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03/05/2006

LA PROVIDENCE DE DIEU.

Après les grands drames de notre temps, après les progrès de la science, est-il encore possible de croire que Dieu intervient dans notre monde en faveur de l’Homme ? Croire à la Providence est une invitation en ces temps incertains à vivre les événements dans la confiance.

Après les grands drames de notre temps, après les progrès de la science, est-il encore possible de croire que Dieu intervient dans notre monde en faveur de l’Homme ? Croire à la Providence est une invitation en ces temps incertains à vivre les événements dans la confiance.

La sagesse biblique nous propose l’image de la traversée du désert. En marche vers la Terre Promise, Israël apprend à vivre en totale dépendance. Dans cette insécurité Dieu donne l’eau et le pain. Dur apprentissage mais joyeuse découverte d’une proximité attentive.

Mais la Providence ne saurait être séparée d’une action qui m’implique. Un jésuite du XVIIe siècle récapitule le principe de son action « Confie-toi à Dieu comme si le succès des choses dépendait entièrement de toi et en rien de Dieu ; donne-toi cependant pleinement à l’œuvre comme si tu ne devais rien faire, et Dieu seul toute chose ». Une autre image, empruntée à saint Paul (1Corinthiens 3,7) « C’est à nous de bien planter et de bien arroser ; mais donner la croissance, cela appartient à Dieu ».

Après les grands génocides du XXe siècle, comment croire à la Providence ? La réflexion chrétienne a conduit à une compréhension plus profonde de la solidarité du Christ avec toutes les victimes du mal : l’Agneau immolé clame l’innocence de Dieu, sa descente en notre mal pour nous en libérer.
Le progrès scientifique et technique, de son côté, n’apporte-il pas aujourd’hui ce que les générations attendaient de la seule Providence ? On pourrait répondre que Dieu ne déserte pas l’Homme, pas plus qu’il ne l’infléchit du dehors : il l’habite et le travaille du dedans. C’est pourquoi l’Evangile invite à accueillir l’événement avec confiance« le Maître est là, Il t’appelle » (Jean 11,28). Néanmoins, Dieu n’agit pas que dans le cœur des hommes, comme si l’univers n’était qu’un décor de théâtre. Il se sert aussi du concours de toutes les créatures. Et saint Ignace d’inviter à « Regarder comment Dieu habite dans les créatures, dans les éléments en leur donnant d’être, dans les plantes en les faisant sentir, dans les hommes en leur donnant de comprendre, de même en faisant de moi son temple, puisque je suis créé à la ressemblance et à l’image de sa divine majesté ».
Seul le regard de l’amour peut découvrir dans les événements l’intention de l’Amour. C’est pourquoi la foi qui est une lumière sur ce qui vient, peut nous aider à faire une lecture des événements et y découvrir un dessein ; comme Marie qui « gardait toutes ces choses en son coeur et les méditait en silence ».

Il faut retrouver le sens profond de la Providence si nous voulons prétendre à une existence vraiment chrétienne. La prière de Jésus est toujours en situation : baptême, désert, choix des disciples, cène, agonie… Jésus prie son Père pour que Sa volonté s’accomplisse. Il arrache l’événement à la banalité comme à la puissance de l’Ennemi pour le remettre entre les mains du Père. L’oraison transforme notre regard sur les personnes et les choses pour y reconnaître ce que Dieu attend de nous. Dieu est à l’ouvrage. Ma vie, nos vies sont un chantier où le Maître embauche.

« Demandez, déclare Jésus, et on vous donnera ». Quiconque demande, reçoit » (Luc11,9-10).
Suffit-il vraiment de demander pour obtenir ? Faut-il même demander ? A qui et comment convient-il de demander ? Prier pour quoi faire ?
Quand les disciples veulent apprendre à prier, Jésus leur répond par le Notre Père. Nous nous adressons à notre Père des cieux pour Le supplier d’intervenir dans nos affaires humaines. Impossible donc à un chrétien d’exclure de sa vie la prière de demande. Nous sommes et nous restons des êtres de besoin. C’est dans la détresse que s’élève le plus fréquemment le cri de la prière. Cela pourrait traduire une attitude infantile et passive devant la vie. Parallèlement, Dieu semble souvent absent, ne pas répondre à nos supplications. Pourtant l’évangile ne cesse de scander que Dieu nous entend et nous exauce. « Qu’on demande avec foi et sans le moindre doute » nous exhorte saint Jacques (1, 6). Prier avec foi, dans un élan de confiance, mais aussi avec persévérance, sans se décourager, même quand personne ne répond ou pas tout de suite. Il faut donc savoir attendre, sans se lasser, l’heure de Dieu ; comme les jeunes filles de la parabole qui attendent l’époux.

On peut tout demander… à certaines conditions. Question de foi en Dieu, Dieu qui se réserve de répondre à sa façon. Jésus à Gethsémani (Mt 26, 29) a prié « que cette coupe s’éloigne de moi ». Il ajoute « si c’est possible. Et non ce que je veux mais ce que Tu veux ». Il a été exaucé en raison de sa soumission. Il aura eu la force d’aller jusqu’au bout de sa mission pour recevoir finalement de son Père la gloire de la résurrection. Mais il lui a fallu pour cela prier et supplier « avec un grand cri et des larmes » (He 5,8).

Dans les Exercices spirituels de saint Ignace, une formule revient plusieurs fois « Demander à Dieu ce que je souhaite et désire ». Cette demande suppose qu’un désir est présent. Ce désir humain doit par étape se laisser éclairer, transformer, pénétrer par l’amour de Dieu. Lente, parfois difficile transformation de ce désir pour qu’il en arrive à rejoindre le désir de Dieu. Dieu qui désire notre bonheur et nous demande de nous laisser faire par Lui, de nous laisser conduire par Sa main. Il ne nous demande que de Lui faire confiance ! Rien alors ne nous manquera.
On peut bien tout demander à Dieu : la confiance en un Dieu Père va jusque là. Même s’il ne les exauce pas comme nous le souhaiterions quelquefois, Dieu écoute nos prières et les accueille avec bonté. A sa façon qui n’est pas toujours la nôtre. Il les exauce TOUJOURS, telle est notre foi.

Enfin, si confiante qu’elle soit, notre prière ne dispense pas de l’action. L’effort humain, la mise en œuvre de moyens humains, la recherche de solutions restent, chaque fois que c’est possible, indispensables. L’homme n’est nullement déchargé de ses responsabilités.
Mais c’est dans la prière que sera trouvée la force de faire effort, de tenir debout et de marcher envers et contre tout. « Je peux faire tout en Celui qui me rend fort » (Ph 4,13). La vraie prière chrétienne est source de courage, de patience, d’énergie, de dynamisme. La vie n’en sera peut-être pas rendue plus facile, les obstacles ne seront pas magiquement supprimés. Mais nous ne serons plus seuls. Quelqu’un sera là avec nous « Ne crains pas, je suis avec toi » (Is 43,5). A travers nos prières, au-delà de toutes nos demandes, n’est-ce pas au fond ce que nous demandons, ce que nous désirons ; que Dieu soit là, présent dans chacune de nos existences, qu’Il nous aide à chaque moment à vivre et agir ?
Présence du Seigneur au cœur de nos vies humaines : c’est cette présence « providentielle » que la prière nous aide à retrouver, c’est elle qui nous donne la force d’avancer. Acte de foi et d’espérance où nous puisons la force de vivre et d’aller de l’avant, avec la grâce de Dieu.



Cet article est directement inspiré de la revue Christus, n°174, avril 1997.

10:28 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

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