Je vais vous faire une confidence. (19/03/2007)
Je vais vous faire une confidence : j’aime Saint Joseph !
J’en vois quelques-uns qui sourient malicieusement ! Mais savez-vous que l’opinion commune des théologiens, des saints et des papes est que Saint Joseph est le plus grand saint après Marie ? Dès le IVe siècle, saint Grégoire de Nazianze écrivait :
« Le Seigneur a réuni en Joseph, comme dans un soleil, tout ce que les saints ont ensemble de lumière et de splendeur ».
Si telle est la dignité et la grandeur de Joseph, on reste perplexe devant la discrétion de la dévotion à ce saint patriarche ! Le plus glorieux semble le plus caché ; le pape Pie XI écrivait le 19 mars 1928 :
« Là où est plus profond le mystère, plus épaisse la nuit qui le recouvre et plus grand le silence, c’est justement là qu’est plus haute la mission et plus brillant le cortège des vertus requises ainsi que des mérites qui en découlent. Mission unique, très haute, celle de garder la virginité et la sainteté de Marie, celle d’entrer en participation du grand mystère caché aux yeux des siècles et de coopérer ainsi à l’incarnation et à la rédemption. »
La dignité suréminente de Saint Joseph vient de la part essentielle qu’il a prise dans le Mystère de l’Incarnation rédemptrice. Aucun saint n’a été aussi proche de Jésus et de Marie et aucun n’a vécu aussi longtemps dans leur intimité que Saint Joseph. Dire que les cœurs de Jésus, Marie et Joseph ne faisaient plus qu’un est beaucoup plus qu’une pieuse image : c’est la réalité profonde de leur vie quotidienne selon le dessein de Dieu.
Certes Joseph n’a pas eu, comme Marie, une part directe dans la conception de Jésus, mais celui-ci lui fut donné réellement comme fils. La psychologie nous a suffisamment démontré combien la place du père est essentielle dans l’édification de la conscience personnelle, et l’humanité très sainte de Jésus ne s’est pas soustraite à cette règle. L’évangile de ce jour témoigne du parfait accomplissement de ce ministère. Non, la parole de Jésus : « C’est chez mon Père que je dois être » n’est pas un démenti de la paternité de Joseph, bien au contraire ! Par ces quelques mots Jésus atteste que Joseph a su le conduire jusqu’au seuil du mystère de la Paternité divine, et par le fait même, l’a introduit à la découverte de sa propre identité filiale unique. C’est sous la conduite patiente, attentive, aimante, vigilante de Joseph, que Jésus « a grandi en sagesse et en grâce, sous le regard de Dieu et des hommes » (Lc 2, 52). Telle est sans aucun doute la plus grande gloire de Saint Joseph : il a été le miroir de la paternité divine, qui a permis à Jésus de découvrir que Dieu est son Père.
Ce ministère qu’il a exercé en faveur du Christ, l’Église nous assure qu’il continue de l’assurer en faveur des membres de son Corps, c'est-à-dire de tous ceux qui, par le baptême et par la foi, sont « nés d’eau et d’Esprit » (Jn 3, 5). Chacun de nous est ainsi confié à la paternité bienveillante de Joseph, qui est chargé de nous conduire jour après jour jusqu’à la pleine conscience de notre filiation adoptive dans le Christ.
Oui Joseph fut vraiment le père de Jésus. Sa paternité fut partielle, certes, puisqu’il n’est pas le géniteur du Fils de Dieu. Mais elle est néanmoins bien réelle, puisqu’il assume toutes les responsabilités paternelles qui découlent de la fonction d’engendrement. Il est celui qui donne son nom au Fils de Dieu, celui qui l’inscrit dans la famille humaine en l’insérant dans sa généalogie, celui qui le nourrit, celui qui le protège, celui qui l’éduque.
La pâte humaine du Fils de l’Homme qui était aussi Fils de Dieu, a été pétrie à l’école du charpentier de Nazareth qui lui apprit à lire, à prier, à travailler. Nul doute que le tempérament et le caractère de Jésus ont été marqués par ceux de son « père » : le regard contemplatif sur la nature, le sens pratique, la ténacité et le courage, le goût de la prière solitaire et silencieuse, l’attention et la tendresse compatissante pour les démunis. Méditant sur ce mystère d’enfouissement, Bossuet disait :
« Entre toutes les vocations, j’en remarque deux, dans les Écritures, qui semblent directement opposées : la première, celle des Apôtres, la seconde, celle de Saint Joseph. Jésus est révélé aux Apôtres pour l’annoncer par tout l’univers : il est révélé à Joseph pour le taire et le cacher. Les Apôtres sont des lumières pour faire voir Jésus au monde. Joseph est un voile pour le couvrir ; et sous ce voile mystérieux on nous cache la virginité de Marie et la grandeur du Sauveur… Celui qui glorifie les Apôtres par l’honneur de la prédication, glorifie Joseph par l’humilité du silence. »
Aussi ces quelques réflexions ne veulent-elles pas jeter une trop vive lumière sur celui dont toute la gloire est d’avoir été parfaitement l’ombre du Père, mais elles sont une invitation à venir nous réfugier de l’autre côté du voile, dans l’intimité de celui qui reçut autorité sur le Fils de Dieu et sur sa mère. Le pape Pie XI n’hésitait pas à écrire :
« La source de toute grâce est le divin Rédempteur ; auprès de lui se trouve Marie, dispensatrice des divines faveurs. Mais si quelque chose doit susciter encore une plus grande confiance de notre part, c’est, d’une certaine façon, la pensée que Saint Joseph est celui qui peut tout auprès du divin Rédempteur et auprès de sa divine Mère, en une manière et avec une autorité qui dépassent celles d’un simple dépositaire. »
Puisque l’Église nous le suggère, faisons donc l’expérience de l’efficacité de son intercession. Sainte Thérèse d’Avila n’écrivait-elle pas :
« Je ne me souviens pas de lui avoir rien demandé jusqu’à ce jour qu’il ne m’ait accordé… Il me semble que Dieu accorde à d’autres saints la grâce de nous secourir dans certains besoins ; mais je sais par expérience que Saint Joseph nous secourt en tout. Comme si Notre-Seigneur voulait faire voir que, de même qu’il lui était soumis sur la terre parce qu’il lui tenait lieu de père et en portait le nom, il ne peut dans le ciel rien lui refuser… Je ne me souviens point de lui avoir, depuis quelques années, rien demandé le jour de sa fête que je ne l’aie obtenu. »
Dépêchons-nous, il est encore temps de formuler notre demande !
« Saint Joseph, sois notre père comme tu fus celui de Jésus ; bénis-nous, conduis-nous, veille sur nous et garde-nous chaque jour de notre vie ; introduis-nous toujours plus profondément dans le Mystère de Nazareth et porte devant Dieu tous nos projets. »
Père Joseph-Marie.
18:15 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
Commentaires
J'vais pas si loin ; mais le fait d'être géniteur n'est pas essentiel ; quoique certains "psy" justement m'ont soutenu le contraire ; ce qui compte c'est l'engagement qu'on prends et... On fait pas toujours exactement ce qu'on voudrait faire, mais on fait ce qu'on croit nécessaire. Et Joseph, si l'histoire est bien telle qu'elle est racontée, il a dû en baver le pauvre ! Et ça, on en cause jamais. J'suis un peu trop bien placé pour en causer je crois...
Sans vouloir spécialement de fleurs ; j'aurai voulu faire plus et mieux que ce que j'ai fait ; je reste pesuadé que vaut mieux un père adoptif conscient de l'enjeu ; que ce soit celui d'un Jésus ou d'un marmot "normal" ; que d'un type qui a fait ça vite fait sur le gaz histoire de se vider les.... Et n'assume pas la conséquence de ses actes.
Avant de se lancer dans une réflexion de haute téologie, je crois qu'il faut déjà voir ça dans cette histoire : ETRE PERE C'EST ALLER AU CHARBON et ça jusqu'au bout.
Je sais que certains vont me traiter de blasphémateur. Hors justement, je reste persuadé qu'avant tout, ce type de naissance nous a été rapportée à titre de méditation morale avant que théologale. Et à l'heure des inséminations artificielles ; qui soit dit en passant me gênent un brin, y'a tant de mômes abandonnés ; on devrait aussi se poser la question :
C'est quoi un père ?
Bien fraternellement
Samuel
Écrit par : Samuel | 19/03/2007
Cher Bruno,chers amis,
Comme Père Joseph- Marie , j 'aime beaucoup Joseph. Pourquoi? Tout d'abord, parce que, jusqu'à sa mort, sa mission n'a été que service et don de lui . En elle, il y a cette sollicitude du Père. Et quand Jésus a voulu nous confier le secret de sa relation avec son Père, spontanément lui est venu aux lèvres:"Abba,Papa! ",le premier mot de son enfance quand il tendait les bras vers Joseph.
J'aime Joseph parce que c'est un homme "juste":il assume ses responsabilités avec discernement et sagesse.Cette justice, il l'exerce jusqu'à sa mort, en particulier dans l'éducation de Jésus.
J'aime Joseph parce qu'il est courageux : il a dit "oui" au plan inoui de Dieu que l'Ange lui révèle'(Matthieu 1,20-25).Il est celui qui, à Bethléem, voit les portes de l'auberge se fermer; celui qui risque tout pour sauver l'Enfant Jésus de la folie enfanticide d'Hérode; celui qui ,avec Marie , accepte de ne pas comprendre Jésus retrouvé au Temple parmi les docteurs de la loi.
Qui , mieux que lui, peut suggérer l'équilibre entre l'usage de la raison et de la prudence pour sa famille et le risque de la foi ?
Enfin, J'aime Joseph pour son silence.En effet, Les Evangiles ne nous rapportent aucune parole de Joseph.Mais ce silence est très éloquent, il parle bien plus que bien des discours.
Cette histoire se poursuit aujourd'hui, et Jésus désire que nos vies et nos familles en témoignent. Que Joseph nous aide à jouer avec justesse notre partition dans la grande symphonie de L'Amour !
Votre soeur Brigitte
Écrit par : Brigitte | 20/03/2007
Cher Samuel,
Je ne sais dans quelles pattes de psy débiles vous avez affronté tant d'humiliations. Mais, je puis vous affirmer que ce n'est pas le géniteur qui est le père. Ce serait trop facile. C'est la personne qui l'élève dans le bon sens du terme. Qui élève son coeur, sa personnalité, ses sens, ses sentiments, sa raison etc...etc.
Et non celui qui a tiré un coup et s'est barré !
Vous avez une conception tout à fait juste de l'éducation. Aller jusqu'au bout d'un être est également ma devise.
Mais, il faut savoir une chose, Cher Samuel, il n'existe pas de bons éducateurs ou de bons pères.
Pourquoi ?
Parce que nous commettons tous des erreurs quoique nous le voulions.
L'Amour que nous portons à nos enfants est le baume qui cicatrisent les blessures de nos manques.
A partir du moment où un enfant se sent aimé et respecté dans ce qu'il est. Il accepte plus facilement nos manquements.
Nous sommes Humains et il n'existe pas de super éducateurs ou de super pères.
Alors, celui qui s'est barré et n'a pas contribué à son élévation humaine. Je pense que dans ce domaine les psychologues de mes deux feraient bien de fermer leur gueule.
Continuez selon votre conscience et ne vous préoccupez pas des châtrés de tous bords.
Je vous remercie pour votre témoignage !!!
Très Fraternellement, Bruno.
Écrit par : BRUNO LEROY. | 23/03/2007
Chère Brigitte,
L'Amour que vous portez à St Joseph vous honore. Cependant, j'aimerais apporter quelques précisions disons historiques et théologiques lorsque vous parlez de son silence.
En effet, les évangélistes ont préférés occulter un peu sa présence pour qu'il n'y ait pas confusion entre le père terrestre et le Père Divin, Dieu. Il était difficile pour eux de mettre en avant Joseph alors que Jésus s'adressait de plus en plus à Dieu Son Père.
Deuxièmement, son silence est total par la suite puisqu'il n'assiste pas même à la crucifixion de son fils. La raison en est simple. Joseph est mort très jeune ( vers 40 ans ) et selon les historiens d'une crise cardiaque. Voilà les raisons principales de son silence et non dans une démarche spirituelle.
Cela n'enlève rien à la Grandeur d'âme du père terrestre de Jésus. D'ailleurs, c'est lui qui a voulu l'appeler " Jésus "= Dieu Sauveur, plutôt qu'Emmanuel= Dieu avec nous. Ce qui est beaucoup plus pertinent et démontre que Joseph avait une réelle autorité sur son Fils. Entendons par là que c'est lui qui a pris en main totalement son éducation et l'a formé au travail de charpentier, comme il est souvent souligné dans les évangiles.
Donc, un immense Homme de Dieu, symbole des éducateurs. Un Homme confiant, c'est-à-dire qui avait la Foi. Mais, je tenais toutefois à vous préciser ses points historiques qui me paraissent essentiels car, nous pouvons dire que Jésus a été également orphelin très tôt. Troublant dans le sens où il n'a pas trouvé ce motif pour ne plus croire en l'Amour de Dieu. Donc, cela montre bien que Jésus avait une part Divine en Lui qui le rendait certain de l'existence de Dieu le Père.
J'aime également beaucoup Joseph qui demeurera un silencieux de l'histoire chrétienne ayant fait son devoir dans l'ombre.
Il est le guide de bon nombre de Parents et d'éducateurs chrétiens.
Je vous remercie pour votre intervention très spirituelle qui donne un Souffle nouveau à ce Blog !!!
Très Fraternellement, Bruno.
Écrit par : BRUNO LEROY. | 23/03/2007
Merci... Y'en a qui devrait lire ça, ça leur ferait les panards ! Si ils l'avaient pigé, j'en aurait bavé un tout petit peu moins ! Pasque le boxon c'est pas le drôle, c'est les autres, tous ces gens qui prétendent connaitre tout, tout savoir, mieux que celui qui le vis ! Comme si j'avais l'air d'un mec qui perds la boule ! Enfin, tout ça c'est fini, ma mission va passer dans une autre dimension et le gamin, c'est maintenant presue un homme qui devra larguer les amarres pour afronter ses propres tempêtes...
Bien fraternellement
Samuel
Écrit par : Samuel | 23/03/2007
Vous auriez eu eu un père comme le mien , vous vous poseriez la question chaque jour de votre existence !
Écrit par : khate | 25/03/2007
Chère Kathe,
A qui ce cri du coeur s'adresse-t-il ?
Il est vrai que certains pères ou mères ne méritent pas même ce vocable. Il suffit de voir la chanteuse Barbara qui s'est lancée dans la création artistique et poétique pour exorciser le viol que son " père " avait commis contre elle étant jeune. Une blessure qui ne s'est jamais cicatrisée !
Mais, faut-il faire d'une exception une généralité ?
J'espère que " Non " sinon ce monde serait bien pourri jusqu'à la moelle.
Très Fraternellement, Bruno.
Écrit par : BRUNO LEROY. | 26/03/2007
Loin de moi la pensée de faire d'une exception une généralité ! pas mon genre !
En vous entendant "vanter" les devoirs et le rôle d'un "géniteur" ce cri du coeur comme vous dites est parti tout seul et c'est en revenant vous lire que j'ai "redécouvert " ce que j'avais écrit , vous savez , faut pas m'en vouloir mais je suis comme ça , je fonctionne à l'instinct puis j'oublie vite l'instant où je "crie" ma douleur . Je ne connais ni la rancune ni la vengeance et c'est bien ainsi !
Mon père était violent et injuste , peut-être était-il dérangé ? mais je lui ai jamais cherché d'excuses !
Toute ma vie j'ai essayé d'être son contraire , je voudrais tellement avoir réussi (un peu)
Écrit par : khate | 27/03/2007
Chère Kathe,
Je comprends très bien ce que vous avez dû endurer.
Je ne fais pas que l'apologie des pères " géniteurs ". Lisez ma réponse à Samuel et vous comprendrez mieux qu'il ne suffit de mettre un enfant au monde pour l'aimer.
Un étranger peut être plus constructif qu'une représentation paternelle négative.
Je ne puis vous dévoiler toute ma vie sur ce sujet. Et pourtant, je sais de quoi je parle...
Vous avez raison de n'éprouver aucune rancune, ni esprit de vengeance.
C'est en ce sens que j'avais compris votre mot.
C'est pour cette raison que je vous aime beaucoup car vous êtes vraiment Humaine !
Et il n'y a pas de honte à exprimer ses colères, ses cris, ses souffrances, ses joies aussi...
Malheureusement, notre société adore les personnes silencieuses qui n'osent pas dire le fond de leurs pensées.
Tout le monde devient progressivement formaté inconsciemment.
Restez Humaine telle que vous êtes, c'est comme ça que nous vous aimons et moi le premier !
Bon Courage à Vous dans les combats que vous menez !
Belle Journée, Chère Kathe !!!
Très Fraternellement, Bruno.
Écrit par : BRUNO LEROY. | 27/03/2007
Sur la réponse de Bruno à Khate : oui, c'est ça qui mine ce monde ; ce formatage des esprit... et entretenu en plus. Bien fraternellement.
Écrit par : Samuel | 27/03/2007