seulement !
Personne ne meurt :
On ne sort pas de Dieu.

13:55 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |