Hymne au Seigneur, roi de l’univers. (08/09/2006)
Psaume 46.
« Le Seigneur, le Très-Haut, le grand roi sur toute la terre ! ». Cette acclamation initiale est répétée selon des tons divers tout au long du psaume 46. Il se présente comme une hymne au Seigneur souverain de l'univers et de l'histoire : « Dieu est le roi de toute la terre... Il règne, Dieu, sur les païens » (v. 8-9).
Cette hymne au Seigneur, roi du monde et de l'humanité, comme d'autres compositions semblables qui se trouvent dans le psautier (cf. Ps 92 ; 95-98), suppose une atmosphère de célébration liturgique. Nous sommes donc au coeur spirituel de la louange d'Israël, qui monte jusqu'au ciel en partant de la terre, le lieu où le Dieu infini et éternel se dévoile et rencontre son peuple.
La toute-puissance de Dieu
Nous suivrons ce chant de louange joyeuse en ses moments fondamentaux, semblables à deux vagues qui avancent vers la plage de la mer. Ils diffèrent dans la manière d'appréhender la relation entre Israël et les nations. Dans la première partie du psaume, la relation est de domination : Dieu « nous soumet des nations, il tient des peuples sous nos pieds » (v. 4) ; dans la seconde partie, au contraire, la relation est d'association : « Les chefs des peuples se sont rassemblés avec le peuple du Dieu d'Abraham » (v. 10). On note donc un beau progrès. Dans la première partie (cf. v. 2-6), on dit : Tous les peuples, battez des mains, acclamez Dieu par vos cris de joie » (v. 2). Le centre de cet applaudissement festif est la figure grandiose du Seigneur suprême, auquel on attribue trois titres glorieux : « très-haut, grand et redoutable » (v. 3). Ils exaltent la transcendance divine, le primat absolu dans l'être, la toute-puissance. Lui aussi, le Christ ressuscité s'exclamera : « Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre » (Mt 28, 18).
À l'intérieur de cette seigneurie universelle de Dieu sur tous les peuples de la terre (cf. v. 4), l'homme en prière met en évidence sa présence particulière en Israël, le peuple de l'élection divine, « le bien-aimé », l'héritage le plus précieux et le plus cher au Seigneur (cf. v. 5). Israël sent donc qu'il est l'objet d'un amour particulier de Dieu, qui s'est manifesté par la victoire remportée sur les nations hostiles. Au cours de la bataille, la présence de l'Arche de l'Alliance près des troupes d'Israël leur assurait l'aide de Dieu ; après la victoire, l'Arche remontait au mont Sion (cf. Ps 67, 19), et tous proclamaient : « Dieu s'élève parmi les ovations, le Seigneur aux éclats du cor » (Ps 46, 6).
Le Dieu de l’Alliance universelle
Le second moment du psaume (cf. v. 7-10) est ouvert par une autre vague de louange et de chant festif : « Chantez des hymnes pour notre Dieu, chantez des hymnes ; chantez des hymnes pour notre roi, chantez... Que vos musiques l'annoncent » (v. 7-8). Maintenant aussi on célèbre par des hymnes le Seigneur assis sur son trône dans la plénitude de sa royauté (cf. v. 9). Ce siège royal est appelé « saint », parce que l'homme limité et pécheur ne peut s'en approcher. Mais le trône céleste est aussi l'Arche de l'Alliance présente dans la zone la plus sacrée du Temple de Sion. De cette manière, le Dieu lointain et transcendant, saint et infini, se rend proche de ses créatures, s'adaptant à l'espace et au temps (cf. 1 R 8, 27-30).
Le psaume finit sur une note qui surprend par son ouverture universaliste : « Les chefs des peuples se sont rassemblés avec le peuple du Dieu d'Abraham » (v. 10). On remonte à Abraham, le Patriarche qui est à la racine non seulement d'Israël mais aussi d'autres nations. Au peuple élu qui descend de lui est confiée la mission de faire converger vers le Seigneur toutes les nations et toutes les cultures, parce qu'il est le Dieu de toute l'humanité. De l'Orient et de l'Occident, elles se rassembleront alors à Sion pour rencontrer ce roi de paix et d'amour, d'unité et de fraternité (cf. Mt 8, 11). Comme l'espérait le prophète Isaïe, les peuples animés d'hostilité réciproque recevront l'invitation à jeter à terre leurs armes et à vivre ensemble sous l'unique souveraineté divine, sous un gouvernement régi par la justice et la paix (Is 2, 2-5). Les yeux de tous seront fixés sur la nouvelle Jérusalem où le Seigneur « monte » pour se révéler dans la gloire de sa divinité. Ce sera « une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, races, peuples et langues... Et ils proclamaient d'une voix forte : "Le salut est donné par notre Dieu, lui qui siège sur le Trône, et par l'Agneau" » (Ap 7, 9-10).
Jésus, sauveur des hommes
La Lettre aux Éphésiens voit la réalisation de cette prophétie dans le mystère du Christ rédempteur, quand elle affirme, s'adressant aux chrétiens qui ne viennent pas du judaïsme : « Souvenez-vous donc de ce que vous étiez autrefois, marqués comme païens dans votre corps... En ce temps-là, vous n'aviez pas de Messie à attendre, vous n'aviez pas droit de cité dans le peuple de Dieu, vous étiez étrangers aux alliances et à la promesse, vous n'aviez pas d'espérance et, dans le monde, vous étiez sans Dieu. Mais maintenant, en Jésus-Christ, vous qui étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang du Christ. C'est lui, le Christ, qui est notre paix ; des deux, Israël et les païens, il a fait un seul peuple ; par sa chair crucifiée, il a fait tomber ce qui les séparait, le mur de la haine » (Ep 2, 11-14).
Dans le Christ, donc, la royauté de Dieu, chantée par notre psaume, s'est réalisée sur terre à l'égard de tous les peuples. Une homélie anonyme du VIIIe siècle commente ce mystère en ces termes : « Jusqu'à la venue du Messie, espérance des nations, les peuples païens n'ont pas adoré Dieu et ne l'ont pas connu. Tant que le Messie ne les avait pas rachetés, Dieu n'a pas régné sur les nations grâce à leur obéissance et à leur culte. Maintenant, au contraire, Dieu, par sa Parole et son Esprit, règne sur elles, parce qu'il les a sauvées du mensonge et s'en est fait des amies » (Anonyme palestinien, Homélie arabo-chrétienne du VIIIe siècle, Rome 1994, p. 100).
Audience générale du 5 septembre 2001
la documentation catholique, numéro 2256 du 21/10/2001. Rubrique Actes du Pape Jean-Paul II, paru en page 871
Jean-Paul II |
10:13 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |