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SOS alternative. (27/04/2008)

 par Noël Bouttier

Voici quelques années, un ancien président de la République avait disserté sur les conditions de réussite d’une politique de réforme. Il fallait, disait-il, réunir deux Français sur trois. Nicolas Sarkozy a bien compris le message, mais à l’envers. En moins d’une année à l’Élysée, il a réussi à mobiliser presque deux Français sur trois contre lui. On connaît la litanie des reproches qui lui sont adressés dans toutes les directions : pouvoir d’achat, injustice fiscale, atlantisme débridé, train de vie – le sien – dispendieux, étalage d’une vie privée tumultueuse… Du « Il ne fait pas président » à « Il nous a roulés dans la farine »... les cafés du commerce de France et de Navarre sont remplis de ce genre de remarques acides, accompagnées souvent de noms d’oiseau. Les quelques médias comme Témoignage chrétien qui avaient alerté sur les dangers d’une présidence Sarkozy ne peuvent être surpris du réveil d’une opinion publique que le Grand Timonier de l’UMP avait flattée. Avec le risque d’aggravation des dérèglements financiers, le renchérissement des matières premières et les conséquences de la crise écologique, les mois qui s’annoncent sont lourds de noirs nuages. Cela nécessiterait d’avoir à la tête du pays et de l’Europe – mais c’est une autre histoire – un pouvoir audacieux, cohérent et courageux. À la place, nous n’avons que petits calculs de communicants, logiques de grippe-sous et nombrilisme forcené, comme lors de cette ridicule affaire de la carte famille nombreuse.
En douze petits mois, la confiance en la rupture à la mode Sarkozy a été anéantie. Personne ne peut exclure qu’une grave crise de régime survienne. La gauche est-elle en mesure de proposer une alternative ? Si on se tourne vers le PS, grand vainqueur des derniers scrutins locaux, les motifs d’inquiétude ne manquent pas. Un Premier secrétaire inexistant sauf pour savonner soigneusement la planche de son successeur, des écuries présidentielles qui se recomposent et se déchirent allègrement, un vide sidéral en matière de propositions. Que propose le PS sur la régularisation des travailleurs sans-papiers, l’indispensable refonte du système éducatif ou la régulation du capitalisme fou ? Ce parti, comme l’ensemble de la gauche, a besoin d’États généraux comme ceux que lança Michel Rocard après la débâcle de 1993. Tout le reste, déclaration de principes ou stratégies de congrès, ne fait qu’amuser la galerie. Et par les temps qui courent, cela ne nous amuse plus guère.

11:26 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |