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Pourtant, la dure réalité est bien là. (23/05/2007)

« Que tous soient un ». Tel est l’appel pressant que Jésus adresse à son Père dans la finale du chapitre 17 de saint Jean proposée à notre méditation dans l’évangile de ce jour. Le vœu de Jésus quant à l’unité de ses disciples est relié à son exemplaire en Dieu par la particule « comme » qui, en grec, peut indiquer une comparaison ou un engendrement : « que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient en nous » (v. 21) ; « qu’ils soient uns comme nous sommes uns : moi en eux et toi en moi » (v. 22). Nous sommes ici dans le deuxième cas de figure. Jésus veut nous montrer que l’unité ne résulte pas d’abord d’un effort humain mais qu’elle a sa source et son fondement dans l’unité même de Dieu. Il n’y a pas d’unité possible entre les hommes si ce n’est par référence à l’unité du “Nous” de Dieu.

Unité ne signifie pas uniformité. Car le Père et le Fils sont à la fois deux et un. Dieu ne cherche donc pas à uniformiser les êtres entre eux. Il veut les faire vivre en communion. L’uniformisation est synonyme de mort. La communion, c’est la vie, l’amour, qui tire son origine de l’amour même du Christ, qui est aussi celui du Père et qui en tant qu’amour conjoint du Père et du Fils est l’Esprit Saint.
La prière adressée par Jésus à son Père pour l’unité de ses disciples est donc un appel à l’Esprit Saint. Dans ce temps de préparation à la fête de Pentecôte, nous comprenons alors la place d’un tel évangile.

Pourtant nulle part dans notre péricope, Jésus ne mentionne ouvertement l’Esprit Saint… Quand on veut aller à l’essentiel d’un discours on se concentre sur sa conclusion. Notre passage s’achève par ces mots : « Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître et je le ferai connaître encore, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et moi en eux » (v. 26). En faisant connaître à ses disciples le nom de son Père, Jésus manifeste que “Père” est le nom qui exprime le plus profondément l’être de Dieu. Mais un père ne peut exister sans fils et les deux ne peuvent subsister sans une relation d’amour qui les unit, laquelle dans le cas de Dieu n’est autre que l’Esprit Saint. Même si cela n’est pas explicité dans le vocabulaire, c’est donc bien l’Esprit Saint, l’Esprit d’amour, que le Fils à la veille de sa passion demande au Père pour ses disciples et pour tous ceux qui croiront en lui.
Jésus demande à son Père que tous ses disciples et tous ceux qui, dans la suite des âges, lui emboîteront le pas soient rassemblés dans une communion vivante. Au chapitre 11 de son évangile, saint Jean nous avait déjà dit que « Jésus allait mourir pour la nation, et non pas pour la nation seulement, mais encore afin de rassembler les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11, 51-52). Autrement dit, le sacrifice de Jésus sur la Croix est la source de l’unité des fils de Dieu. Pour saint Jean d’ailleurs, c’est déjà du haut de la Croix que Jésus souffle l’Esprit sur l’Eglise et lui fait le don de l’unité.

Pourtant, la dure réalité est bien là. Nos divisions intérieures et extérieures nous accablent et nous désolent. Elles contredisent ouvertement la volonté du Christ de rassembler les enfants du Père dispersés. Entre chrétiens, c’est-à-dire entre disciples, ces divisions sont même un scandale pour le monde. Comment rester divisés si par le baptême nous avons été plongés dans la mort et la résurrection du Seigneur, l’acte même par lequel il a détruit les barrières de la haine et de la discorde ! C’est ici qu’il ne nous faut pas oublier que notre communion est avant tout un don à recevoir de Dieu.
Mais Dieu n’agit pas sans nous. Dans cette prière qu’il adresse à son Père à la veille de sa passion, Jésus nous révèle la manière la plus éloquente de dépasser et de surmonter les facteurs de divisions : le don total de nous-mêmes au nom de l’Evangile.

« Seigneur Esprit Saint, introduis-nous dans la communion d’amour du Père et du Fils. Rends-nous participants de la gloire divine. Transformés et illuminés nous pourrons alors porter au monde ce témoignage de paix et d’unité dont il a tant besoin. »

Frère Elie.

21:05 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |