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Amour fugitif comme la brume du matin. (21/03/2009)

« Que vais-je te faire, Ephraïm ? Que vais-je te faire, Juda ? Votre amour est fugitif comme la brume du matin, comme la rosée qui s’évapore à la première heure » (Première lecture : Os 6, 1-6). Pourquoi cette plainte du Cœur de Dieu ? Pourquoi ce gémissement impuissant ? Les fils d’Israël ne sont-ils pas pleins de bonnes intentions ? Ne viennent-ils pas d’exprimer la décision de se convertir, de revenir au Seigneur et de chercher sa face ?
Sans doute, mais leur discours trahit que leur cœur est encore loin de Dieu ; ils ne le connaissent pas vraiment. D’ailleurs ce n’est pas à lui qu’ils s’adressent : il s’agit d’une délibération collective qui parle du Seigneur à la troisième personne.
Comme le fils prodigue, leur contrition est intéressée : ils veulent échapper au châtiment et jouir de la bénédiction du ciel mais sans s’engager vraiment envers Dieu dans une relation filiale. Leurs paroles trahissent même un arrière-fond de revendication : « puisqu’il nous a déchiré, qu’il nous guérisse ; puisqu’il nous a meurtris, qu’il panse nos blessures » ; voire de complot : « allons-y, pour sûr « il » sera bienfaisant, et nous nous vivrons à nouveau en sa présence ». Devant ce marchandage, voire ce chantage, le Seigneur proteste douloureusement : « c’est l’amour que je désire et non les sacrifices ».
Le psalmiste a compris la leçon ; aussi confesse-t-il : « le sacrifice qui plaît à Dieu c’est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu un cœur brisé et broyé » de repentir. Voilà ce qui fait cruellement défaut dans l’attitude des fils d’Israël, comme dans celle du pharisien de la parabole proposée par Jésus dans l’Evangile.
La traduction de Gen 1,26 la plus proche du sens hébreux serait selon les spécialistes : « Dieu crée l’homme debout » (nous traduisons habituellement : « à son image »). Nous avons hélas perdu la dignité de cette position par le péché qui nous courbe vers la terre. Jésus seul peut nous « relever » dans la puissance de sa résurrection et nous donner de nous tenir à nouveau « debout » devant notre Dieu. Or, le pharisien adopte cette attitude comme un droit qu’il possèderait par nature - ou en raison de son appartenance au peuple élu - oubliant l’abîme qui le sépare du Très-Haut. Son discours confirme cette suffisance : il « rend grâce » certes, mais c’est davantage pour étaler sa « justice » - acquise par ses bonnes œuvres - que pour glorifier Dieu, dont il n’attend apparemment rien ; il ne formule en tout cas aucune demande. Le publicain par contre adopte spontanément l’attitude juste, l’attitude vraie : il sait combien son péché l’éloigne du Seigneur ; c’est pourquoi il se tient « à distance », n’osant pas « lever les yeux vers le ciel », mais les gardant tournés vers la terre, s’abaissant devant son Dieu. La prière, qui exprime le repentir de son cœur est une confession de foi : « Mon Dieu » ; une supplication : « prends pitié » ; et un aveu : « du pécheur que je suis ».
Le psaume 50 (51) reprend cette humble prière pour en expliciter toutes les harmoniques et en faire le plus bel hymne de pénitence qui soit monté vers le ciel ; hymne inspiré que le Seigneur met à notre disposition pour que notre cœur en le méditant, puisse se mettre au diapason du sien et accueillir son pardon : « quand ce dernier rentra chez lui, c’est lui qui était devenu juste ».

« “Seigneur Jésus, Fils de Dieu, Sauveur, prends pitié de moi, pécheur”. Que cette prière comme une flèche traverse les nuées et parvienne jusqu’à toi, Seigneur. Je ne suis pas capable de faire de longues oraisons : mes distractions et mes soucis me rejoignent et m’envahissent. Je ne suis pas capable de prouesses ascétiques : ma volonté est trop faible, je ne tiens pas mes résolutions. Mais je t’offre ce que je peux : ces cris que je lance vers toi ; autant pour me rappeler que je suis sous ton regard, que pour invoquer ta miséricorde sur le pauvre type que je suis : “Seigneur Jésus, Fils de Dieu, Sauveur, prends pitié de moi, pécheur”. Inscrit cette prière sur mon cœur en lettres de feu, qu’elle ne quitte pas ma mémoire ; que je la murmure jour et nuit, que je sois levé ou que je sois couché ; et qu’elle monte vers toi avec mon dernier souffle quand tu rappelleras mon âme, et que l’heure sera venue de me présenter devant toi. »



Père Joseph-Marie.


12:34 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |