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Vaincre la misère au quotidien... (06/10/2005)

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« Je fais tout ce que je peux, mais j’ai l’impression que rien ne change ». Tel est l’amer constat de monsieur B., retraité et bénévole dans une association d’entraide. Chaque jour, lui et d’autres se mobilisent pour que des personnes ou familles très pauvres puissent bénéficier de nourriture, d’un logement ou d’un hébergement provisoire, d’aide pour les transports, etc. Chaque jour, il s’efforce avec d’autres d’apporter soutien amical, chaleur humaine, présence précieuse à l’occasion d’innombrables et épuisantes démarches aux quatre coins de la ville où il habite. Et plus les jours passent, plus il découvre l’étendue et la profondeur de la misère.

Que faire si nous voulons, non pas soulager cette misère mais la détruire ? Car telle est bien l’attente des personnes et familles qui la subissent : pas seulement être aidées matériellement, pas seulement voir les mesures prises à leur égard s’améliorer – ce qui, bien évidemment est nécessaire et demande notre action – mais voir disparaître cette misère qui les écrase, eux et leurs enfants. Pour répondre à cette attente, sommes-nous suffisamment convaincus que la grande pauvreté est une atteinte inacceptable à la dignité humaine et que cela nous enjoint de la combattre sans merci ?

Le bénévolat ne dispense pas de l’engagement civique.

L’engagement civique, c’est, par exemple, interpeller sa municipalité sur les logements sociaux qu’elle ne construit pas, alors qu’elle en a les moyens et que la loi l’y oblige. C’est soutenir son maire lorsque celui-ci veut installer une aire pour les gens du voyage, alors que d’autres habitants s’y opposent. C’est réagir lorsque des personnes très marquées par la précarité sont traitées sans égard. C’est refuser l’amalgame scandaleux entre la pauvreté et la violence, entre précarité et insécurité, entre bénéficiaire du RMI et profiteurs. C’est interroger son parti politique, ses élus, son syndicat… sur la façon dont ils prennent en compte ceux qui n’ont pas de travail, surtout les jeunes, et les presque 5 millions de personnes (en France) qui vivent avec des revenus inférieurs au seuil de pauvreté.

Si des milliers et des milliers de personnes supplémentaires rejoignaient celles déjà mobilisées sur cette voie de l’engagement civique, nous obligerions la société à changer. Nous pourrions alors, avec les très pauvres, comme partenaires, non pas seulement soulager la misère, mais la vaincre.

Bruno LEROY.

19:45 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (2) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |