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LA GÉNÉROSITÉ DE DIEU. (22/08/2006)

Dans la parabole rapportée par Matthieu dans l’évangile, Jésus présente le Règne de Dieu comme le maître d’un domaine qui va embaucher des ouvriers pour sa vigne : « Le Royaume de Dieu est comparable au maître d’un domaine qui sortit au petit jour afin d’embaucher des ouvriers à sa vigne. » Seuls les premiers sont embauchés sur un contrat précis ; aux autres il est uniquement certifié qu’ils recevront ce qui est juste. Aux derniers rien n’est précisé, sinon d’aller eux aussi à la vigne. Vient le soir et le moment de rémunérer chacun. Le Maître ménage alors l’effet de surprise en commençant par payer les derniers ouvriers, à qui il donne une pièce d’argent, c’est-à-dire ce qui correspond au salaire d’une journée de travail, pour terminer par ceux qui ont commencé à l’aube, et qui reçoivent eux aussi le même salaire. Un sens naturel de la justice nous porterait à penser que les ouvriers qui ont supporté le poids de toute la journée devraient recevoir plus que ceux qui ont travaillé seulement quelques heures. Mais si nous considérons les choses de plus prêt nous voyons qu’il n’y a aucune injustice dans l’attitude du maître. Celui qui a travaillé toute la journée a reçu ce qui lui avait été promis : « une pièce d’argent ». Du coup, donner le même salaire tant à celui qui a travaillé une heure qu’à celui qui a travaillé onze heures n’est pas injustice mais pure générosité.

Apparaît ici en pleine lumière la gratuité de l’Amour de notre Seigneur qui surpasse de loin les mérites humains. Cet amour parce qu’il est divin est un et ne peut se diviser. C’est la symbolique qu’ont retirée les Pères de l’Eglise de l’unique pièce d’argent distribuée à chacun. L’Amour de Dieu est infini et inconditionnel. Dieu n’est pas un comptable qui, en fonction de nos mérites, nous donnerait plus ou moins part à sa vie éternelle. Quand il donne la vie, il donne tout parce qu’il se donne. Il ne peut faire autrement parce que c’est sa nature de se donner et de ne rien retenir pour lui. Et cela, il le fait sans condition parce qu’il est pure gratuité, pur don.
En outre, cet amour a comme finalité la vie de celui à qui il est destiné. En effet, une pièce d’argent était, à l’époque, le minimum qui permettait à une famille de vivre. En donnant cette somme à chacun, le maître manifeste qu’il se montre plus inquiet de la vie de ses ouvriers que de l’application d’une stricte justice distributive. C’est la vie éternelle que Dieu veut donner à chacun de ses enfants et cette vie, qui n’est autre que la vie même de Dieu, ne se partage pas, elle se donne toute entière à chacun.

La bonté et la générosité de notre Seigneur se révèlent aussi dans une patience infatigable qui prend le temps de nous inviter sans cesse à l’accueillir et ce jusqu’à la dernière seconde de notre vie. Le maître sort jusqu’à la dernière heure pour inviter à venir travailler à sa vigne.
Mais la délicatesse de Dieu va encore plus loin. Il souhaite notre participation à la construction de son projet de salut. Il ne veut pas que nous soyons des spectateurs passifs sur la place, que nous demeurions sans rien faire. Il désire que nous soyons des collaborateurs actifs, ouvriers de sa vigne : hommes qui souffrent de la soif et de la chaleur et qui marquent d’un rythme et d’une empreinte chrétienne la société humaine, la vie publique. Il désire que nous adoptions les mêmes mœurs, que nous ayons le même regard et les mêmes pensées que lui vis-à-vis de nos frères en humanité. Il désire que nous travaillions avec lui à inviter tous les hommes à son Royaume éternel. Les derniers arrivés seront tout autant les bienvenus dans la maison du Père que les premiers. Leur place demeure réservée à la Table du Royaume.

Dans cette perspective de construire le Royaume, l’important n’est pas d’arriver à la première ou à la dernière heure. Ce qui compte, c’est de prendre conscience que du moment où nous sommes appelés, notre vie reste définitivement orientée vers le Royaume de Dieu. Si nous sommes arrivés parmi les premiers, notre fatigue contribuera sans doute mystérieusement à faire fléchir les retardataires pour qu’ils s’engagent eux aussi à travailler à la vigne du maître et puissent ainsi avoir part au Royaume éternel.

« Seigneur, nous voulons demeurer greffés sur la générosité infinie de ton Amour. Puissions-nous te trouver davantage en rechoisissant chaque jour de ne pas vivre pour nous mais de travailler au salut de nos frères. Seigneur, tu as voulu que toute la loi consiste à t’aimer et à aimer son prochain : donne-nous de garder tes commandements, et de parvenir ainsi à la vie éternelle. »

Frère Elie

18:03 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |