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14/06/2014

LETTRE A MON PÈRE

 

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Ces mots écrits avec le sang de mon âme, tu ne les liras jamais. Ils sont en quelques sortes mes confessions, mes effusions intimes et réellement vécues au fond de mon cœur. Tu n’auras jamais connaissance de cette missive. A quoi bon, puisque tu lis en moi comme un livre ouvert aux brises de la vie.

 

Je tenais simplement à t’écrire quelques mots face au combat intime que tu mènes comme un vaillant soldat. Mais, si tu veux bien retournons sur nos pas, vers ce que nous appelons le passé.

 

A l’époque, nous ne prenions pas conscience mes frères et moi des blessures qui suintaient en toi, tant nous étions préoccupées par notre devenir face à l’inéluctable. Je veux parler de la mort de Maman à 52 ans. Cette absence dont tu portais seul le poids de la douleur. J’étais adolescent pris dans mon histoire à vouloir construire absolument pour ceux et celles qui criaient misère dans ce monde arrogant. Je ne voyais pas les plaies purulentes qui brisaient ma Famille comme les chevaux de la mer venant se fracasser sur les rochers.

 

Et toi, Papa tu te reconstruisais aussi dans cette solitude froide et indifférente. Tu ne disais jamais rien…Parfois tu soupirais quand nous dépassions les frontières admissibles. Il fallait bien que jeunesse se passe. Mais, il me souvient, que tu étais surpris par mes choix de devenir prêtre ou éducateur et même les deux de préférence. Tu m’accompagnais au Séminaire sans mot dire avec cependant un immense respect. Tu compris instinctivement que j’avais désormais deux pères dont un qui ne te ferait pas d’ombre. Il t’aimait et t’aime toujours autant qu’il m’aime. Tu étais présent dans mes moindres avancées. Lorsque je décidais de devenir éducateur. Tu acquiesças d’un hochement de tête. Puis, la peine de la disparition de Maman s’estompa progressivement pour devenir une étoile scintillante dans le ciel.

 

Tu avais vocation de nous élever. Et je puis affirmer que cette tâche ne fut guère aisée avec nos personnalités tranchantes, souvent. Mais, tu réussis à nous élever si haut que nos pieds sont ancrés dans la terre ferme de l’existence. Tu nous as inoculé ta force sereine.

 

Maintenant, tu es au crépuscule de tes jours avec ce terrible cancer que tu combats en l’accueillant comme une évidence. Depuis ta radiothérapie, il semble figé dans son évolution. Tant mieux ! Ta présence solaire est indispensable à notre vie.

 

Souvent, je me dis que prononcer «  je t’aime » est une contraction de trois petits mots sans grande consistance. Bien-sûr, je t’aime mais cela se confond avec une profonde admiration.

 

Tu as fait de tes Fils ce qu’ils devaient être. Ce qu’ils désiraient devenir au départ et ce qu’ils sont devenus à l’arrivée. Il te fallut parfois travailler jours et nuits pour parvenir à boucler les fins de mois. A cette époque, nous n’avions pas le sens des remerciements.

 

Aujourd’hui, Papa tu es les racines de notre individualité. Grâce à tes comportements sans discours moralisateurs nous savons quel chemin prendre lorsque le chagrin nous prend.

 

Ah ! si tous les enfants du Monde pouvaient ne serait-ce que te connaître un peu, combien leur regard serait illuminé. Mais à chacun son père, à chacun son soleil et sa lumière.

 

Papa, tu coules en nos veines comme un poème tendre et romantique.

Nous sommes indépendants tout en affirmant nos convictions, comme tu l’es.

 

Pour tant de Bonheur grappillé aux moments onctueux des jours. Pour tant de combats menés comme une force de vivre au-delà de tout. Pour tant d’échecs où tu nous as appris à nous relever sans jamais baisser les bras. Pour cette Joie que tu véhicules en nous comme une brûlante tendresse. Je te souhaite une Fête des Pères à la hauteur de ce que tu représentes pour moi et mes frères.

Dans cette lettre, j’ai parlé de moi, de nous non par égoïsme mais simplement parce que nous sommes les fruits que tu as choyés pour qu’ils s’épanouissent dans ton jardin secret.

 

HEUREUSE FÊTE DES PÈRES DE LA PART DE TON FILS QUI T’ADMIRE TRÈS FORT !!!

 

Bruno LEROY

11:29 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUE DE BRUNO LEROY., LA PENSÉE DU JOUR., LA POÉSIE DE LA VIE, LA PRIÈRE DU JOUR., LE REGARD DE BRUNO. | Lien permanent | Commentaires (4) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

Commentaires

Très émouvant
Depuis 1980, j'écris aussi à l'homme le plus merveilleux , mon Père parti aussi bien trop tôt mais si présent en moi .
Bonne journée

Écrit par : Rose | 14/06/2014

Merci Rose !
Il est vrai que nous aimons parler aux personnes qui demeurent chères à notre cœur. Et lorsqu'elles s'en vont elles font partie de nous-mêmes.
Rares sont les êtres que nous adorons, que nous admirons ou aimons ayant désertés totalement notre conscience. Leur présence demeure à jamais en nous et ils finissent par habiter nos journées. Ils deviennent nos compagnons de route auxquels nous confions les vicissitudes de notre destinée. Je vous souhaite une belle journée et vous remercie pour votre sympathique message. Bien Cordialement, Bruno.

Écrit par : LEROY Bruno | 14/06/2014

Quel bel hommage à votre papa !

Écrit par : MALOU | 14/06/2014

Bonjour mon cher Bruno,
J'ai été très touché par ce texte plein d'amour fillial, de respect pour un homme qui t'a tenu la main.
Souvent je me pose la question sur sa santé et je pense à lui.
Je t'embrasse et te garde ainsi que ton papa dans mes prières.
Ta petite soeur.
Josiane

Écrit par : Josiane64 | 14/06/2014

Les commentaires sont fermés.