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LA CORRECTION FRATERNELLE. (25/06/2006)

« Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés ». Avouons que par nature, nous
sommes plus portés à juger les autres qu’à corriger nos propres défauts.
L’image de la paille et de la poutre utilisée par Jésus explicite bien cela
: « Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la
poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? […] Esprit faux !
Enlève d’abord la poutre qui est dans ton œil, alors tu verras clair pour
retirer la paille qui est dans l’œil de ton frère. »

Avant de juger, il s’agit donc de nous convertir. Si j’accepte d’abord de
voir et d’enlever la poutre qui est dans mon œil alors peut-être que je
pourrais discerner la paille qui est dans l’œil de mon frère. Mais je dois
d’abord enlever la poutre qui est dans mon œil. Autrement dit, quand je vois
quelque chose qui ne va pas, qui ne me semble pas juste chez mon frère,
avant de lui dire quoi que ce soit, je dois d’abord m’interroger sur ce qui
chez moi pourrait aussi ne pas être droit et ajusté.

« Ne pas juger » ne veut dire qu’il faille se taire sur ce qui va mal chez
mon frère, ce qui reviendrait à le laisser enfermer dans son péché. Non, «
ne pas juger » signifie ne pas faire l’économie de sa propre conversion
avant de porter un discernement sur ce qui est mal chez mon frère. C’est
même la condition indispensable pour que mon jugement revête un caractère
d’objectivité et surtout qu’il soit empreint de miséricorde. Il n’y pas de
jugement sans miséricorde ou pour reprendre les paroles de Jean-Paul II, : «
Il n’y a pas de justice sans pardon ».

Les paroles de Jésus sont claires : s’il y a une paille dans l’œil de mon
frère, il y a aussi une poutre dans le mien. Ce n’est pas une éventualité,
c’est un fait affirmé par notre Seigneur. Autrement dit, nous risquerions
fort bien de souffrir des mêmes maux que nos frères. Voilà pourquoi « le
jugement que nous portons contre les autres » –concernant telle ou telle
faute – « sera porté aussi contre nous » - puisque nous-mêmes la commettons.


Autrement dit, Jésus nous invite à nous inscrire nous-mêmes dans le champ
d'application des condamnations que nous portons sur nos frères. C’est cela
le début de la conversion.

Jésus fait ressortir également la démesure de nos jugements : « La mesure
dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous ». Il est vrai
que nous sommes très habiles à nous trouver des circonstances atténuantes
pour justifier nos égarements, alors que nous demeurons d'une intransigeance
froide pour les écarts de notre prochain. Une question à nous poser
peut-être ici serait la suivante : « Serais-je prêt à recevoir la correction
fraternelle du prochain que je reprends ? »

Jésus ne nous défend donc pas d’exercer la correction fraternelle mais il
nous appelle à purifier notre intention. Quel est le souci qui m’habite
lorsque je veux corriger tel ou tel ? Le désir de sa sanctification ? En
tout cas, ma parole pour lui n’aura de poids et ne le portera à changer que
dans la mesure où elle sera animée par l’humilité de me savoir aussi pécheur
que lui et aussi nécessiteux que lui de la miséricorde divine.

« Seigneur Jésus, donne-nous la grâce de reconnaître avec réalisme nos
pauvretés et nos égarements. Alors la correction fraternelle que nous
exercerons envers notre prochain n’aura pas le goût de l’orgueil mais celui
de l’humble devoir de la charité fraternelle qui seule est capable de nous
conduire au Royaume de Dieu. »

Fr. Elie

17:39 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |