Les chemins de l'Espérance. (06/07/2006)
Les déplacements de Jésus sont plutôt déconcertants : l’évangéliste précise
qu’il « sort de Capharnaüm », puis le verset suivant nous le retrouvons
attablé dans « la maison », que les exégètes identifient à celle de Pierre
…à Capharnaüm !
Notre-Seigneur est donc sorti de la ville uniquement pour aller chercher sa
brebis perdue du nom de Mathieu. Jésus ne le « voit » pas par hasard, mais
il le contemple avec l’intense émotion de celui qui découvre enfin un objet
précieux qu’il a longuement cherché. Ce n’est pas Mattieu qui vient à Jésus,
mais le Seigneur qui part à sa recherche et le trouve « assis à son bureau
de publicain », enchaîné par la convoitise et l’avarice, incapable de
s’arracher à sa passion.
Comment ce fils d’Abraham en est-il arrivé là ? Dans quelle blessure
d’enfance, dans quelle peur de manquer s’enracine cet appétit immodéré des
richesses, qui l’a conduit à se compromettre avec l’occupant ? Allez donc
savoir ; mais le fait est là : il se retrouve marginalisé, rejeté au banc de
la société civile et religieuse, exclu hors de la ville.
Un regard, confirmé par une parole, et la vie de cet homme va basculer
définitivement. Nul doute qu’il gardait au fond de sa conscience, la
nostalgie d’une vie meilleure, dans la fidélité à la Loi de ses Pères. Mais
comment pourrait-il changer de vie, lui le « collecteur d’impôts » ? Ses
concitoyens l’avaient une fois pour toutes enfermé dans ce personnage dont
il se voyait définitivement prisonnier.
Pourtant, un regard, une parole ont suffi pour briser cet enfermement et
libérer l’espérance de cet homme. En lui signifiant sa considération, en lui
offrant son amitié, Jésus fait comprendre à Mathieu qu’il est toujours digne
de respect, que l’avenir demeure ouvert, que rien de son espérance n’est
définitivement compromis.
L’ayant rejoint dans la prison de sa conscience culpabilisée, Jésus peut
appeler Mathieu à sa suite : « Viens derrière moi : je t’ouvre le chemin
vers la vérité, la liberté et la vie que tu désires si ardemment ». Sans
même s’en rendre compte, Mathieu s’est levé, a contourné la table qui le
séparait du Rabbi, et s’est mis à sa suite.
On imagine sans peine la scène qui se déroule derrière lui : les hommes
venus payer leur impôt se jettent sur le comptoir du collecteur, et se
servent avidement dans la caisse, trahissant leur propre cupidité, qui n’a
rien à envier à celle du publicain ! Mathieu ne se retourne pas ; il n’est
plus le collecteur d’impôt redouté et haï ; il est un autre homme par la
vertu d’un regard et d’une parole. Il est redevenu un fils d’Israël en
marche vers la Terre promise, sous la conduite du Messie-Berger venu
rassembler les enfants dispersés de Dieu son Père.
Le téléphone arabe fonctionne bien : à peine rentré dans la ville, voilà
qu’accourent vers Jésus un grand nombre de collègues de Mathieu, flanqués
d’autres pécheurs notoires. Tous sont en quête de motifs d’espérer malgré le
triste état de leur vie. A chacun Notre-Seigneur fait bon accueil, ouvrant à
ces brebis égarées l’intimité de son cœur, afin qu’elles y puisent la
certitude du salut, l’assurance de la gratuité de la miséricorde.
« Seigneur, tu n’es “pas venu appeler les justes mais les pécheurs”, afin
d’en faire des justes par ta seule miséricorde. Donne-moi d’oser croiser ton
regard et de me laisser convaincre de péché. Moi aussi je pourrai alors
entendre ton appel : “Suis-moi”, et prendre place avec toi au banquet que tu
prépares pour ceux qui se laissent justifier par ton amour. Il a suffi de si
peu : un regard, une parole, pour transformer Mathieu ; me voici, Seigneur ;
ma bouche et mes yeux sont tiens : viens à travers moi rejoindre ceux qui
attendent que tu passes dans leur vie, pour les appeler à ta suite sur les
chemins de l’espérance ».
Joseph-Marie +
18:39 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : action-sociale-chretienne, christianisme | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |