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Face à une société atteinte de cécité ma profession devient Vocation. (23/03/2013)

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Le travail c’est la santé, rien faire c’est la conserver chantait Henri Salvador.

Si nous étudions bien cette phrase presque ironique. Nous constatons en fait qu’il ne fait que reprendre l’Ecclésiaste : Il est un temps pour tout, un pour rire, un pour pleurer, un pour travailler, un pour se reposer…( version édulcorée )

Je vis depuis plus de 34 ans au cœur de la pauvreté, voire de la misère qu’elle soit matérielle, spirituelle ou intellectuelle. Depuis toutes ces années, j’ai cheminé avec des Jeunes de tous horizons et des adultes de toutes opinions.

Le travail est certes la santé, dans le sens où cela permet de mettre ses talents au service du bien commun. Mais, le repos est également nécessaire à l’équilibre psychique. Je connais tant d’éducateurs faisant régulièrement des séjours en psychiatrie pour avoir trop donnés de leur personne. Nous ne pouvons offrir aux autres, ce que nous ne possédons plus !

 

Accompagner les plus pauvres a toujours été un idéal que j’ai réussi à la force du poignet à réaliser. Mais, au début de cette aventure, je pouvais consacrer tout mon temps pour les écouter avec les oreilles de l’âme.

 

Or, aujourd’hui les paradigmes ont bien changés…En France, nous pouvons évaluer la précarité à plus de cinquante pour cent par rapport aux années précédentes.

Donc, il me faut effectuer les mêmes fonctions avec le nombre d’éducateurs identiques et ayant le double, voire le triple de jeunes mais aussi d’adultes à s’occuper.

 

Et je puis vous assurer que rien ne nous aide et surtout pas les Administrations, remparts contre la solidarité active.

 

Tout cela, pour vous dire que je me remets sérieusement en question. Pour ceux et celles qui me connaissent, j’ai un caractère bien trempé et mes colères sont aussi puissantes que mes tendresses. Pourtant, j’ai toujours refusé une société laxiste où le jeune insulte son professeur et les institutions. Dans ces cas précis, ayant pratiqué le karaté pendant plus de cinq ans, inutile de vous dire ma réaction.

 

Si je remets en questions, la pertinence de mes actions et réflexions ce jour. C’est tout simplement pour ne pas crouler, m’étouffer sous trop de boulot. Me voici désormais obligé de travailler les Samedis et Dimanches. Évidemment, pas tous les week-ends. Heureusement… !

Pourtant, bien souvent cela se passe ainsi. Autrefois, j’avais une équipe d’éducateurs militants qui ne refusaient pas un service demandé exceptionnellement. Maintenant, la réponse est nette, précise, il est interdit selon le Code du Travail, de solliciter un éducateur désirant se reposer. Je ne suis pas contre…Mais, pourquoi les États successifs diminuent nos subventions au fil des ans, me contraignant à ne plus embaucher.  Quant aux Bénévoles, ils passant en coup de vent, la délinquance leur faisant peur.

 

Donc, en résumé, nous avons dix fois plus de boulot et dix fois moins de pognon pour payer les travailleurs sociaux. Ce que certains ne font pas, je sui obligé de le faire seul. La crise, Monsieur Leroy, vous comprenez la crise mais nous pensons aux Ados déstabilisés et aux Adultes paumés. La crise a bon dos Monsieur le Conseiller Général, elle permet de ne pas prendre certaines responsabilités face aux addictions, aux suicides, aux désespoirs de toutes sortes. Et nous, nous continuons notre chemin malgré des carences flagrantes. Jusqu’à quand ? Je vais sur mes 54 ans et je dirais heureusement que je sui chrétien sinon, j’aurais baissé les bras depuis longtemps. Coups de téléphone le soir pour une urgence. Et me voilà parti avec le Christ en bandoulière. Car, le soir les Banlieues sont loin d’être calmes. Mais, je n’ai jamais eu peur, sachant que ma mission était dans ce travail social à la limite du possible.

Oui, je suis militant social et non politique.

Et mon épouse qui me demande souvent vers quelle heure je pense rentrer. Un contrat synallagmatique lors de nos fiançailles est inscrit entre nous. Elle connaît la dimension de ma Vocation. Et pourtant, certains jours, je pense sérieusement à une succession possible.

Et le temps passe…Je retrouve William avec son sourire édenté et Johnny avec sa violence à fleur de peau. Je me surprends alors à penser que je fais un bien beau métier.

Et, j’assume mes coups de gueule, mes coups de poing, mes coups d’amour détaché.

En fait, dans cette société où l’on fait tout pour détruire une once de spiritualité chez l’Homme.

Je fais tout pour ne pas succomber à la tentation en ne me conformant pas à se Monde mais, en renouvelant mes perceptions et projets selon les injonctions de l’Esprit saint.

Ma Foi non prosélyte me donne la Force de vivre toujours contre vents et marées.

Les tempêtes ne m’ont jamais fait sombrer. Je ne suis pas meilleur qu’un autre, au contraire.

Mais le fait de vivre réellement de la  vie même du Christ. Me revivifie au quotidien.

Comprenez, Il est ma source limpide dans laquelle je vois les signes qu’il me montre pour aller de l’avant. Beaucoup d’athées ne comprennent pas cette dimension de mon être à la fois libertaire et chrétien. La Vérité vous rendra Libres. Je n’ai jamais évangélisé un seul gamin que j’ai rencontré. Je considère qu’il s’agit d’une violation de conscience. Je Témoigne uniquement par ma Vie. Par les valeurs que je défends les jeunes et moins jeunes savent bien qu’elles me viennent d’ailleurs. Cet ailleurs dans lequel, je me réfugie pour me ressourcer et prier afin de continuer mon Combat spirituel envers une société atteinte de cécité.

 

                                                                Bruno LEROY.

11:48 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (1) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |