Il me souvient des jours heureux. (28/08/2015)
Apprendre que tes yeux se fermeront définitivement dans quelques jours. Cela me donne froid dans le dos même si je savais que tes jours étaient comptés, Papa !
Hier soir, je t’ai dit je t’aime dans ce semi-coma dans lequel tu sommeilles. Et tu m’as répondu moi aussi avec une telle évidence que j’en fus surpris.
Comme chantait Georges Brassens : et c’est la mort, la mort, toujours recommencer…
Il est vrai, que je partirai aussi d’une autre façon sûrement. Et ces instants doivent être vécus telles des leçons de vie.
Ce que je retiens de mes journées silencieuses auprès de toi, c’est la force du combat pour la vie et le lâcher-prise lorsqu’il n’est plus possible de lutter.
Un homme qui va mourir nous éduque parfois plus à la vie que les vivants eux-mêmes.
Tu me donnes encore cette perception du courage en toutes circonstances.
Bien-sûr, mon cœur est inondé de larmes et ne peut plus pleurer tant il est dans ce désert sans soleil qui illustre ses jours.
Bien-sûr, mon existence est comme arrêtée à l’horloge du temps. Ce temps suspendu qui annoncera l’inéluctable.
Bien-sûr, je prie pour que ton départ soit un fleuve serein au milieu d’une forêt chantante.
Bien-sûr, chaque instant est habité de ta présence et de ton souffle qui s’éteint.
Bien-sûr, il m’arrive de regarder le destin avec tristesse, angoisses et incompréhensions.
Souviens-toi des Vacances lorsque j’étais enfant, tu me faisais découvrir les merveilles de la Nature ? Toi qui aimais les fleurs, les arbres, la terre car, ton père était cultivateur.
Ton amour des champs à labourer, du blé, des roses, était atavique et rien ne pouvait t’empêcher de cultiver ton jardin. Que dis-je ton paradis. Ton Eden secret.
Ah ! il me souvient des jours heureux où tu nous emmenais découvrir de nouveaux parfums aux paysages qui t’émerveillaient. Maman préférait la mer et tu étais simplement enchanté de partager l’immensité de l’eau à ses côtés.
Tu n’as de cesse que de donner du bonheur aux autres. Ton bonheur était notre bonheur. Tu aimais rire à gorge déployée sur les énormités de tes contemporains tels des clowns pour te détendre.
Tu étais la Force et la Vie.
Je n’ai jamais rencontré après toi, une personne aussi joyeuse de vivre. Et quand, des amis te voyaient ils se demandaient de quelle philosophie était issue un tel Bonheur de vivre et ce, en toutes circonstances. Je leur répondais que tu étais un grand vivant. Tu pleurais quand il fallait pleurer. Tu criais quand la colère éphémère te prenait. Et tu riais de tout ton soûl lorsque la situation s’y prêtait.
Tant de souvenirs reviennent à la surface de ma mémoire.
Que penses-tu dans ton lit à l’aube de la camarde ?
Que rêves-tu la nuit quand tout s’assombri ?
Et ce corps qui fut si fidèle au point qu’il ne vit jamais de médecin.
Que penses-tu de son infidélité et son désir de te quitter ?
A…Dieu Papa ! Mon existence, tu l’as humée jusqu’à mes études de théologie, puis le séminaire et mes incartades d'éducateur dans les banlieues.
Ton adage était que vaincre ses peurs est une preuve de courage. Lorsque j’étais avec des jeunes violents, tu me questionnais sur les raisons qui me portaient à ne pas avoir peur.
Et je te répondais invariablement que l’amour chasse la crainte.
Tu avais une peur bleue de la violence, c’est tout.
Tu étais l’amour incarné et le dévouement personnifié. Tu n’aimais pas les bagarres physiques, c’est tout !
Tu sais, Papa, lorsque tu seras parti, il manquera toujours quelqu’un de précieux dans ma Vie.
Bruno LEROY.
19:08 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |