La méditation du « Notre Père ». (02/03/2009)
La méditation du « Notre Père » est inépuisable et pour cause : elle est la prière filiale par excellence qui résume toutes les prières chrétiennes, celles-ci ne faisant toujours qu’expliciter l’un ou l’autre de ses aspects.
L’interprétation suggérée par le rapprochement avec la première lecture de la liturgie de ce jour, nous invite à contempler tout particulièrement la bonté du Père et nous incite, par le fait même, à un acte de confiance.
La psychologie a suffisamment montré que le ministère de paternité s’exerce principalement par la parole. Prononcée comme une invitation à risquer une réponse, elle instaure le dialogue dans lequel l’enfant découvre progressivement sa capacité de réfléchir par lui-même, mais aussi celle de décider librement de soi. La responsabilité personnelle s’annonce ainsi comme une disposition de sa propre vie au cœur du réseau de relations qui en constitue la trame existentielle. Une telle découverte est source de joie, d’enthousiasme, d’émerveillement, du moins si la parole du Père accomplit son ministère, c'est-à-dire si elle éclaire l’intelligence en annonçant le vrai, et libère la volonté en accordant sa confiance. L’enfant a un immense désir de se propulser dans la vie, mais il a un besoin impérieux d’être accompagné dans ses premiers essais hésitants sur le chemin de la responsabilité personnelle.
Ce long développement psychologique n’avait pas d’autre but que de nous permettre de recevoir la première lecture pour ce qu’elle est : la promesse de la fidélité indéfectible de notre Père des cieux, dont la Parole efficace accomplit pleinement le programme que nous venons d’esquisser. En Jésus, le Verbe de Dieu fait chair, c’est le Père lui-même qui nous invite au dialogue. Il nous arrache à notre narcissisme spontané, au repli fusionnel sur notre nature créée, et nous invite à oser entrer dans la liberté et la responsabilité filiales en répondant à son appel et en nous lançant sur le chemin de l’authentique vie personnelle. Jésus est la Parole de vérité qui révèle aux yeux de notre intelligence le chemin de la vie ; et l’Esprit Saint est le Feu divin qui donne à notre volonté la force de nous y engager résolument. « La grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ » (Jn 1, 17) nous affirme saint Jean dans le Prologue de son évangile. Le passif renvoie vers la Source qui est au-delà de tout nom, que Jésus nous apprend précisément à nommer « Père ». Prier l’oraison qu’il enseigne à ses proches, c’est entrer dans le cercle de ses disciples : chaque Rabbi résumait en effet sa doctrine dans une brève prière, qui servait de « carte d’identité » et de « signe de reconnaissance » pour ceux qui le suivaient.
Ainsi donc, le chrétien est celui qui, s’appuyant sur la Parole de Jésus dont il a pu expérimenter la vérité, et sur l’Esprit dont il a goûté à la fois la douceur et la force, confesse Dieu comme Père et s’avance vers lui dans un élan de confiance filiale. Les sept demandes qui constituent la prière ne font qu’expliciter une seule requête, formulée dans les deux premiers mots : « “Sois notre Père” que nous puissions vivre comme tes fils, à l’école de ton Fils unique et dans l’Esprit de charité. Nous nous reconnaîtrons alors unis dans une même fraternité sous ton regard, nous pardonnant nos fautes comme toi-même tu nous les pardonnes ».
Réconciliés avec le Père et entre nous, nous pourrons alors entonner avec le Psalmiste l’hymne d’action de grâce :
« Magnifiez avec moi le Seigneur, exaltons tous ensemble son nom. Je cherche le Seigneur, il me répond : de toutes mes frayeurs il me délivre. Le Seigneur entend ceux qui l’appellent : il est proche du cœur brisé, il sauve l’esprit abattu » (Ps 33[34]).
Père Joseph-Marie.
22:31 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |