Les prophètes de Dieu. (05/07/2006)
La liturgie de ce jour se construit autour des difficultés éprouvées par le
prophète dans son ministère de prédicateur. Rien ne garantit qu’il sera
écouté, bien au contraire : le Seigneur l’avertit ouvertement des
difficultés qui l’attendent, car le peuple auquel il est envoyé est «
rebelle, ses fils ont le visage dur et le cœur obstiné » (1ère lect.). Mais
« qu’ils écoutent ou qu’ils s’y refusent », l’important est « qu’ils sachent
qu’il y a un prophète au milieu d’eux ». Le prophète a la mission redoutable
d’incarner la conscience du peuple qui s’est révolté contre son Dieu, mais
que celui-ci désire appeler à la conversion. La Parole que le prophète doit
prononcer de la part du Seigneur, veut éveiller la mémoire de l’Alliance en
vue de ramener le peuple à sa fidélité des origines, permettant ainsi à Dieu
de le bénir à nouveau. Rares cependant sont les prophètes dont la parole a
été accueillie avec joie et reconnaissance : la plupart d’entre eux ont
plutôt été persécutés, car leur dénonciation du péché dérange, leur exigence
de conversion incommode. Nous ignorons ce que Jésus a pu enseigner dans la
synagogue de Nazareth ; Saint Marc se concentre plutôt sur la description de
la réaction de l’auditoire : « Ils étaient profondément choqués à cause de
lui ». Certes les concitoyens de Jésus reconnaissent sa sagesse et sont bien
obligés de constater qu’il opère de « grands miracles ». Mais ils refusent
d’envisager que le Très-Haut puisse s’abaisser à agir à travers « le
charpentier » de leur village, qui a grandi au milieu d’eux, au sein d’une
famille qu’ils côtoient journellement. Aussi se posent-ils avec inquiétude
la question de la provenance des dons extraordinaires qu’il déploie -
laissant par le fait même supposer qu’ils pourraient bien être d’origine
diabolique. Dans un tel contexte, entouré d’une telle suspicion, Jésus ne
peut accomplir aucun miracle notoire : le manque de foi de ses concitoyens
empêche ceux-ci d’accueillir la grâce divine. Seules « quelques guérisons »
marquent le passage du Sauveur dans sa ville natale.
ACTUALISATION
La seconde lecture nous rappelle que le prophète a à combattre non seulement
contre des ennemis extérieurs, mais aussi contre des ennemis intérieurs tout
aussi redoutables : l’envoyé de Dieu ne connaît décidément pas de repos !
Paul a beau supplier le Seigneur de le délivrer de cette mystérieuse «
écharde dans sa chair » : rien n’y fait. Il semble même que cette pauvreté
fasse partie de la condition du prophète : il est indispensable qu’il
paraisse faible devant ses interlocuteurs, afin qu’il soit clair aux yeux de
tous que la puissance qui se déploie à travers lui, ne vient pas de son
propre fond, mais de Dieu (cf. 2 Co 4, 7). Bien plus : c’est même dans la
mesure où il accepte de se vider de lui-même en consentant aux « insultes,
persécutions, situations angoissantes », que le prophète permet à « la
puissance du Christ d’habiter en lui » et d’accomplir à travers lui ses
œuvres.
L’image du prophète qui ressort des lectures de ce jour est celle d’un homme
purifié au creuset des épreuves - extérieure et intérieure - qui s’en remet
totalement entre les mains de Dieu, gardant « les yeux levés vers le
Seigneur son Dieu, comme les yeux de l’esclave vers la main de son Maître »
(Ps 122). La raison pour laquelle il y a si peu de prophètes de nos jours,
ne serait-elle pas que l’humilité est morte ? Quant à ceux qui exercent
courageusement ce ministère, et proclament la Parole contre vents et marée,
qui donc les écouterait ? Comment notre culture hyper-individualiste, qui ne
jure que par l’autonomie et la tolérance, accepterait-elle d’entendre un
appel à la repentance ? Qu’importe : souvenons-nous de la parole de bon sens
de Sainte Bernadette à son curé qui refusait de donner foi à ses propos : «
Je ne suis pas chargé de vous le faire croire, mais de vous le dire ! », et
poursuivons paisiblement l’œuvre d’évangélisation que le Seigneur nous a
confiée.
Joseph-Marie +
10:28 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (2) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
Commentaires
PSAUME 34:8 ... le prophète peut être haï mais reste protégé
Écrit par : maranatha | 05/07/2006
Je vous remercie pour cette précision Biblique et source d'information.
Très Fraternellement, Bruno.
Écrit par : BRUNO LEROY. | 05/07/2006