ILS N'AVAIENT PLUS DE VIN... (14/01/2007)
L’image des noces occupe une place toute particulière dans la liturgie de ce dimanche. Dans la première lecture, le prophète Isaïe annonce qu’un jour, Jérusalem ne sera plus appelée « délaissée » ni « terre déserte » car elle aura un époux, le Seigneur Dieu, Celui qui l’a construite. Les termes d'époux et d'épouse, et même d'alliance, par lesquels se caractérise la dynamique du salut, tout en ayant une dimension métaphorique évidente, sont beaucoup plus que de simples métaphores. Ce vocabulaire nuptial touche la nature même de la relation que Dieu veut établir avec son peuple.
Ces préfigurations de la Première Alliance trouvent leur accomplissement dans le Nouveau Testament. L’évangile de ce dimanche laisse apparaître de façon claire Jésus comme le Christ-Epoux. Les noces de Cana représentent les Noces du Christ avec notre humanité pécheresse qu’il est venu rétablir dans sa dignité et réconcilier avec le Père. Cette humanité nouvelle naît au pied de la croix de son côté ouvert. C’est l’Eglise, préfigurée par Marie, peuple de Dieu sanctifié par l’eau vive qui continue à jaillir du cœur du Christ à travers la fontaine baptismale. Tout ce que le symbolisme de l'Ancien Testament avait attribué à l'amour de Dieu pour son peuple, décrit comme l'amour d'un époux pour son épouse, Jésus l’assume en sa personne.
La transformation de l’eau en vin est le signe du salut que le Christ opère et qui constitue le renouvellement et l’achèvement de la création en Dieu. Le don du vin atteste de la joie liée à ce salut, joie que Dieu veut répandre en son peuple en faisant de nouveau alliance avec lui.
« Ils n’ont plus de vin » : Accueillir le salut de Dieu signifie laisser le Christ épouser tous nos manques, nos limites, nos erreurs, nos fautes, notre péché. Son amour a le pouvoir de tout transformer en nous. Saint Paul nous le dit dans la lettre aux Ephésiens à travers l’image de la relation sponsale du Christ et de l’Eglise : « Le Christ a aimé l'Eglise ; il s'est livré pour elle ; car il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache, ni ride, ni rien de tel, mais sainte et immaculée. Ce mystère est grand : je le dis en pensant au Christ et à l’Eglise » (Ep 5, 25-27.32).
Les charismes constituent le don nuptial du Christ Epoux à son Eglise, le peuple des baptisés. Dans la deuxième lecture, extraite de la première lettre aux Corinthiens, saint Paul nous présente effectivement l’Eglise comme jouissant de la diversité des charismes que l’unique et même Esprit répand sur elle afin qu’elle les mette au service de tous. Grâce à eux, l’Eglise peut vivre sa fidélité à l’Alliance nuptiale avec le Christ. Et, plus elle s’ouvre à l’abondance des charismes, plus elle a la possibilité de réaliser sa vocation d’épouse et sa mission de sacrement universel du salut parmi les hommes.
Mais sommes-nous disposés à chaque instant à accueillir les dons qui trouvent leur source dans l’amour sponsal du Christ pour nous ? Croyons-nous qu’à tout moment il peut déployer dans nos vies son salut, et faire toute chose nouvelle ? « Tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant » : Est-ce qu’aujourd’hui et maintenant, je crois que Dieu peut intervenir dans mon histoire pour la renouveler ? Est-ce que j’ose lui exposer la pauvreté, la misère de mon humanité ?
C’est ici que Marie peut nous être d’un grand secours. Si Jésus est présenté dans l’évangile comme le médiateur de la nouvelle Alliance, Marie exerce elle aussi une médiation, maternelle, dans la ligne de l’intercession. Elle nous invite non pas à occulter mais à regarder, non pas à ignorer mais à accueillir nos manques, nos limites, nos souffrances, dans la confiance en Jésus-Christ et à les lui offrir pour qu’il vienne les épouser et les féconder de sa vie divine. Elle nous appelle aussi à devenir à son école des intercesseurs pour nos frères et sœurs en humanité qui n’ont plus d’espérance. Saint Jean de la Croix l’exprime de façon admirable : « Celui qui aime sagement ne se met pas en peine de demander ce qui lui manque ou ce qu’il désire : il se contente d’exposer son besoin, laissant au Bien-Aimé de faire ce qu’il lui plaira. La bienheureuse Vierge agit ainsi aux noces de Cana en Galilée. Elle n’adressa pas son cher fils de demande directe, elle se contenta de lui dire : « ils n’ont point de vin » (Jn 2, 3). » (CSB 2, 8, 1233)
« Seigneur, par les mains de Marie, nous voulons te présenter nos besoins dans la confiance que tu peux tout renouveler. Nous voulons te reconnaître et t’accueillir comme l’Epoux de nos âmes, solidaire et compatissant, qui vient à notre rencontre pour nous sauver. »
Frère Elie
15:59 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |