L’humour d’un saint. (03/03/2008)
Andrew Soane, Catholic Herald, Grande Bretagne, 2 novembre 2001 L’on a beaucoup écrit sur le bienheureux Josémaria, fondateur de l’Opus Dei, et on a encore beaucoup à dire. Mais il y a une facette de sa vie dont on parle rarement et qui a toujours été perçue par ceux qui l’ont rencontré : sa bonne humeur. J’ai réfléchi à cela en faisant un déménagement. Ce travail m’a obligé à monter et descendre des escaliers portant de lourdes caisses de livres. (J’ai découvert ainsi que saint Thomas d’Aquin a écrit plus que je ne suis capable de porter). Parmi tous ces papiers, j’ai retrouvé un article de journal publié en 1975, lors du décès du fondateur de l’Opus Dei : « Chronique de Rome » d’Eugenio Montes. « L’anticléricalisme voltairien, disait-il, a dépeint de façon calomnieuse la foi chrétienne avec des tons sombres et obscurs, alors que la gaîté est justement un signe qui la caractérise. On a souvent affirmé qu’il est possible de retrouver le sourire de sainte Thérèse dans sa prose castillane. » Philippe Néri, en pleine contre-réforme, prononçait souvent des discours pétillants. Le bienheureux Josémaria Escriva, dont la conversation avec tous était toujours gaie et agréable, a fait de même. Beaucoup de gens ont partagé sa joie. Dom Pius Maria, moine camaldule, a écrit que pendant les années 40, au monastère du Parral, on entendait souvent : « Voici que vient le prêtre à la bonne humeur ». Et le moine d’ajouter : « L’on se sentait bien avec lui, sa chaleur humaine était exceptionnelle. » Une fois, la voiture du bienheureux Josémaria, avec un groupe de prêtres, s’égara dans les rues de Madrid. César, avait peu d’expérience au volant. Les passagers eurent très peur lorsque la voiture quitta la chaussée et fit quelques mètres sur un trottoir, pour aller heurter un réverbère. Dans le silence tendu qui suivit l’accident, Josémaria dit : « Ave Cæsar morituri te salutant : Salut, César, ceux qui vont mourir te saluent ! » reprit-il comme les gladiateurs qui s’adressaient à l’empereur dans les cirques romains. Et la tension et la peur s’estompèrent. Récemment, le rabbin Kreiman, lors d’une conférence à Buenos Aires, dit que les écrits du bienheureux Josémaria apprennent quelque chose d’authentiquement juif : sanctifier la vie dans la vie ordinaire. Et il ajouta : » L’homme n’est co-créateur avec Dieu que s’il offre son travail quotidien au Seigneur. Le bienheureux Josémaria insiste bien sur cette consécration de l’homme à Dieu. » Victor Frankl, psychiatre viennois connu, était l’un des premiers disciples de Freud aussi porté que son maître à bousculer les mythes. Il a rencontré une fois le fondateur de l’Opus Dei. Avec son épouse, il s’est rendu à Rome pour des raisons professionnelles et a rendu visite au bienheureux Josémaria. Le professeur Frankl livrait ainsi ses impressions : « Ce qui m’a le plus frappé dans sa personnalité, c’est tout d’abord la sérénité rafraîchissante qu’il dégageait et dans laquelle baignait toute la conversation. Puis le rythme incroyable dans l’énoncé de ses idées, enfin la capacité surprenante d’établir immédiatement contact avec ses interlocuteurs. » Victor Frankl était trois ans plus jeune que Josémaria Escriva. Juif, il avait survécu à plusieurs camps de concentration nazis ( y compris Auschwitz et Dachau) grâce à sa foi et à son humanité. Dans la préface de l’un de ses ouvrages, il écrit : « On doit toujours dire « oui » à la vie, envers en contre tout. » Frankl saisit cette joie de vivre dans son entretien à Rome avec le fondateur de l’Opus Dei, et il décrit cela dans son langage technique : « Monseigneur Escriva vécut l’instant présent de façon plénière, en s’ouvrant à lui et en s’y livrant lui-même totalement. En un mot, pour lui chaque instant avait la valeur d’un moment décisif (Kairos-Qualitatem). » Saint Jean Bosco, saint connu pour sa vitalité garda son sens de l’humour, en dépassant l‘hostilité de son entourage. Les autorités en vinrent même à lui envoyer un véhicule pour l’arrêter et le conduire dans un asile de fous. L’on rapporte qu’au dernier moment, le saint fraya un passage pour laisser monter d’abord un autre clerc dans le véhicule. Il claqua la portière rapidement et laissa démarrer le véhicule. Le bienheureux Josémaria, le rabbin Kreiman et Victor Frankl auraient bien apprécié la drôlerie de cette anecdtote. |
19:46 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
Commentaires
Voici d'ailleurs le récit exact de ce fameux traquenard fomenté contre saint Jean Bosco : ce n'est pas un clerc, mais deux... et pas du menu fretin ecclésiastique ! Je reprends ce récit du père Bernard Peyrous, qu'il rapporte en page 71 de son livre croustillant : "Dieu est humour" (éditions de l'Emmanuel).
[ Accusé de voir trop grand dans ses entreprises, Don Bosco fut bientôt considéré par certains comme aliéné, et l’autorité ecclésiastique décida de le faire interner.
Mais pour qu’il se laisse faire, on décide d’utiliser la ruse. Après entente avec un aliéniste qui dirige une maison de santé, on dépêche auprès de Jean Bosco deux dignes ecclésiastiques qui l’invitent à faire une promenade en voiture.
« Je n’en vois pas l’utilité », proteste Don Bosco.
On insiste, il accepte enfin.
La voiture attendait à la porte, on le prie d’y monter. Il se confond en politesses, refuse de passer le premier… À peine les deux révérends ont-ils cédé et sont-ils montés dans la voiture que Don Bosco ferme sur eux la portière et crie au cocher : « En route pour l’établissement que vous savez ! »
Et il rentre tranquillement chez lui… ]
Par d'autres sources, on sait même que les deux ecclésiastiques parvenus à leur destination étaient dans une telle colère qu'on a bien failli les garder dans l'établissement en question, les prenant réellement pour fous. Mais ces "fous"-là n'étaient pas de ceux qui dérangent les bien-pensants, étant manifestement des leurs !
Si j'apprécie également la "drôlerie de l'anecdote", j'apprécie moins que les choses n'aient pas beaucoup changé aujourd'hui : on décide plus que jamais "d'utiliser la ruse" pour se débarrasser des "mal-pensants" en leur collant arbitrairement une étiquette de "dangerosité" pour eux-mêmes ou pour les autres. Le langage -ainsi que l'exploitation et la divulgation- de la peur est à l'opposé de celui de l'Évangile... mais l'Évangile nous prévient heureusement que tel est le lot d'un disciple qui ne saurait être au-dessus du Maître !...
Bien fraternellement,
Michel
Écrit par : Michel de TIARELOV | 05/03/2008