19/05/2005
DONNER DU SENS AU TEMPS.
Peut-on donner du Sens au temps ?
Notre société n'a pas la régulation du temps. Logiquement, au-delà d'un certain niveau de développement économique, on devrait pouvoir choisir entre plus de biens, plus de temps. Le problème est que la demande sociale est hétérogène. Plus d'une personne sur deux préfère une augmentation de revenu plutôt qu'une augmentation du temps. Inversement, 20 à 30% des salariés seraient prêts à réduire leur temps de travail et leurs revenus. Ces statistiques sont valables pour les pays dits industrialisés. Ce serait un moyen de partager l'emploi et de diffuser les responsabilités.
En général les personnes qui expriment cette demande ont des projets personnels qu'ils veulent développer. Le temps, c'est la ressource du sens, la ressource du lien social, la ressource de l'emploi. Chaque fois qu'il y a une conduite d'intériorité, elle se traduit dans un rapport au temps différent, " il se passe alors des choses ".
Notre société aurait besoin de recréer du droit au temps choisi. Le temps choisi est la ressource du lien social et directement de l'emploi : c'est une ressource de créativité, de réinsertion, d'initiative. La question du temps va au-delà de la seule question du partage du travail. C'est une régulation de fond sur notre société postindustrielle : elle offre aux personnes des formes de participation sociale, reconnues, autres que le travail.
Pour prendre du temps, il faut une forte intériorité, une forte motivation, parce qu'on est un peu dans le vide social. Ne faudrait-il pas construire davantage de formes de participation à la vie sociale, liées au temps libéré ( vie associative, vie familiale, vie communale ). Pourquoi ne pas susciter des conventions entre entreprises et collectivités locales ou mouvements associatifs, pour construire des structures de participation à la vie sociale ? Là est toute la question du bénévolat. Ne faut-il pas construire des positions de bénévolat un peu plus structurelles ? Le bénévolat occasionnel doit rester souple.
Il faut éviter l'utilitarisme, sans tomber dans le don sacrificiel. Le christianisme en a beaucoup abusé, il faut trouver ce qui est entre les deux. Dans une pensée utilitariste, le raisonnement "marginal", fait qu'on ne sait plus dire qu'on est ensemble. Dans une famille on donne, on espère recevoir, sans savoir quand on recevra, bref on ne conditionne pas son don. Pour qu'il y ait vie sociale, il faut à la fois compter et ne pas compter. Si l'on ne compte pas, on a des phénomènes de domination et l'on peut aboutir à une révolte. Si l'on ne fait que compter, cela devient intolérable.La nouvelle écologie du temps consisterait à en finir avec ce découpage en séquences étanches : travail, transport, famille, obligations sociales.
Tous ces temps contraints broient nos vies comme des meules. L'individu a supporté trop longtemps seul les incohérences de ce système. Il faut que les entreprises, les services publics, les organismes de transport, le réseau commercial, le système scolaire, bref, tous ces grands producteurs de temps contraint portent une part de fardeau que la personne paie aujourd'hui en fatigue et en stress. Il ne s'agit pas d'inciter à en faire moins, mais de parier sur son esprit de responsabilité. Et donc d'introduire partout de la flexibilité afin de donner du sens au temps et par voie de conséquence à la vie sociale, relationnelle. Il serait temps de retrouver la gestion du temps pour mieux gérer son existence en lui donnant une qualité propre selon, nos désirs profonds. Notre temps sur terre n'est qu'une étoile de passage. Il est dommage d'éteindre sa lumière par des contraintes que nous pourrions négocier pour vivre mieux. Donner du sens au temps, sera la dimension écologique et mentale la plus importante des siècles à venir.
BRUNO LEROY.
ÉDUCATEUR DE RUE.
21:45 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans PHILOSOPHIE | Lien permanent | Commentaires (6) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
Commentaires
Bonjour,
Tellement vrai tout ça, et certainement issu d'une longue expérience.
Je vais encore une fois faire la correctrice ... (je me fais toute petite...), mais il y a deux répétitions (à moins qu'elle soit voulue ?) : "Pour prendre du temps ... social" et "tous ces temps broient nos vies comme des meules".
Bonne soirée
Amicalement
Écrit par : radotages | 20/05/2005
Ah non, s'il te plait, c'est moi qui suis sensée "radoter" ...
J'aime ce que tu écris, et je voulais également te remercier de m'avoir "inscrite" dans tes liens.
Amicalement
Écrit par : radotages | 20/05/2005
Petite remarque à radotages - il faut écrire censée et non sensée puisque vous donnez dans la correction ... mais est-ce si important ?
Petite remarque à BL , 46 ans ce n'est pas vieux et il faut dire que c'est parfois crispant de taper sur ces miniscules carrés . Je vous remercie beaucoup pour votre plume laudatrice à mon sujet.
Vous ai-je transformé ?
je parlerai de vous à ma fille qui souhaite devenir éducatrice .
Écrit par : colette | 23/05/2005
Votre note est intéressante.
Le temps est ce que l'on doit retrouver d'un point de vue métaphysique, philosophique. Le rapport au temps c'est le rapport au monde.Je ne crois pas qu'il faille socialement le régenter.Nous sommes déjà que trop dépossédés de nous-mêmes.
Ce qui me choque le plus dans la société d'auj. c'est la dévalorisation du travail, le nombre de sans travail alors que les plus vieux d'entre nous meurent à la canicule comme d'autres au tsunami. Non vraiment je crois qu'il faut s'intérioriser, devenir des Etres et non des robots dont on mâcherait jusqu'aux pensées - voyons l'obésité, le manque d'effort grâce aux bagnoles, à la télé et si vous me permettez à la merdasse qu'on nous fait manger.
IL faut dévellopper + de spiritualité, habituer nos enfants et les enfants à la beauté matérielle , la beauté de ce monde et surtout à la beauté des émotions, des sentiments, réveiller en chacun la noblesse. Ce mot est très important d'où découlent le courage, la foi, l'amour, le respect, la droiture, l'énergie invincible...la vérité...
Méfions-nous du social verbiage du vide parfois, semblant d'humanité relation du bout des lèvres . Je viens de l'école public et non catho et je sais ce que cela veut dire . Uniformisation, cassage de l'Idéal, avoir des connaissances sans pour autant développer l'Etre sauf en Philo discipline illuminante pour moi.
Mais je sais du moins je pense que vous n'êtes pas à amalgammer avec tous ces souffreteux de la vie ...
J'attends votre réaction.
A bientôt.
Écrit par : colette | 23/05/2005
Bienheureuse de trouver votre réponse ce matin et très touchée aussi que vous livriez à tous ceux qui ouvriront les commentaires votre chemin.
Le séminaire ne vous aurait peut-être pas donné l'occasion de vous donner à rencontrer tous ces êtres blessés et il est heureux et même réconfortant de savoir que de telles rencontres puissent avoir lieu. J'ai beaucoup de pensées pour tous ceux que la société laminent, j'ai lu votre note sur les orphelins elle est très touchante. Puisssent les enfants, nos enfants la lire. Comme je suis d'accord avec vous lorsque vous dites :
"La plus grande saloperie que l'on puisse faire aux jeunes est de les priver de toutes vies intérieures !" N'est-ce pas l'oeuvre du malin de s'attaquer aux enfants?
Ma fille est pleine d'exigences et les valeurs que vous évoquez je pense qu'un jour, quand elle aura pansé certaines blessures, elle pourra les donner, les partager avec tous ses frères et soeurs . J'ai confiance dans le Seigneur. Quand on a soi-même porté sa vie comme Jésus sa croix alors, quand on écoute son coeur on le laisse nous guider, alors l'Amour devient plus fort que la Mort.
Mort, nos enfants sont dans ce monde qui transpire la mort, fourvoyés dans des chemins faits de ronces et mauvaises herbes - que certaines ils aiment à fumer, boire et s'injecter - et combien d'adultes ne veulent pas le voir, le croire et le dénoncer. Combien d'adultes, démissionnaires ou inconscients cautionnent cela au nom d'une liberté qui n'est que géole. S'ils pouvaient voir que les prisons ne sont pas celles que l'on croit, mais celles qui possèdent nos âmes, tel un démon. (cf TV et autres laideurs que l'on sert pour asservir.Et certains osent dire que la religion est l'opium du peuple. Le démon est celui qui torsionne la beauté) .
Dans quelle région vous trouvez-vous?
A bientôt.
Écrit par : colette | 24/05/2005
Petite remarque à Colette : effectivement, lorsque j'écris, c'est le coeur qui parle ... et je ne fais pas nécessairement attention aux fautes que je peux faire. Je n'ai absolument aucune prétention de "correctrice", et l'auteur, ainsi que vous avez pu certainement le constater, a été plutôt satisfait que je le lui fasse remarquer, ce qui lui a permis de corriger.
Écrit par : radotages | 24/05/2005
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