30/04/2006
AIME-TOI LA VIE T'AIMERA.
Robert Laffont
C'est être davantage à l'écoute de nos sensations. Cela ne signifie en rien annuler notre capacité de raisonnement, et encore moins suivre aveuglément des croyances absurdes qui nous séduiraient d'autant plus qu'elles sont déraisonnables.
" Maintenant, j'ai appris à faire confiance à ce que je ressens et j'obéis à mes intuitions. " Il est tout à fait possible de tenir compte de ses intuitions comme de ses sentiments, tout en conservant tous les bénéfices d'une pensée logique et rationnelle ; d'autant que pour satisfaire ses désirs, il faut le plus souvent user de toute son intelligence… et qu'il est impossible de dissocier le travail mental et le monde de la sensation, un jugement rationnel et une connaissance qui serait d'avantage de l'ordre de l'intuition. Comme envisager un travail intellectuel qui n'utiliserait pas sans cesse les informations que lui apportent les sens, le cerveau étant seul capable de les mettre en mémoire, de les classer, de les analyser, et surtout d'en apprécier toute la richesse ? Et il n'est pas de construction imaginaire, mise en forme d'une idée, élaboration d'un système de pensée, qui ne s'accompagne de tout un cortège de sensations : aussi bien les douleurs qui sont celles d'un accouchement que les satisfactions profondes que procure toute œuvre aboutie ?
Toute création n'est-elle pas le produit d'un travail acharné et de cette intuition fulgurante qu'est l'inspiration ? ne permet-elle pas de faire l'expérience de cette autre partie de nous même qui vit, pense, crée… en continuité avec la volonté de créer, mais échappent toujours un temps à cette volonté ? " C'est pas volontaire, c'est malgré moi… ce n'est pas l'œil qui surveille la main, non, c'est l'œil qui suit la main. J'y vais sans réfléchir ; mais en même temps, je sais où je vais… " (Giacometti, entretien télévisé).
Le travail préalable, qui peut-être laborieux pour ne pas dire douloureux, est totalement indispensable à cette émergence soudaine du mot juste, ou de note parfaite : il semble que nous mettions en marche en système qui va ensuite, sous l'effet de cette impulsion, être capable de fonctionner de façon autonome. Ne voyons nous pas en effet s'imposer à nous telle image, telle phrase, telle mouvement, telle musique… à l'instant même où nous cessons tout effort de réflexion ? La réflexion peut parfois succéder à l'élan créateur et non le procéder : " ce n'est qu'après coup que je comprends pourquoi j'ai écrit certaines paroles de mes chansons ; sur le moment, elles me viennent sans réfléchir. "
Ne nous sommes-nous pas alors le spectateur privilégié d'une création qui s'impose à nous comme si nous étions enfin récompensés de nos efforts passés par une inspiration quasi divine ? N'avons-nous pas la sensation d'être le transmetteur d'un message venu d'ailleurs, message dont nous essayons d'être l'interprète le plus fidèle possible… ?
11:50 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans LITTÉRATURE. | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
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