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Le Fils de l'Homme s'est livré librement. (18/06/2009)

La Passion selon saint Jean est d'un réalisme frappant. L'apôtre qui a suivi le Seigneur jusqu'aux derniers instants de sa vie terrestre est le seul à nous révéler les détails si bouleversants que nous venons d'entendre. Ils sont criants de vérité, et ils nous disent l'intensité du drame dans sa dimension spirituelle.

Le Fils de l'Homme s'est livré librement, il a donné sa vie en rançon pour acquérir notre liberté. La mort et le péché ont cru trouver dans ces instants l'occasion inespérée d'affermir leur pouvoir en tuant la seule menace à leur empire de ténèbres. Car la mort ne supporte pas la force de la vie : le dynamisme de la vie, sa beauté, sa créativité, sa fécondité, sont insupportables à celle qui ne peut que détruire. Le prince des ténèbres s'est jeté voracement sur le Dieu assumant la faiblesse humaine, et il s'est imaginé capturer définitivement l'humanité dans son esclavage. La victoire lui semblait acquise, un constat de décès devait la couronner. Quelques soldats sont dépêchés pour cela. Ils brisent les jambes des brigands condamnés avec le Seigneur, pour hâter leur mort. Jésus, lui, ne respire déjà plus. Mais le bourreau ne permettra pas d’ensevelir un crucifié qui n’a pas été percé ; c'est donc avec une lance que l’on signe l'avis de décès de Jésus.

Contre toute attente, ce fut la révélation d'une source de vie. Le corps de Jésus, même mort, est source de vie ! A l'instant où l'Ennemi crut sa victoire totale, jaillit la source qui ne tarira jamais. À l’instant où le démon pensait que l’humanité tout entière sombrait, s’ouvrait, béant, le refuge des pécheurs. La blessure ouverte du Cœur de Jésus jamais ne se fermera. En laissant transpercer son Cœur, Jésus nous enseigne que l'amour qu'il nous porte est vie, vie surabondante et intarissable. Cet événement choquant et violent ne peut être expliqué que par la folie de l'amour de Dieu pour les hommes. Il a souffert sa Passion jusqu'au bout, le bois de sa croix pesait de tous nos péchés, le bois du supplice déchirait de tous nos mépris de Dieu. Mais aussi nombreux soient-ils, aussi grands soient-ils, l'ensemble de tous nos péchés ne pouvait venir à bout de l'amour miséricordieux de notre Seigneur. Après avoir aimé jusqu'à la dernière goutte de sang, ce cœur a choisi d'être ble ssé pour nous ouvrir aux dimensions de l'infini de la Miséricorde.

Cette eau jaillissant de la fontaine de vie purifie nos cœurs. Elle fait taire les bruits incessants de nos bonnes raisons de ne pas aimer et laisse résonner les promesses de jadis : « j'ai aimé Israël dès son enfance. Je l'ai appelé mon fils. C'est moi qui lui ai appris à marcher, le soutenant de mes bras ». Ce cœur blessé déchire la nuit de nos tiédeurs et réveille la chaleur première de notre alliance avec le Seigneur. Et il nous interpelle : « qui aimera l'amour ? » Oserons-nous nous abandonner ? Oserons-nous nous laisser étourdir par la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur abyssales de l'amour de Dieu ?

Alors que nous étions encore ses ennemis, Jésus-Christ nous a ouvert son cœur. Il nous a ouvert les portes du Ciel, pour que nous puissions « accéder auprès de Dieu en toute confiance ». Nous avons été libérés de nos anciens esclavages. Avançons-nous donc joyeusement, dans l'action de grâce. Laissons-nous recréer par la Miséricorde qui se donne et se vit dans le sacrement de la réconciliation avec le Dieu trois fois saint.

Approchons-nous de la table eucharistique où ce Cœur se donne en nourriture pour fortifier l'homme intérieur et nous transformer en lui. Alors, enfin, nous connaitrons « l'amour du Christ qui surpasse tout ce qu'on peut connaître ».


Frère Dominique.

 

22:28 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |