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REPOSONS-NOUS AVANT LA MORT ! (22/03/2006)

Ce que je vais vous narrer me paraît d’une extrême importance pour ceux et celles qui mettent leur ministère au service des autres. Pour mieux comprendre, il faut remonter à la source. Comme je l’ai souvent écrit, je suis éducateur pour jeunes délinquants. Durant 27 ans, maintenant, je n’ai vécu que pour ma mission au service de ces jeunes paumés. Je ne comptais pas les heures au cadran de mon coeur.

Il m’arrivait d’effectuer 20 heures par jour pour répondre à toutes les problématiques de violence, de tentative de suicide etc. Le mot repos, ne faisait pas partie de mon dictionnaire et de ce fait, je ne me suis pas même vu vieillir. Tant que la machine de mon corps marchait, tout allait pour le mieux. A côté des heures de travail, j’avais une vie saine, équilibrée avec quelques conférences pour Témoigner des souffrances des ados, un peu dans le monde entier...

Puis, un matin, alors que rien ne présageait ce qui allait advenir, j’eus l’impression de faire une migraine. Mon bras gauche ainsi que tout le côté était comme engourdis. Je ne pensais pas alors que j’étais victime d’un accident cérébral qui rendrait la partie gauche de mon corps définitivement insensible. Puis, vinrent les examens, les hospitalisations pour confirmer que mon corps ayant vécu en sur-régime, une montée de tension avait détruit des vaisseaux du cerveau. Selon, les médecins ce n’est qu’une alerte qui en appelle une autre.

Enfin, selon eux mes jours sont limités dans le temps...Actuellement, je continue de travailler avec mon handicap et seul le regard de mon équipe a changé. Les Jeunes souffrants ont cette capacité d’Amour envers leur éducateur qui les a sortis de la mouise, qui m’a toujours surpris. Les Administrations sont sans pitié, elles me demandent purement et simplement de me retirer sans tenir compte des problèmes humains que cela engendrerait. J’ai ralenti mes heures et prends plus de repos tout en faisant encore 16 h par jour.

Ayant un caractère entier, je n’ai jamais voulu m’avouer vaincu. Un défaut, une qualité qui me permet de rester debout, je ne sais ! Toutes professions demandent une capacité physique dont le système de productivité ne nous fait guère échapper. . Mon métier d’éducateur de rue, demande une forme physique et mentale à toutes épreuves. Si, j’écris ces mots, Frères et Soeurs, ce n’est point pour pleurer sur moi-même. Mais, pour attester que l’Esprit-Saint a la sagesse de nous donner des conseils que nous devrions appliquer dans nos vies. Refuser de se sentir indispensable pour autrui et s’accorder du repos. Accepter l’échec comme un tremplin vers des réussites possibles. Et prier dans la profondeur du Silence intérieur pour entendre Dieu nous dire qu’Il nous Aime par-delà le temps et que nous ne sommes pas irremplaçables. D’autres peuvent continuer la mission entamée.

Vous savez, Frères et Soeurs en Christ, si les chrétiens étaient de réels amoureux de la Vie ; les Jeunes désespéreraient moins. Nous sommes de moins en moins présents dans les lieux de souffrance. Alors que les plus pauvres nous évangélisent somptueusement.

Soyons des combattants de l’Amour et de l’Espérance en prenant le temps de nourrir notre espace intérieur. Tout dans cette société est programmé pour tuer notre intériorité. Ne faites pas, comme moi : à vouloir trop donner, on ne possède plus rien !. Donnez un peu de temps aux autres et ressourcez-vous dans la prière pour donner du temps à Dieu.

Ce n’est point de la morale, c’est juste le conseil d’un Frère qui est aujourd’hui, en partie paralysé, car il pensait que sauver les autres était plus important que se sauver soi-même.

Puisse l’Esprit-Saint vous inspirer de sages conseils que je n’ai pas suivi, estimant en mon for intérieur, que j’étais nécessaire dans la grande machinerie du monde !

Bruno LEROY.

11:13 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (5) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |