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16/05/2006

LA SEXUALITÉ EST SPIRITUELLE ET CHARNELLE.

La sexualité est à la fois charnelle et spirituelle . La sexualité est, d'abord, spirituelle parce que celle-ci a été créée. Dieu a créé un couple bisexué, mâle et femelle (en hébreu «percée»), l'a doté des pouvoirs de procréativité et il qualifie ce qu'il a fait de «très bon» (Gn 1.27-28.31). Ce couple que Dieu a formé est homme et femme, les deux os et chair, qui, unis sexuellement, sont une seule chair (Gn 2.22).

La sexualité s'exprime par le corps, par la sensualité, par ses désirs et ses plaisirs. La sensualité est un subtil mélange entre les sensations physiques et les émotions psychiques. Dans le Cantique, elle (l'épouse) veut qu'il (l'époux) la touche, la goûte, la voie, l'entende, la sente. Elle veut qu'il la désire, jouisse d'elle, se repaisse d'elle: sa bouche, ses lèvres, sa langue, ses seins, ses cuisses, son sexe, son corps entier sans réserve ! C'est un don de présence. C'est l'invitation «que mon amour vienne dans son jardin» (Ct 4.16) que la jeune mariée lui lance pour qu'il se repaisse de ses charmes. C'est l'invitation de l'épouse: «Viens, mon amour… aux vignes… Là je te donnerai mon amour» ( dôdim , 7.13).

La sexualité est charnelle parce qu'elle est du corps. Dans le Cantique, le couple fait ses délices des membres du corps de l'autre (5.10-16, 6.4-7, 7.2-6). Sans corps, le désir et le plaisir n'existent pas. Le désir est sensuel. Il relève d'un sens: le toucher, la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût. Plus les sens sont engagés et stimulés, plus fort est le désir. Le désir est poussé par les sens et cherche la personne désirée qui, seule, peut le satisfaire. On comprend pourquoi, dans le Cantique, pour exprimer le désir, tous les sens sont engagés au maximum. C'est la sensualité. La sexualité et la sensualité vont de pair et elles sont inséparables. Chacun des sens est augmenté au point qu'ils débordent. Le débordement du désir, c'est le moment où, dans la sensualité, le désir et le plaisir s'entremêlent. Le désir et le plaisir se confondent.

La traduction du désir en plaisir est charnelle. C'est la réponse physique et psychique à l'appel du désir. Le plaisir relève d'un acte: un mot tendre, un baiser, une caresse, on fait l'amour. Plus intenses sont ces actes, accomplis avec tendresse et affection, plus grand est le plaisir.

«Sa main gauche est sous ma tête et sa droite m'enlace» (2.6, 8.3)

Les préliminaires à l'acte sexuel sont essentiels, non seulement pour éveiller le désir, mais pour que cet acte soit fait avec tendresse. Qu'elle dise «Qu'il me baise des baisers de sa bouche car faire l'amour avec toi m'excite plus que du vin» (1.2) exprime son désir pour ce jeu amoureux, car ceci augmentera son plaisir, sa jouissance. Ce sont les baisers profonds, à pleine bouche (4.11). Ses caresses lui donnent du plaisir: «Mon chéri pour moi est un sachet de myrrhe; entre mes seins il passe la nuit.» (1.13) Qu'il dise «Tes deux seins sont comme deux faons» (4.5) exprime le plaisir qu'il prend en les caressant, de l'effleurement à la pression tendre. Les seins stimulent le mari et sont pour lui les monts «emmyrrhés», encensés, embaumés (2.8,17, 4.6, 8.14) . Comme le dit un proverbe: «Que ses seins te comblent en tout temps. Enivre-toi toujours de son amour.» (5.19) Elle désire que dans l'étreinte de l'amour «Sa main gauche soit sous ma tête et sa droite m'enlace» (2.6, 8.3). Cette main «libre» caresse et enlace tendrement. La jouissance complète de la femme est parfois longue à venir. Elle a besoin de caresses précises et rythmées, ce que le mari a parfois du mal à comprendre. Comme l'exprime E. Fuchs: «Il faut construire le couple avec toute l'attention requise, en réactivant toujours à nouveau l'élan érotique premier, le désir de l'autre, même si les formes d'expression de ce désir vont évoluer et se transformer au gré du temps.»


Le Cantique des cantiques est ainsi le cantique d'amour par excellence . L'amour célébré dans le Cantique est la sexualité humaine. La sexualité, avec ses désirs et ses plaisirs, est pure, sainte et saine, car elle relève de l'œuvre bonne créatrice de Dieu. Ce véritable amour unit deux créatures sexuellement différentes mais parfaitement complémentaires: «L'un face à l'autre, l'un pour l'autre, dans un amour où le charnel est spirituel, où le spirituel est charnel.»  

Cet amour, avec son expression dans la sexualité, trouve son modèle dans l'établissement divin du rapport d'alliance. L'alliance depuis la création encadre le mariage scellé par l'union sexuelle, où lui en elle et elle ayant en elle lui, font des deux un. Cette affection et cette tendresse réalignent le couple et le stabilisent au sein des vicissitudes et des peines de la vie de tous les jours.

Le désir pour l'autre et le plaisir avec l'autre définissent le caractère charnel et spirituel de la sexualité: un don de soi, corps et âme, qui est à son tour un don divin (8.6). La sexualité finissant en unissant l'homme et la femme dans le mariage permet aux deux — que Dieu a faits l'un pour l'autre — de s'accomplir mutuellement et exclusivement dans les joies de l'amour humain.

 * R. Bergey est professeur d'hébreu et d'Ancien Testament à la Faculté libre de théologie réformée d'Aix-en-Provence.

15:55 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

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