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LES RISQUES DE LA CAFÉINE...? (11/03/2006)

Certaines personnes sont plus menacées que d'autres par les effets de la caféine sur le coeur: les amateurs de café porteurs d'un gène spécifique capable de prolonger ses effets dans l'organisme, courraient en effet plus de risque d'infarctus que les autres, selon une étude costaricaine publiée mercredi aux Etats-Unis.

L'enquête conduite par des chercheurs de l'école de santé publique de Harvard et de l'Université de Costa Rica est parue dans le Journal de l'association médicale américaine (JAMA). Elle porte sur plus de 4 000 Costaricains.

Ces résultats, encore préliminaires, pourraient expliquer les conclusions contradictoires des études précédentes relatives aux effets de la caféine sur le système cardio-vasculaire, a déclaré Ahmed El-Sohemy, co-auteur de l'étude (Université de Toronto).

Environ la moitié des participants possédaient cette particularité génétique et étaient en conséquence considérés comme de «lents métaboliseurs de caféine»; l'autre moitié qui possédait la caractéristique inverse, et avait donc la faculté de métaboliser rapidement la caféine, voyait ses risques de maladies cardio-vasculaires réduits.

Parmi les métaboliseurs lents, le risque d'infarctus non mortel chez ceux qui buvaient deux tasses de café ou plus par jour était supérieur de 36% à celui du groupe des petits ou non-buveurs. Des risques encore plus élevés ont été constatés chez les buveurs de café de moins de 50 ans, près de quatre fois plus susceptibles de faire un infarctus que les jeunes peu ou non adeptes du café.

La caféine semble s'opposer aux effets d'une substance qui fournit de l'énergie au coeur et qui pourrait protéger le tissu cardiaque de lésions.

Par le passé, des études rapidement contredites par d'autres ont établi un lien entre consommation de café et augmentation du risque cardiaque. Bien qu'il n'y ait aucune preuve de l'effet de la caféine sur une élévation à court terme de la tension artérielle, une étude a souligné en 2005 qu'elle n'entraînait pas non plus d'hypertension à long terme, du moins chez les femmes.

«Dans l'avenir, nous allons peut-être établir de nouvelles recommandations basées sur le profil génétique», a déclaré Ahmed El-Sohemy. Rester éveillé toute la nuit si vous buvez du café l'après-midi ne signifie pas que vous soyez un métaboliseur lent, et le test génétique qui pourrait répondre n'est utilisé que pour la recherche, at-t-il souligné.

L'étude a été réalisée sur 2 014 hommes et femmes âgés de 58 ans en moyenne, victimes d'un infarctus non mortel entre 1994 et 2004, et sur un groupe de contrôle de 2 014 personnes en bonne santé. Des analyses génétiques de sang ont permis de distinguer les métaboliseurs lents des rapides. La prévalence des deux types est comparable dans le reste de la population mais varie dans le monde.

«L'étude ne dit pas qu'il ne faut plus boire de café, mais que boire plusieurs tasses par jour est probablement excessif pour certains», explique le Dr Nieca Goldberg, porte-parole de l'Association américaine du coeur.

Et même si ces résultats sont confirmés, la caféine joue probablement un rôle moins important que les facteurs classiques de risque cardiaque comme l'hypertension artérielle, le cholestérol et le tabagisme.

11:55 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (2) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |