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La poésie, pour vivre « le coeur réglé comme une vigne ». (12/03/2007)

François Bayrou entretient un rapport singulier, intime avec la poésie. Elle lui est musique et méditation, signe de piste et de vie.
« Un… deux. Un, deux, trois » : c’est ainsi que la plupart des orateurs testent un micro. François Bayrou préfère l’exercice poétique. Par exemple, le « Booz endormi » de Victor Hugo, qu’il affectionne particulièrement : « Booz s’était couché de fatigue accablé », « Vêtu de probité candide et de lin blanc » jusqu’à « l’heure tranquille où les lions vont boire. »
Vers « contraints » ou vers libres, François Bayrou aime et a étudié les poètes classiques, a étudié et aime les Grecs et les Latins. Il vit des histoires d’amour avec les poètes modernes, s’attache à découvrir les contemporains. Ses amis affirment qu’il sait par cœur toutes les fables de la Fontaine. « Mon père, dit François Bayrou, me les apprenait pendant qu’on chargeait le foin, dans la cour de notre ferme. » Il peut réciter, dire, des vers de Victor Hugo, Virgile, Louis Aragon, Racine, René Char, Charles Péguy, Paul Eluard, Pindare, Charles Baudelaire…
La « fonction poétique », parole où, selon le linguiste Roman Jakobson, s’approfondirait « la dichotomie fondamentale des signes et des objets », est étrangère au goût que porte François Bayrou à l’art poétique. Sa vision du poète, fidèle à l’étymologie grecque, le porte à considérer son œuvre comme création de vie, accouchement et invention de mondes nouveaux, en lutte à mots ouverts contre l’instinct de mort. Louis Aragon a donné ce titre à l’un de ses poèmes : « Les mots m’ont pris par la main. »
Croise-t-on souvent des martins-pêcheurs en Béarn ? « Les martins-pêcheurs au ciel jaune et rose Cousent le printemps au-dessus des toits Où leur vol léger en passant se pose Aux créneaux neigés Que les vents nettoient » François Bayrou décrit ainsi son village des Pyrénées : « Au-dessus de l’horizon, la montagne est bleue. Elle est une présence que l’on guette, un décor où certains jours, avec certaines qualités de lumière, on peut compter chaque arbre, distinguer chaque rocher. On a l’impression que la plaine vient s’allonger au pied même de la montagne, comme un hommage, comme une amitié. »
Evoquant Pasteur, qui découvrit le vrai de la vie, François Bayrou le met en correspondance avec Baudelaire : « La nature est un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles. »
Discourant sur l’ordre et la liberté, il cite Eluard pour qui l’on peut vivre « le cœur réglé comme un cercueil » ou « le cœur réglé comme une vigne ». Le goût de la poésie, chevillé comme une vrille et battant comme un cœur, dit le choix sans appel de François Bayrou.
Ses amis racontent encore l’étrange rite auquel se prête chaque année François Bayrou : un « dîner de poésie » dont la règle impose aux convives de ne s’exprimer qu’en récitant des vers. Y-déclame-t-on l’Aragon de « La rose et le réséda » : « Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Qu'importe comment s'appelle Cette clarté sur leur pas Que l'un fut de la chapelle Et l'autre s'y dérobât. »
François Bayrou y dit-il sa fable préférée de Jean de La Fontaine où la passion des mots justes et de leur musique rejoint la passion de la justice et le combat politique : « Les animaux malades de la peste ». Où l’on crie « haro sur le baudet ». Et dont la morale pourrait avoir été écrite hier, "bloguée" ce matin :
« Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »

17:10 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite, poesie |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |