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Si Dieu est bon, pourquoi permet-il le mal? (30/08/2006)


Pourquoi permettons-nous le mal?

Je n’aime pas trop cette manière de poser la question! Car Dieu se révèle au contraire à l’homme comme celui qui interdit le mal: pensons aux premiers chapitres de la Genèse, à l’accent des prophètes d’Israël, au Décalogue… Et si Dieu interdit le mal, c’est justement que le mal fait du mal à l’homme, ce que Dieu, qui est bon, ne veut à aucun prix. Dieu n’a pas de complicité avec la mort. Il me semble donc que c’est plutôt à nous que la question doit d’abord être posée: pourquoi permettons-nous le mal? pourquoi nous le permettons-nous?
Et nous voici renvoyés à notre propre liberté personnelle et à ces grandes infrastructures collectives – économiques, financières, politiques – qui entretiennent dans le monde, avec notre complicité active ou passive, l’injustice, le malheur, la mort. Pourquoi écoutons-nous si peu, si mal, la voix qui nous dit, au plus intime de notre conscience et dans les textes saints des traditions religieuses : «Choisis la vie, et tu vivras».

Quand on a affirmé cela, on peut alors faire rebondir la question, mais en d’autres termes : n’allons-nous pas être tentés de désespérer, en constatant notre impuissance à transformer ces structures de malheur, hors de nous, et cette volonté fragile et rebelle, en nous? Et puis il n’y a pas que le mal commis par les hommes. Il y a le mal subi, ces malheurs cosmiques, tsunamis ou typhons, qui brusquement nous rappellent que nous ne sommes pas maîtres de la nature. C’est alors qu’apparaît à mes yeux la profondeur de la foi chrétienne. Elle ne nous donne pas de réponse à la question douloureuse : pourquoi le mal dans le monde? Que pèserait une explication devant la mort d’un enfant? Mais ma foi me dit trois choses.

Se libérer de la tentation

La première, c’est que même si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur, lui qui connaît tout. La manière dont l’Evangile nous parle des forces du mal nous fait pressentir un «mystère d’iniquité» qui nous déborde. L’appeler «péché originel», le mettre au compte de celui que l’Evangile appelle «homicide et menteur dès l’origine», ce n’est pas résoudre la question, ni même l’expliquer. Mais c’est nous libérer de la tentation et de la prétention de ramener le mal à notre mesure, de vouloir le surmonter par nos seules forces, de nous ériger en juges suprêmes de la conduite de nos frères, ou de la nôtre propre.

Un oui d'amour et de liberté

La seconde, c’est qu’il est arrivé quelque chose au mal depuis que Jésus l’a affronté sur la croix. Il est descendu dans les profondeurs de la violence subie, de l’accusation injuste, de la lâcheté complice – pensons à son procès - . Il est descendu dans la profondeur de la souffrance et de la mort. Pas pour faire une victime de plus, mais pour déposer, en ce fond sans fond, un oui d’amour et de liberté. Pour transfigurer le lieu du mal radical en un lieu où le pardon et l’amour demeurent possibles. Pour que resurgissent, de ces profondeurs, la Vie qu’elles avaient trahie, détruite, niée. Armés de cette certitude, nous pouvons engager le combat, personnel et collectif, contre les forces du mal. L’amour aura le dernier mot.

Jésus nous montre un chemin

La troisième en effet, c’est que Jésus nous montre un chemin. Le mal est pour chacun d’entre nous, comme il l’a été pour lui-même, un appel à nous engager pour soulager la souffrance de ces prochains dont nous décidons de nous faire proches. La question devient alors : «auprès de qui vais-je décider, avec la force de l’Esprit et à la manière du Christ, de lutter contre le mal?»

Marguerite Léna

10:45 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |