03/07/2006
JÉSUS DORT...
Jésus dort. Jésus dort dans la tempête. Si la question pouvait se poser,
voilà sans doute un épisode que nous aimerions bien effacer de l'Évangile,
pour éviter qu'il ne prenne corps dans nos vies ! Combien de crises
avons-nous traversées avec ce sentiment désagréable d'être seuls dans la
barque ? Pire, avec le sentiment que Jésus nous a abandonné dans la tempête
? Certes, même dans ces moments-là, nous savons bien qu'il est là, puisque
la foi nous le dit. Mais l'expérience nous dit aussi que nous ne maîtrisons
alors plus rien et que tout semble reposer sur nous seuls. Tirons au moins
une consolation de voir que les apôtres eux-mêmes ont été déconcertés par ce
genre de situation et réjouissons-nous que Jésus nous apprenne comment les
vivre !
En premier lieu, les circonstances montrent qu'il ne s'agit pas strictement
d'un problème de foi. Les apôtres avaient la foi pour choisir de monter dans
la barque avec Jésus. Ils avaient même une foi grande, qui leur permettait
de voir en Jésus, endormi, leur unique sauveur : « Seigneur, sauve-nous,
nous sommes perdus ». Voilà d'ailleurs une interpellation qu'il ne faut
jamais hésiter à faire nôtre.
Pourtant, Jésus reproche bien à ses disciples leur manque de foi et, en
illustration de sa maîtrise des éléments et des événements, il calme alors
la mer et les vents. Comment nous expliquer cette contradiction ? Que notre
foi n'est jamais ni assez grande ni assez pure, nous le savons bien. Faut-il
vraiment passer par ces frayeurs pour l'apprendre ?
Peut-être la clé de lecture de ce texte est-elle dans l'interpellation des
compagnons de Jésus. Que font-ils ? Ils cherchent à réveiller Jésus. Ils ont
perdu la maîtrise des événements et cherchent un moyen de la reprendre (et
vite, car le naufrage peut venir avec chaque vague). L'attitude que dénonce
Jésus est donc celle qui conduit à donner plus d'importance à ce que nous
pouvons faire de notre vie qu'à ce que la foi nous permettrait d'en faire.
En effet, dans cet épisode, ce ne sont pas les disciples qui réveillent
Jésus, mais Jésus qui réveille leur foi chancelante ; il était nécessaire
qu'il le fasse un jour de grande tempête. Quand les jours nous sourient,
nous avons tôt fait de nous attribuer les succès rencontrés ou de nous faire
croire que notre réussite est conséquence de notre fidélité au Seigneur. Or
la foi ne s'exprime pas dans ces registres. La foi nous permet de nous
conduire en enfant de Dieu, elle nous donne de faire une totale confiance à
notre ère des Cieux, en toutes circonstances, et à de tout recevoir de lui
avec reconnaissance. C'est cette attitude filiale que Jésus nous montre en
action et qui lui permet de dormir dans la tempête : il sait que rien ne
peut le séparer de l'amour de son Père, il sait que rien ne lui arrivera qui
ne pourrait contribuer à son bien.
Une fois les disciples interpellés, dès que leur foi est réveillée, Jésus
calme les éléments. Mais il ne pouvait intervenir avant que ses disciples
aient retrouvé une attitude de confiance et d'abandon. Jésus n'est pas là
pour nous rendre service mais pour faire de nous des fils.
La démonstration ira pus loin, nous le savons. Cet épisode est une
préparation évidente à la Passion, aux jours où Jésus, en toute confiance
malgré la solitude radicale qui écrasera son âme, s'endormira dans la mort,
pour se relever bientôt, dominant les forces du mal, glorieux jardinier du
paradis restauré. Que son interpellation soit pour nous une occasion de le
laisser réveiller notre foi, pour nous apprendre à le laisser diriger notre
vie, en toutes circonstances. Là est un des plus beaux secrets du Royaume.
fr Dominique
21:54 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CONSEILS SPIRITUELS. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : spiritualite-de-la-liberation, chritianisme | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
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