Nous voici entrés dans la semaine sainte. (05/04/2009)
L’évangile de ce jour nous conduit au cœur d’un repas donné en l’honneur de Jésus à Béthanie sans doute pour avoir ramené à la vie son ami Lazare. L’évangéliste prend d’ailleurs le soin de bien préciser la présence de Lazare auprès de Jésus parmi les convives, « celui que Jésus avait ressuscité d’entre les morts ».
On imagine facilement la joie et l’allégresse qui devaient régner. C’est alors que Marie se lève et vient verser sur les pieds de Jésus un parfum très pur et de très grande valeur, qu’ensuite elle essuie avec ses cheveux.
En mettant devant nos yeux en ce lundi saint ce geste de Marie, la liturgie de l’Eglise présente l’attitude qui doit être la nôtre durant cette semaine pour cueillir en son terme les fruits de la rédemption que nous a acquis Notre Seigneur Jésus-Christ par sa mort et sa résurrection. Le don appelle le don, gratuit, total. L’amour appelle l’amour. Le genre de parfum que répandit Marie sur Jésus était gardé dans une amphore scellée qu'il fallait briser pour ouvrir ; ce qui excluait de n'en utiliser qu'une certaine quantité : la libation était nécessairement totale. La délicatesse du geste de cette femme en dit aussi long sur sa reconnaissance vis-à-vis de celui qui avait ramené à la vie Lazare, son frère.
Judas prend alors la parole : « Pourquoi n'a-t-on pas vendu ce parfum pour trois cents pièces d'argent, que l'on aurait données à des pauvres ? ». Il réagit au geste de Marie en opposant ouvertement l'amour du Maître au service du prochain. Son intervention, apparemment motivée par des fins charitables, sonne néanmoins faux à nos oreilles. D’ailleurs, l'évangéliste confirme bien notre malaise en explicitant les motifs cachés de Judas : « Il parlait ainsi, non parce qu'il se préoccupait des pauvres, mais parce que c'était un voleur : comme il tenait la bourse commune, il prenait pour lui ce que l'on y mettait ». En effet, l’amour du Seigneur et l’amour du prochain ne sauraient être opposés. Pour pouvoir toujours aimer nos frères les plus pauvres, il faut savoir comme Marie aimer le Seigneur dans l’aujourd’hui où il se présente à nous. Le contraste est ici frappant entre l’attitude de Judas replié sur lui-même dans un égoïsme mortifère qui ne peut que l’isoler de l’amour de Jésus et celle de Marie, toute donnée dans son geste, manifestant un amour qui lui permet de communier intuitivement et de façon anticipative à la Pâque du Seigneur.
Cependant, si l’action de Marie est interprétée par Jésus comme l’annonce prophétique de sa mort, elle ne saurait venir troubler la fête de ce repas qui célèbre la vie. Bien au contraire, le regard éclairé par l'amour, Marie a perçu que le don de la vie dont jouit son frère jaillit de la mort à laquelle le Maître va consentir : « Laisse-la ! Il fallait qu'elle garde ce parfum pour le jour de mon ensevelissement. » Le parfum de la reconnaissance infinie envers Celui qui n’hésite pas à donner sa vie pour ses amis peut alors s’élever et joindre sa bonne odeur à l’atmosphère de joie qui règne déjà dans la maison.
Pour nous préparer à recevoir le don de Notre Seigneur, il n’y pas de meilleure manière que de lui donner sans réserve tout ce que nous avons de meilleur. Le parfum le plus délicat et le plus précieux que nous pourrons lui offrir est sans aucun doute celui de notre action de grâce pour le don de sa vie pour nous, celui de notre adoration reconnaissante devant le mystère de son amour infini pour nous.
« Seigneur, Jésus, tout au long de cette semaine, nous voulons demeurer auprès de toi. Nous voulons nous décentrer de nous-mêmes pour nous préoccuper seulement de toi et de toi seul, t’offrir le peu que nous avons mais te le donner totalement sans réserve. Nos cœurs ainsi tout ouvert à ta présence nous permettrons d’accueillir sans réserve le don de ton salut. »
Frère Elie.
18:44 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chritianisme, foi, spiritualite, spiritualite de la liberation, action sociale chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |