RÉVEILLER NOTRE BON SENS SPIRITUEL. (25/10/2007)
Depuis que l’homme habite cette terre, il s’est exercé à observer les phénomènes naturels, afin de pouvoir anticiper leur évolution. Cette attitude procède non seulement d’une saine curiosité, mais surtout d’une nécessité souvent vitale : pensons aux milliers de vies que nous pourrions épargner si nous pouvions prévoir l’apparition et l’évolution des tempêtes, cyclones, typhons et autres tsunamis ; ou encore si nous pouvions discerner les lieux où s’annoncent des éboulements, avalanches, etc. Le caractère aléatoire des prévisions atmosphériques montre bien que nous sommes loin de maîtriser tous les paramètres qui entrent en jeu dans ce domaine. Les récentes théories du chaos suggèrent même que la complexité du système atmosphérique est telle qu’il est tout simplement vain de prétendre à des prévisions précises à moyen ou long terme. Pourtant nos chercheurs poursuivent leurs investigations - ô combien légitimes - tant l’enjeu est important.
Jésus a sans aucun doute appris de son papa à « juger lui aussi l’aspect de la terre et du ciel ». Mais ce qui l’étonne, c’est que cette attention tout à fait louable aux phénomènes naturels, ne se prolonge pas dans une préoccupation proportionnée pour notre avenir surnaturel. A vrai dire, la réaction de Notre-Seigneur trahit plus que de l’étonnement : l’invective « esprits faux ! » est une mise en accusation vigoureuse de ses interlocuteurs. Si Jésus leur reproche leur hypocrisie, c’est donc qu’ils feignent de ne pas voir ou entendre les signes des temps qui sont pourtant tout aussi manifestes que les phénomènes météorologiques qu’ils savent si bien décrypter. Le livre de la Révélation leur a bel et bien été transmis, et il n’est pas plus obscur que celui de la nature ! Les prophètes ont annoncé clairement les événements qui marqueraient la venue du Messie et l’irruption du Royaume : pourquoi ne les reconnaissent-ils pas ? Ils sont d’autant moins excusables que Jésus a rappelé ces signes annonciateurs dès le début de son ministère : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres et aux aveugles qu’ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits accordés par le Seigneur » (Lc 4, 18-19). D’où vient alors cette résistance, ce refus de « juger le temps où nous sommes », alors que Jésus multiplie devant leurs yeux, les guérisons, les libérations et autres miracles manifestant la venue du Royaume.
Ne nous trompons pas : le reproche que Notre-Seigneur adresse à ses contemporains s’adresse aussi à nous. Serait-ce qu’aujourd’hui comme hier nous avons peur des exigences qui découleraient de la prise de conscience que nous sommes entrés dans les temps derniers ? La politique de l’autruche n’est pourtant jamais payante : nous ne ferons pas l’économie d’une sincère conversion, si du moins nous voulons entrer dans le Royaume que Jésus a inauguré au matin de Pâques.
Pour tenter de nous arracher à notre aveuglement et réveiller notre bon sens spirituel, le Seigneur nous propose une parabole très simple, qui devrait nous permettre de « juger par nous-mêmes ce qui est juste ». Jésus raconte l’histoire d’un homme menacé d’un procès pour fraude financière - une situation que connaissent bien ceux qui sont plus préoccupés du royaume terrestre que de celui du ciel. Inutile de miser sur la clémence du tribunal : l’issue des débats sera sans surprise. Pour éviter le pire, il ne reste à l’inculpé que la durée du chemin qui le sépare du lieu du procès. Aussi devrait-il logiquement tout mettre en œuvre pour trouver une solution à l’amiable avant d’être pris dans l’engrenage judiciaire. Sa seule issue est de se réconcilier au plus vite avec son adversaire avant qu’il ne soit trop tard.
« Cet homme, c’est toi, nous dit Jésus. Crois-tu que tu puisses transgresser impunément la loi divine sans avoir des comptes à rendre ? Certes, tu as l’intention, demain, d’amender ta vie ; mais “demain” t’appartient-il ? C’est aujourd’hui le temps de la conversion et de la miséricorde. Demain il sera peut-être trop tard : tu ne connais pas la distance qui te sépare du juste Juge. Reconnais donc le temps où Dieu te visite, et hâte-toi d’accueillir la grâce de la réconciliation qu’il t’offre, pour éviter de paraître devant lui chargé d’une dette insolvable ! »
« “Seigneur, apprends-moi à bien saisir, à bien juger” (Ps 118) ; je confesse mon aveuglement coupable, mon inertie spirituelle, mes complicités avec l’esprit du monde qui me murmure sans cesse : “demain, demain tu te convertiras. Aujourd’hui, jouis de la vie !” Au lieu de me prendre en main, de me lever et de te suivre, je reste enlisé dans mes ornières, jugeant de tout et de rien sur l’horizon restreint de la vie ici-bas, au lieu de discerner en fonction de l’éternité qui m’attend. Ne permets pas que je me dérobe une fois de plus à l’exigence de ta Parole, mais accorde-moi de m’engager sincèrement et résolument sur le chemin de conversion qui seul conduit à la vie. »
Père Joseph-Marie.
20:14 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |