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31/05/2006

LA VISITATION.

La salutation de l’ange Gabriel à Marie annonçait l’accomplissement des prophéties de la Première Alliance : « Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi » (Lc 1, 28-33). La joie messianique peut enfin éclater. La fille de Sion, Marie, porte en son sein le Messie, le Fils du Très haut venu sauver son peuple (Cf. Lc 1, 32). Elle est la nouvelle Arche d’Alliance qui contient en elle la présence de Dieu.
A ce titre, on peut établir un parallèle entre la montée de Marie en Judée chez Elisabeth et le transfert de l’Arche d’Alliance par David vers Jérusalem après sa reprise aux Philistins (Cf. 2 S 6). Dans l’exclamation d’Elisabeth : « Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » (Lc 1, 43), n’entendons-nous pas celle de David qui s’écriait : « Comment ai-je ce bonheur que l’Arche du Seigneur entre chez moi ? » (2 S 6, 9) Dans la joie de cette même Elisabeth lorsqu’elle voit venir à elle sa cousine, ne retrouvons-nous pas celle du peuple de Jérusalem et de David qui chantaient et criaient leur allégresse à l’arrivée de l’Arche ? David qui danse devant l’Arche n’annonce-t-il pas aussi le tressaillement de Jean-Baptiste sous l’action de l’Esprit Saint dans le ventre de sa mère ? Remarquons enfin que tout comme l’Arche, à son arrivée à Jérusalem, allait demeurer trois mois chez Obededom qui allait voir ainsi toute sa maison bénie (2 S 6,11-12), de même Marie va demeurer trois mois chez Elisabeth et, bénie entre toutes les femmes par le fruit béni de son sein, va attirer la bénédiction de Dieu sur la maison de Zacharie.
Marie, fille de Sion et demeure de Dieu, représente aussi le peuple d’Israël qui voit son Seigneur venir planter sa tente au milieu de lui. Cette identification de Marie à Israël, structure tout le cantique du Magnificat que l’évangile de ce jour nous donne la joie de réentendre.
Ce dernier commence par l’action de grâce de l’humble servante qui réfère toute louange à Dieu seul : « Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur... » Cette action de grâce personnelle va devenir ensuite action de grâce collective de tout le peuple : « toutes les générations me diront bienheureuse ». L’exultation de Marie s’achève enfin avec la figure d’Abraham : « Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d'Abraham et de sa race à jamais. » De Marie à Abraham, de l’accomplissement à l’origine première de la foi dans la promesse, c’est toute l’histoire du salut qui est ici récapitulée dans toutes ses dimensions, personnelles et communautaires.
En Jésus, le Fils de Dieu devient fils de Marie et Dieu vient résider au sein de son peuple. Désormais, le lieu de l’Alliance vivante de Dieu avec son peuple n’est plus l’Arche de bois mais l’esprit et le corps de la Vierge qui le reçoit.
Devant la grandeur du mystère de salut qui s’est accompli il y a deux mille ans et qui s’actualise aujourd’hui encore pour nous, laissons-nous saisir par la joie de Marie et d’Elisabeth. Avec Jean-Baptiste, tel un nouveau David, bondissons de joie à l’accueil du Verbe incarné qui vient visiter son peuple. Oui, derrière cette jeune femme qui vient rendre visite à sa cousine, c’est le Verbe qui visite son précurseur et qui, en le consacrant et le sanctifiant par l’Esprit, prépare les visites du Verbe au sein de la Nouvelle Alliance.

« Seigneur, avec Marie, ton humble servante, nous te glorifions pour cette merveille. Donne-nous cette grâce de l’humilité, de la pauvreté de cœur, pour que nous sachions reconnaître dans la banalité d’un tel événement la réalisation d’un si grand mystère. Sans aucun mérite de notre part, tu es venu nous sauver pour nous donner part à ta divinité et à ton éternelle sainteté. Avec Marie, nous chantons : « Le puissant fit pour moi des merveilles, saint est son nom ». Oui Seigneur, en ce jour, nous invoquons ton Nom qui est saint. En lui, notre esprit exulte et notre âme est en fête, car il est le seul Nom qui nous sauve : Yeshua, Dieu Sauveur. Amen, Alleluia. »

fr. Elie

10:24 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans SPIRITUALITÉ | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

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