Combattre cette fausse image de Dieu. (30/11/2013)
J’entends encore souvent cette question ; pourtant, j’avoue avoir un peu de mal à la comprendre car je n’ai pas été élevé dans la « religion de la culpabilité ».
Je sais bien qu’autrefois, on disait aux enfants – et aux adultes aussi, qu’on traitait alors un peu comme des enfants – que Dieu, « le Père Tout-Puissant », voyait tout du haut du grand balcon du ciel et qu’il notait dans un grand livre tous nos péchés pour mieux nous faire expier nos fautes au grand jour du « Jugement dernier »
C’était le temps où les prêcheurs parlaient davantage de l’enfer que de l’amour et où Dieu ressemblait davantage à un « garde chiourme » qu’à un Père plein de tendresse ! J’ai connu un vieux monsieur qui, pendant des années, n’a pas osé lever la tête au moment de l’élévation de l’hostie par le prêtre, lors de la consécration.
On lui avait appris que c’était une faute très grave. Il ne fallait pas regarder la mystérieuse transformation du pain… Un jour, pourtant, cet ami, s’est rebellé : il a levé le front, regardé le pain eucharistique et les foudres ne lui sont pas tombées dessus !
Je crois que cet homme a eu raison d’agir ainsi ce jour-là car, en brisant la fausse image d’un Dieu « gendarme », il a commencé son chemin de libération et sa marche vers un Dieu de l’Amour ! Pour être tout à fait franc : je crois que Dieu se fiche éperdument de noter la liste de nos péchés dans son vieux registre ! Car, pour lui, le mot « péché » ne s’écrit pas au pluriel, mais toujours au singulier. La liste de nos fautes ennuie prodigieusement Dieu ! Le seul « péché » qui le touche et l’attriste, c’est notre lenteur à aimer, notre désinvolture devant la seule grande affaire de notre vie : l’Amour !
Nous faisons si souvent le même constat que St Paul : « Ce que je veux, je ne le fais pas ; et ce que je ne veux pas, je le fais » ! Je ne crois pas que le rôle de la religion catholique soit de nous culpabiliser : un Dieu qui, sans cesse, nous plongerait dans les ornières boueuses de notre culpabilité (culpabilité inhérente à notre condition humaine, comme l’a très bien montré la psychanalyse) serait un Dieu pervers… Dieu ne veut pour nous qu’une chose : notre bonheur !
Et Jésus, pendant sa vie terrestre, a passé son temps à tendre la main aux pécheurs, aux prostituées, aux collecteurs d’impôts… La seule religion qui vaille est celle qui propose le visage d’un Dieu qui relève, qui met debout, qui « sauve » ; pas un Dieu qui condamne, pas un Dieu « très haut » et hautain mais un Dieu « très bas » (selon la belle expression de Christian Bobin) c’est à dire un Dieu toujours proche de l’homme et de ses fragilités ; un Dieu qui nous aime : qui que nous soyons et quoi que nous ayons fait. « Dieu est assez grand pour faire de nos erreurs mêmes, une vocation ! » disait Emmanuel Mounier…
Bruno LEROY.
20:22 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (4) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
Commentaires
Quelle magnifique façon de voir les choses et de les exprimer. C'est tellement ce que je ressens et dont je n'ai jamais trouvé les mots pour l'exprimer. Et des conversations que j'ai avec ceux qui ont perdu la foi, c'est une des plus grandes questions qui revient à chaque fois. Et ce, depuis des années, parmi d'autres bien sûr. Alors, je ne manque pas de prendre cela en exemple et de conserver ton texte, Bruno. Il m'apparaît comme une Bénédiction ! Nos vies tellement courtes ici-bas sont plus passées à défendre nos opinions qu'à réellement mettre tout en oeuvre pour appliquer à donner chacun le Meilleur de nous-mêmes, selon nos possibilités. Merci encore. Bien à toi. MN *
Écrit par : Carpriau Marie-Noëlle | 01/12/2013
En revanche la société, elle, impose la culpabilité, au moins du plus grand nombre.
Écrit par : Lapinos | 06/12/2013
Je te remercie Marie-Noëlle pour ton message élogieux mais, tu sais, je ne fais que retranscrire la Foi qui m'anime, c'est-à-dire me donne une âme : pour comprendre, respecter, aimer et saisir les problématiques de la vie avec les yeux de l'Esprit. Pour cela, il faut prier, prier...toujours et encore !
Je te souhaite une Belle Journée et sache que toutes mes pensées et prières t'accompagnent chaque jour que Dieu fait.
Je t'embrasse bien Fraternellement, Bruno.
Écrit par : Bruno LEROY. | 06/12/2013
Si la société impose la culpabilité, Cher Lapinos, seules les convictions et les valeurs fortes peuvent dépasser ce stade où la conscience n'écoute que celle des autres.
Il faut au contraire être à l'écoute de notre propre conscience pour discerner nos actes et nos paroles qui nous meuvent dans l'existence.
Au risque parfois de se tromper !
Mais, culpabiliser c'est indirectement ne pas vouloir que nos pensées, nos convictions de paix, d'amour, de respect, de tendresse...ne prennent pas vie. Courage, il faut franchir des murs avant de revoir le soleil dans sa plénitude.
La société a toujours craint la liberté intérieure, en cela elle se protège contre des hommes ou des femmes qui désirent affranchir leurs idées envers et contre tout. Il ne faut pas tomber dans ce piège de culpabilisation qui paralyse toutes actions.
De tout coeur avec Vous !
Bien Fraternellement, Bruno.
Écrit par : Bruno LEROY. | 06/12/2013