21/06/2016
Martin Steffens, philosophe de l'amour.
Il n’a pas encore 40 ans mais déjà un beau parcours. Martin Steffens est l'auteur de plusieurs essais. Il tisse dans son œuvre son amour de la sagesse et d'un christianisme qu’il a embrassé après une adolescence en forme de quête. Professeur de philosophie en classe préparatoire à Metz au lycée public Georges-De-la-Tour, marié et père de famille, il regarde notre époque en crise avec lucidité et cultive l’espérance et l’amour.
On lui doit un "Petit traité de la joie" (éd. Salvator), "La vie en bleu" (éd. Marabout) ou encore "Rien que l’amour. Repères pour le martyre qui vient" (éd. Salvator). Dans ce livre qui a reçu le Prix 2016 de la littérature chrétienne, il évoque la place du chrétien envoyé dans le monde pour être celui qui aime. "Aimer quand on est chrétien c'est découvrir de l'amour une dimension très peu explorée, c'est comprendre que l'amour commence quand l'amour s'achève." Pour Martin Steffens, le christianisme invite à aimer même quand l'objet de cet amour cesse d'être aimable, agréable. "Il y a une différence infinie entre aimer et trouver aimable", précise le philosophe. Il est souvent difficile d'adhérer à ce monde de violences et parfois de médiocrité. Précisément, le chrétien y est envoyé pour être aimant.
"Quand le chrétien est saisi de cette vérité qu'est l'amour du Christ, il est comme retiré du monde": il n'est plus plus dans la logique du donnant-donnant. Retiré, mais pour être envoyé exactement à la même place. Le chrétien est celui dont la vocation est ici et maintenant, dans sa famille, avec l'époux(se) que l'on a, avec les enfants que l'on a, avec le métier que l'on a. L'amour chrétien c'est aussi d'aimer ses ennemis. Or, l'ennemi est bien souvent en soi, ce que l'on rejette chez l'autre dit quelque chose de soi. "Si on comprend qu'il y a un monde entre trouver aimable et aimer, que l'amour est cette ouverture du coeur et du regard qui fait que l'on va créer du lien là où il n'y en avait pas, comme le pardon, la miséricorde, on se dit qu'il n'y a d'amour complet et achevé que de l'ennemi".
Tout cela se passe en soi car l'ennemi renvoie toujours à un part sombre de soi. S'aimer soi-même ou aimer son ennemi c'est un peu la même chose. On est souvent son pire ennemi quand on voit la dureté avec laquelle on se juge. Martyr de l'amour, au quotidien. "La mission du chrétien est ici et maintenat, la croix que l'on doit porter n'est jamais celle qu'on s'était donnée soit même dans un martyr fantasmatique."
Pour Martin Steffens, l'amour chrétien est dans les gestes discrets du quotidien, celui d'un mari qui demande pardon à sa femme pour sa mauvaise humeur chaque matin. ll y a là une "révolution" plus grande que toutes. Etre artisan du quotidien c'est créer de la paix "avec la matière très friable, très fragile du quotidien".
17:49 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUE DE BRUNO LEROY., LA PENSÉE DU JOUR., LA POÉSIE DE LA VIE, LA PRIÈRE DU JOUR., LE REGARD DE BRUNO., LES BLOGS AMIS. | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
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