La joie est-elle encore possible aujourd'hui ? (14/12/2008)
"Réjouissez-vous" nous dira saint Paul dans la 2e lecture de ce 3e dimanche de l'Avent appelé "gaudete". Mais de quelle joie s'agit-il? Une méditation de Benoît XVI.
Pape Benoît XVI
13/12/2008
"Gaudete in Domino semper - Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur" (Ph 4, 4). C'est par ces paroles de saint Paul que s'ouvre la Messe du 3e Dimanche de l'Avent, qui est par conséquent appelé dimanche "gaudete". L'apôtre exhorte les chrétiens à se réjouir parce que la venue du Seigneur, c'est-à-dire son retour glorieux, est certaine et ne tardera pas.
L'Eglise fait sienne cette invitation, alors qu'elle se prépare à célébrer Noël et que son regard se dirige toujours davantage vers Bethléem. En effet, nous attendons avec une espérance sûre la deuxième venue du Christ, parce que nous avons connu la première. Le mystère de Bethléem nous révèle le Dieu-avec-nous, le Dieu qui est proche de nous, pas uniquement au sens géographique et temporel. Il est proche de nous parce qu'il a en quelque sorte "épousé" notre humanité. Il a pris sur lui notre condition, en choisissant d'être comme nous en toutes choses, excepté le péché, pour nous faire devenir comme Lui. La joie chrétienne jaillit donc de cette certitude : Dieu est proche, il est avec moi, il est avec nous, dans la joie et dans la douleur, dans la santé et la maladie, comme un ami et un époux fidèle. Et cette joie demeure aussi dans l'épreuve, dans la souffrance même, et elle ne reste pas à la surface, mais au plus profond de la personne qui se confie à Dieu et met en Lui sa confiance.
Certains se demandent: mais cette joie est-elle encore possible aujourd'hui? La réponse est donnée par la vie d'hommes et de femmes de tout âge et condition sociale, heureux de consacrer leur existence aux autres! La bienheureuse Mère Teresa de Calcutta n'a-t-elle pas été, à notre époque, un témoin inoubliable de la vraie joie évangélique? Elle vivait chaque jour au contact de la misère, de la déchéance humaine, de la mort. Son âme a connu l'épreuve de la nuit obscure de la foi, et pourtant elle a donné à tous le sourire de Dieu. Nous lisons dans l'un de ses écrits: « Nous attendons avec impatience le paradis, où il y a Dieu, mais il est en notre pouvoir d'être au paradis dès ici-bas, et dès ce moment-ci. Etre heureux avec Dieu signifie: aimer comme lui, aider comme lui, donner comme lui, servir comme lui" (La joie du don, Paris, Seuil, 1975). Oui, la joie entre dans le cœur de celui qui se met au service des petits et des pauvres. Dieu établit sa demeure chez celui qui aime ainsi, et son âme est dans la joie. Si, en revanche, on fait du bonheur une idole, on se trompe de chemin et il est vraiment difficile de trouver la joie dont parle Jésus. Telle est malheureusement la proposition des cultures qui mettent le bonheur individuel à la place de Dieu, une mentalité dont l'effet emblématique se trouve dans la recherche du plaisir à tout prix, dans la diffusion de l'usage des drogues comme fuite, comme refuge dans des paradis artificiels, qui se révèlent ensuite totalement illusoires.
Chers frères et sœurs, on peut aussi se tromper de chemin à Noël, confondre la vraie fête avec celle qui n'ouvre pas le cœur à la joie du Christ. Que la Vierge Marie aide tous les chrétiens, et les hommes à la recherche de Dieu, à parvenir jusqu'à Bethléem, pour rencontrer l'Enfant qui est né pour nous, pour le salut et le bonheur de tous les hommes.
De quelle joie voulons-nous ? une méditation de Benoît XVI
Voici un extrait de la méditation prononcée par le Pape Benoît XVI à l’occasion du 3e dimanche de l’Avent.
Benoît XVI
20/12/2006
(...)La joie que la liturgie réveille dans les cœurs des chrétiens n’est pas réservée à eux seuls : elle est une annonce prophétique destinée à l’humanité tout entière, en particulier aux plus pauvres, dans ce cas aux plus pauvres de joie ! Pensons à nos frères et sœurs qui, spécialement au Moyen-Orient, dans certaines régions d’Afrique et dans d’autres parties du monde vivent le drame de la guerre : quelle joie peuvent-ils vivre ? Comment sera leur Noël ? Pensons aux nombreux malades et personnes seules qui, en plus d’être éprouvés dans leur corps, le sont également dans leur âme, car il n’est pas rare qu’ils se sentent abandonnés : comment partager la joie avec eux, sans manquer de respect pour leur souffrance ? Mais pensons également à ceux – spécialement les jeunes – qui ont perdu le sens de la vraie joie, et la cherchent en vain là où il est impossible de la trouver : dans la course désespérée vers l’affirmation de soi et le succès, dans les faux divertissements, dans la société de consommation, dans les moments d’ébriété, dans les paradis artificiels de la drogue et de toute forme d’aliénation. Nous ne pouvons pas ne pas confronter la liturgie d’aujourd’hui et son « soyez dans la joie ! » avec ces réalités dramatiques. Comme au temps du prophète Sophonie, c’est précisément à ceux qui sont dans l’épreuve, aux « blessés de la vie et orphelins de la joie » que s’adresse de manière privilégiée la Parole du Seigneur. L’invitation à la joie n’est ni un message aliénant, ni un palliatif stérile mais au contraire, une prophétie de salut, un appel à un rachat qui part du renouvellement intérieur.
Pour transformer le monde, Dieu a choisi une humble jeune fille d’un village de Galilée, Marie de Nazareth, et l’a interpellée par cette salutation : « Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi ». Le secret du véritable Noël réside dans ces paroles. Dieu le répète à l’Église, à chacun de nous : soyez dans la joie, le Seigneur est proche ! Avec l’aide de Marie, offrons-nous nous-mêmes, avec humilité et courage, afin que le monde accueille le Christ, qui est la source de la vraie joie.
12:55 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |