Toute ma vie, la beauté m’a ensorcelé…elle m’a ému, parfois profondément troublé. En art, une œuvre est réussie quand elle est juste, en accord avec la beauté intérieure de l’artiste. En tant que peintre moi-même, je sais que la matière n’est qu’un pauvre élément de rien du tout : un peu de poudre, de couleur, d’huile… C’est le geste de l’artiste qui est fondamental, qui m’intéresse, que je regarde en toute œuvre, en peinture, sculpture, musique, cinéma …
Voici rassemblés une soixantaine des trésors qui m’ont accompagné durant ma vie, et qui continuent à illuminer mes jours. J’essaie de raconter chaque œuvre à ma façon,de savoir pourquoi elle me touche. Ce voyage singulier et passionnant m’a conduit à m’interroger : dans ce musée personnel, pourquoi sontmystérieusementréunis la fiancée juive de Rembrandt, la Madeleine de Fra Angelico, l’humanité désespérée de Samuel Beckett, les flamboiements de Turner, le sommeil des rois mages du chapiteau d’Autun, la démesure d’Orson Welles, le regard perçant de Chardin, la folie des couleurs de Monet, la lumière dramatique du Caravage, la poésie des films de Dreyer, les dialogues de Marguerite Duras, l’art faussement naïf du Douanier Rousseau, les visions de Van Gogh, le bonheur chez Bonnard, la fraîcheur d’un vitrail de Strasbourg, l’angoisse de Munch, la foi de Giotto, les fantasmagories de Bosch, la sérénité de Corot, la puissance de Victor Hugo, etc. ?
Oui, quel est ce fil qui les relie ? Notre rapport à l’Art est profondément intime, souvent indéfinissable. Mais nos passions peuvent se communiquer, entrer en résonance chez l’autre. C’est pourquoi j’ai voulu partager mon bonheur d’admirer, offrir mes trésors de beauté. »
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