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Accueillir une vie que nous ne possédons pas encore. (11/04/2010)

Un notable parmi les Juifs vient trouver Jésus « de nuit » - symbole des ténèbres qui enveloppent notre humanité avant d’avoir reçu l’illumination de la grâce. Ce fils d’Abraham voit les « signes » que Notre-Seigneur accomplit et qui témoignent indubitablement de la présence agissante du Tout-Puissant ; il « sait » que c’est « de la part de Dieu » que ce Rabbi délivre son enseignement. Le pluriel « nous savons » suggère même que le groupe des chefs religieux auquel il appartient est unanime sur ce point : « aucun homme ne peut accomplir les signes que tu accomplis si Dieu n’est pas avec lui ». Mais contrairement à ses collègues du Sanhédrin qui disqualifient a priori celui qu’ils considèrent comme un rival, Nicodème vient rencontrer Jésus dans l’espoir de pouvoir discerner son identité profonde.
« En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d'en haut, nul ne peut voir le Royaume de Dieu ». La question implicite de Nicodème porte sur la personne de Notre-Seigneur, et celui-ci le renvoie vers un « Royaume » qui se donnerait à « voir » - c'est-à-dire à connaître – que sous certaines conditions. L’identité véritable de Jésus ne se révèle donc qu’à condition de « naître » à une mystérieuse réalité nouvelle, c'est-à-dire d’accueillir une vie que nous ne possédons pas encore et qui nous vient « d’en haut ». La tournure de la phrase suggère une opposition avec notre vie naturelle, qui viendrait donc « d’en bas », de cette terre, qui est encore entre les mains du Prince de ce monde.
« Comment un homme peut-il naître, étant vieux ? Peut-il une seconde fois entrer dans le sein de sa mère et naître ? » Comme seule réponse, Jésus réitère avec insistance la même exigence, tout en précisant ce que signifie « naître d’en haut » : « En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d'eau et d'Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu ». Curieusement, dans l’analogie utilisée par Jésus pour décrire cette nouvelle naissance, il semble qu’il y ait deux principes : « l’eau » et « l’Esprit », tous deux étant nécessaires pour nous engendrer à la vie nouvelle. Ce mystère s’éclaircira tout au long du quatrième Evangile, dans l’annonce progressive de la venue de l’Esprit Saint, qui introduira les disciples « dans la vérité toute entière » (Jn 16, 13). Plongés avec le Christ dans les grandes « eaux » purificatrices de sa mort, nous sommes appelés à ressusciter avec lui dans le souffle de « l’Esprit ». Tout cela sera l’œuvre exclusive de Dieu lui-même, comme l e suggère l’utilisation de l’expression « naître d’en haut », qui évite de nommer Dieu tout en le désignant sans ambiguïté.
Cette nouvelle naissance, nous l’avons reçue le jour de notre baptême : ce jour là, nous sommes réellement nés du germe incorruptible de la Parole de Dieu et du Souffle de l’Esprit de sainteté. Mais cette vie divine ne peut se développer en nous que dans la mesure où nous lui laissons poser les actes qui correspondent à son dynamisme propre. Ce qui implique que nous renoncions à diriger notre existence selon les principes naturels qui la gèrent habituellement : notre intelligence et notre volonté ont à renoncer non pas à leur exercice propre, mais à leur autonomie, pour entrer en synergie avec la grâce. Naître d’en-haut, consiste à ouvrir notre intelligence à l’illumination du Verbe, à fortifier notre volonté dans le Feu de l’Esprit Saint, de sorte qu’en chacun de nous se réalise la parole de Paul : « Ce n’est plus moi, mais le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20). Seule une telle synergie de la nature et de la grâce peut porter du fruit pour le Royaume.


Père Joseph-Marie.

20:53 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |