23/06/2010
Bonne fête à nos frères et sœurs québécois et canadiens français.
L'Église ne célèbre que trois naissances : celle du Fils de Dieu, celle de sa mère, et celle de Jean-Baptiste. La nativité de ce dernier fut même célébrée bien avant celle de la Vierge Marie : elle est attestée dès le IVe s. De tous les autres saints nous retenons uniquement le jour de leur naissance à la vie définitive – c'est-à-dire le jour de leur passage de ce monde à l’autre. L’exception faite pour saint Jean se fonde sur la grâce de sanctification dont il fut bénéficiaire dès le sein de sa mère, lors de la Visitation de Marie à sa cousine Élisabeth (Lc 1, 39-56). Puisque l’enfant fut purifié du péché originel et oint de l’Esprit de sainteté, il est légitime de fêter sa naissance comme la célébration de l’entrée d’un saint dans notre monde.
« Parmi les hommes, il n’en a pas existé de plus grand que Jean-Baptiste » (Mt 11, 11), dont la venue et la mission furent annoncées par le prophète Jérémie en ces termes : « Avant même de te former dans le sein de ta mère, je te connaissais ; avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré ; je fais de toi un prophète pour les peuples » (Jr 1, 5). C’est encore de lui que parle Isaïe lorsqu’il proclame : « J’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé » (1ère lect.).
Se demandant pourquoi Notre-Seigneur était né au solstice d’hiver et Jean à l’équinoxe d’été, saint Augustin remarque que celui qui a dit : « Il faut qu’il grandisse et moi que je diminue » (Jn 3, 29-30) naît au moment où les jours commencent à diminuer, alors que le Christ surgit dans le monde comme « l’astre d’en haut qui vient nous visiter pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort » (Lc 1, 78-79). Il faut cependant ajouter un motif pastoral, à savoir la lutte contre les pratiques idolâtriques. Le culte de Mithra célébrait la victoire du soleil le 25 décembre, et le solstice d’été était l’occasion de réjouissances populaires accompagnées de rituels impliquant des danses autour de grands feux symbolisant la lumière du soleil à son apogée. A la suite des Pères de l'Église, Charlemagne interdit à plusieurs reprises ces pratiques, mais en vain : la tradition païenne subsistait – et subsiste toujours ! Il ne restait plus qu’à l’intégrer dans la liturgie chrétienne en bénissant le feu, qui devint le symbole de la joie en raison de la naissance du Précurseur (S. Césaire d’Arles, Concile d’Agde, en 506). Fort heureusement, les six mois qui séparent les deux solstices et donc les deux nativités peuvent également se référer à une Parole évangélique : lors de l’Annonciation, l’Ange révèle en effet à Marie que sa « cousine a conçu elle aussi un fils dans sa vieillesse et qu’elle en est à son sixième mois ». La naissance du Précurseur précèderait donc effectivement de six mois celle du Seigneur auquel il avait mission de « rendre témoignage, afin que tous croient en lui » (Jn 1, 7).
En contemplant les feux de la Saint Jean, souvenons-nous du Feu de l’Esprit que le Christ est venu allumer sur terre : « oui j’ai vu et je rends témoignage, atteste le Précurseur : c’est lui le Fils de Dieu » (Jn 1, 34) ; « celui qui vous baptisera dans l’Esprit et le Feu » (Lc 3, 16).
Bonne fête à nos frères et sœurs québécois et canadiens français. C’est en effet en la fête de la Nativité de saint Jean Baptiste, le 24 juin 1615, à la Rivière des Prairies, que fut célébrée la première Messe au Canada. Le 25 février 1908, le pape saint Pie X confirmait la dévotion populaire en déclarant saint Jean Baptiste patron spécial des canadiens français – à côté de Saint Joseph bien sûr !
Père Joseph-Marie.
21:35 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
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