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11/01/2015

Ces enfants maltraités par notre silence.

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Un dicton populaire dit que le silence est d'or. Et les citoyens bien pensants ont pris ce dicton de façon fondamentaliste. Quels sont les hommes ou femmes qui se lèvent de nos jours pour crier, dévoiler, hurler les injustices de nos sociétés engluées dans le confort. Lorsqu'il s'agit des enfants, la maltraitance passe aux oubliettes des consciences régies par la peur. Nous avons peur de tout et notamment des conséquences d'une parole engagée. Nous vivons dans une société totalement dégagée de ses obligations éducatives. L'éducation globale, c'est -à-dire, se préoccuper de l'éducation des autres enfants comme étant partie intégrante d'une pédagogie générale et citoyenne, a totalement disparue. Notre individualisme basé sur nos peurs intrinsèques, nous fait ignorer l'existence de l'autre. Nous passons notre temps à nous plaindre de manques de repères dont est victime notre Humanité. Nous vivons une philosophie de la victimisation. Nous justifions toutes formes d'injustices comme étant les résultantes de phénomènes extérieurs. Et pourtant, l'heure n'est plus de se plaindre mais d'agir. Notre silence fait trop de blessés et nous sommes tous et toutes responsables des souffrances d'autrui. Il serait temps de nous foutre ça dans le crâne, plutôt que nous lamenter sur notre propre sort. Puisse-t-il en être autrement dans les années qui viendront...Je l'espère !

 

Il y a des parents qui ont l'apparence de la normalité et se cachent derrière. Ce sont par exemple d'anciens enfants maltraités. Par nature, dans la plupart des cas, ils montrent peu d'affects, une rigidité affective avec des traits de comportement obsessionnel. Ces parents ont une forte emprise sur l'enfant et une mauvaise image d'eux-mêmes, liée à un passé de frustration et de carences profondes. Ils montrent une grande intolérance à la frustration et vivent souvent repliés sur eux-mêmes, isolés et sans amis.

 

C'est à la naissance de l'enfant que ressurgit ce passé: ils peuvent s'identifier à de bonnes images parentales. Si la grossesse est désirée, l'enfant est investi d'un pouvoir de réparation, il doit combler le vide, le manque d'amour des parents. Dans ce contexte, le moindre problème vécu par l'enfant est vécu comme une persécution: il le fait exprès ! En fait, ils se sentent mauvais et projettent cela sur l'enfant: c'est lui qui est mauvais. L'enfant devient ainsi l'image vivante et permanente de leur échec et les mauvais traitements servent à faire disparaître cette image.

 

Derrière cette apparence de normalité, il y a aussi les paranoïaques pour lesquels l'enfant devient l'objet de leur "toute-puissance" destructrice, et les pervers qui trouvent leur jouissance dans la souffrance de l'autre.

 

Il y a encore "les cas sociaux" , familles chaotiques à problèmes multiples. Souvent isolés de leur famille jeunes, ils ne peuvent se projeter dans l'avenir. Les grossesses ne sont pas désirées et l'enfant doit ici aussi combler un vide. On rêve que lorsqu'il sera là, tout ira mieux ; quand il arrive, c'est une bouche de plus à nourrir.

 

L'enfant peut être marqué dès le départ: enfant adultérin ou handicapé, hyper-investi par la mère. Le père ne le supporte pas. S'il a une petite malformation, cela peut paraître énorme à certains parents. Ces enfants vivent ce petit handicap comme la preuve de leur incapacité à faire quoi que ce soit de bon ! Ce peut être un enfant issu d'une première union, un enfant de remplacement arrivant après un deuil ou un enfant ressemblant à quelqu'un que l'on tait.

 

Nous sommes tous responsables de la maltraitance de ces enfants. Les bribes psychopathologiques que je viens d'évoquer et qui sont les plus représentatives doivent être traitées à la racine puisque nous en connaissons désormais les causes. Pourquoi tant de silence face à ces situations de violences sur enfants ? Il faut ajouter les violences par "omission" ; carences qui peuvent être responsables de dénutrition, voire de morts d'enfants ; carences affectives qui peuvent avoir des répercussions dramatiques ( hospitalisme ) ; mauvais traitements psychologiques tels que sadisme verbal, humiliation, dévalorisation, exigences éducatives inadaptées à l'âge de l'enfant, rejet, mise à l'écart...

 

Lorsque nous sommes témoins de tels manques destructeurs, nous devons nous sentir concernés et mettre en accusation les personnes pratiquant de tels sévices. Il ne s'agit nullement de juger les humains qui projettent leurs propres souffrances mais, de venir en aide à toute une famille qui ne sait pas ou plus où sont ses repères. Notre conscience sociale exige que la majorité ne se taise plus par souci de tranquillité.

 

Les enfants du présent sont la société du futur proche. Il nous suffit de parler de ces actes moralement réprobateurs pour que des psychologues ou des éducateurs soient nommés par un juge afin de mettre en place une rupture de ces schémas aliénants et qui risquent de se répercuter dans l'avenir. Les enfants maltraités ont besoin de savoir qu'ils ne sont pas coupables des gestes de leurs proches car, souvent ils s'imaginent que les violences commises ne sont que des sanctions de leurs comportements atypiques. Seule, une rupture définitive du silence leur fera comprendre qu'ils existent aux yeux de la société et que leur vie n'est pas un désert mortifère. Il en va de notre volonté de changer le devenir de l'humanité.

 

 

 

 

Bruno LEROY.

18:29 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUE DE BRUNO LEROY., LA PENSÉE DU JOUR., LA POÉSIE DE LA VIE, LA PRIÈRE DU JOUR., LE REGARD DE BRUNO. | Lien permanent | Commentaires (4) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

Commentaires

malheureusement le "systeme" ne permet pas de déceler des problématiques de maltraitance. A quand l'obligation pour des parents de se soumettre à un Rdv avec un psychologue au cours de la grossesse? Les femmes sont contraintes par la loi de subir nombre d'examens médicaux au cours d'une grossesse pourquoi ne pas y inclure ce Rdv avec un psychologue? Et y associé le père? quant à l'éducation nationale seule institution à voir TOUS les enfants (sauf de très rare cas d'enfants cachés et maltraités des la naissance) que fait elle? Peu d'enseignant ou de CPE et autres professionnels n'osent faire de signalement ou déclarer une situation préoccupante. Et que dire des services de l'ASE ? Qui tantôt s'émeuvent pour une simple difference d'éducation et mettent en place des solutions execives (les saisies du juge des enfants ou procureurs décuplent le vendredi soir !!) par principe de précaution mais les précautions c'est pour eux!! Et tantôt leur incapacité à prendre la décision de retirer au plus vite un enfant manifestement en danger.

Écrit par : Sonia rainaud | 18/01/2015

Ce que vous soulevez dans votre commentaire sont des carences à tous niveaux du Droit commun face au Droit parental et pénal.
Cela est une très bonne question à laquelle malheureusement nous n’avons pas de réponse immédiate.
En effet, comment concilier les exigences légales avec la liberté des Parents à éduquer l'enfant.
Vous parlez de soumettre les Parents à un psychologue dès la grossesse. Je ne pense pas qu'à cette phase évolutive de l'embryon, le psychologue puisse constater une maltraitance future. De plus, le psychologue contrairement au psychiatre ne possède auquel droit d'alerte ( disons pas davantage qu'un simple Citoyen ).
Quant à l'Aide Sociale pour l'Enfance, elle fait ce qu'elle peut, car les parents peuvent déposer une main courante ou même un dépôt de plainte pour harcèlement ou suspicion de maltraitance non prouvée.
Il est vrai que la problématique est délicate et, je vous rejoins tout à fait dans vos inquiétudes.
Il faudrait élaborer de nouvelles lois et, cependant elles ne verront probablement jamais le jour car, la remise en question de la liberté éducative des parents est un droit fondamental.
En 2013, le Défenseur des droits a traité 77 338 réclamations, sur la défense des enfants (16 %).
Ce chiffres paraissent bien faibles face aux réalités que nous connaissons en tant qu'éducateur de rue.
En tant que citoyenne, vous avez le devoir de dénoncer toutes formes de maltraitance envers un enfant.
Cependant, comme vous le dites si bien, il faudrait divers éléments tangibles pour en prendre connaissance...
Quand les pouvoirs publics ne se soucient pas de certains cas, nous devons nous donner les pouvoirs de témoigner devant une Administration compétente et de faire intervenir le procureur de la République en envoyant un courrier de dépôt de plainte.
Attention, toutefois de ne pas rendre la vie de l'enfant plus insupportable qu'elle ne l'est !
Je comprends votre désarroi mais, le retrait de l'enfant doit s'effectuer devant un Juge seul capable de stipuler s'il y a maltraitance ou non...Ces services étant saturés, il coule souvent beaucoup d'eau sous les ponts avant que l'action préventive soit mise en place.
Bon Courage à vous et Belle fin de journée !
Bien Fraternellement, Bruno.

Écrit par : LEROY Bruno | 18/01/2015

La maltraitance physique "légère" et la maltraitance psychologique grave ont accompagné dix années de mon enfance. Suite à la séparation de mes parents, ma mère, à qui nous avons été confiées, mes deux sœurs et moi, s'est servie de ses filles pour se venger de son ex-mari d'avoir rompu les liens du mariage. Pour elle, se venger signifiait le priver de ses enfants, lui faire payer le maximum de pension alimentaire, le harceler de procès, supprimer l'amour de ses filles pour lui, les maltraiter pour lui rendre la vie insupportable. Opération réussie concernant notre père, son divorce l'a miné, il s'est battu contre des moulins à vent, il est mort jeune.
Les adultes chargés de la protection de l'enfant ne reconnaîtront pas les désordres comportementaux de notre mère et abonderont dans son sens malgré des preuves de maltraitance apportées par notre père. Nous n'avions aucune importance dans le conflit qui les opposait, un jugement avait été rendu en faveur de notre mère, irrévocable.
Ces violences psychologiques, je les ai dénoncées dans un livre intitulé « Les jeudis muets Moi, Fina, enfant du divorce ». Il s'adresse aux couples qui choisissent de se séparer, à leur famille pour qu'elle ouvre les yeux, aux juges qui décident de la résidence des enfants, aux professionnels de l'enfance.
Un adulte qui sait et qui se tait, ou qui ne cherche pas à savoir, est complice de maltraitance par son silence ou par son indifférence.
Sylvie Hippolyte

Écrit par : Sylvie Hippolyte | 17/02/2015

La maltraitance physique "légère" et la maltraitance psychologique grave ont accompagné dix années de mon enfance. Suite à la séparation de mes parents, ma mère, à qui nous avons été confiées, mes deux sœurs et moi, s'est servie de ses filles pour se venger de son ex-mari d'avoir rompu les liens du mariage. Pour elle, se venger signifiait le priver de ses enfants, lui faire payer le maximum de pension alimentaire, le harceler de procès, supprimer l'amour de ses filles pour lui, les maltraiter pour lui rendre la vie insupportable. Opération réussie concernant notre père, son divorce l'a miné, il s'est battu contre des moulins à vent, il est mort jeune.
Les adultes chargés de la protection de l'enfant ne reconnaîtront pas les désordres comportementaux de notre mère et abonderont dans son sens malgré des preuves de maltraitance apportées par notre père. Nous n'avions aucune importance dans le conflit qui les opposait, un jugement avait été rendu en faveur de notre mère, irrévocable.
Ces violences psychologiques, je les ai dénoncées dans un livre intitulé « Les jeudis muets Moi, Fina, enfant du divorce ». Il s'adresse aux couples qui choisissent de se séparer, à leur famille pour qu'elle ouvre les yeux, aux juges qui décident de la résidence des enfants, aux professionnels de l'enfance.
Un adulte qui sait et qui se tait, ou qui ne cherche pas à savoir, est complice de maltraitance par son silence ou par son indifférence.
Sylvie Hippolyte

Écrit par : Sylvie Hippolyte | 17/02/2015

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