7427 7827

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09/10/2023

Se mettre à la suite de Jésus

DIEULAJOIE.jpg

Le Royaume ne reste pas seulement une espérance inouïe ; il se concrétise déjà dans la pratique de Jésus. En effet, ses miracles et ses guérisons font plus que démontrer sa divinité : ils manifestent que son annonce libératrice s'enracine déjà dans l'histoire au milieu des opprimés, interlocuteurs privilégiés de sa prédication et premiers bénéficiaires de sa pratique. Le Royaume est un don de Dieu offert gratuitement à tous. Mais on y rentre par un processus de conversion, et celle qu'exige Jésus ne signifie pas seulement un changement de convictions ( de théorie ), mais surtout une modification d'attitudes ( de pratique ) dans les relations personnelles, sociales et religieuses qu'entretiennent les hommes.

La liberté exercée par Jésus vis-à-vis de la Loi et des coutumes de son temps, ses exigences radicales concernant le changement de comportement dans la ligne des Béatitudes finirent par provoquer un conflit grave qui engageait les différentes instances du pouvoir d'alors. Jésus a connu la diffamation et le dénigrement, la persécution et les menaces de mort. Son arrestation, ses souffrances sous la torture, sa condamnation en justice ne se comprennent que comme conséquences de sa pratique et de sa vie. Dans un monde qui refuse d'adhérer à ses propositions et de s'engager sur le chemin de la conversion, l'unique alternative laissée à Jésus, pour rester fidèle à son Père et à son propre message, était d'accepter le martyre. Si la croix exprime bel et bien le rejet humain, elle signifie également l'acceptation sacrificielle de Jésus.

La résurrection dévoile le sens absolu du message du Royaume, de la vie et de la mort de Jésus. Elle est le triomphe définitif de la Vie et de l'Espérance en un Royaume réconcilié où la paix universelle est fruit de la justice divine et de l'intégration en Dieu de toutes choses. La résurrection se présente, dès lors, comme la libération en plénitude de tous les obstacles qui s'opposent à la souveraineté de Dieu et à la pleine réalisation de tous les dynamismes de Vie et de gloire placés par Lui dans la création et l'être humain. La résurrection donne en particulier son sens à la mort de l'innocent, de celui qui est rejeté parce qu'il proclame une justice plus grande ( celle de Dieu ), de tous ceux qui, à l'image de Jésus, succombent pour une cause digne et sont anonymement éliminés. Ce n'est pas un César à l'apogée de son pouvoir qui est ressuscité, mais un crucifié au corps disloqué sur le Calvaire. Ceux qui ont souffert une mort injuste pour le bien participent à sa résurrection.

Se mettre à la suite de Jésus implique que l'on adopte sa cause, que l'on soit disposé à souffrir les persécutions qui en découlent et à partager courageusement son sort, dans l'Espérance de recevoir en héritage la pleine libération apportée par sa résurrection.

Ce projet Universel de Dieu nous aide à comprendre le lien qui unit la création et la rédemption, le temps et l'éternité. Le Royaume de Dieu représente plus que les libérations historiques, toujours limitées et ouvertes à des perfectionnements ultérieurs, mais il est anticipé, concrétisé temporellement en elles, il y prépare sa pleine réalisation dans l'irruption du ciel nouveau et de la terre nouvelle.

Nous ne serons des imitateurs de Jésus et de véritables chrétiens que dans la mesure où nous serons solidaires avec les pauvres et où nous vivrons l'évangile de la libération. Au sein des luttes syndicales, dans la lutte des droits de l'homme et d'autres formes d'engagement, la même question doit revenir toujours : quelle est la collaboration du christianisme aux pratiques et aux motivations de la libération des opprimés ?.

L'engagement pour la libération des millions d'opprimés de notre monde rend à l'évangile une crédibilité qu'il possédait à ses débuts, et aux grands moments de sainteté et de prophétie. Le Dieu de Tendresse des humiliés et le Jésus-Christ libérateur des opprimés sont annoncés avec un nouveau visage et une image nouvelle aux hommes d'aujourd'hui. Le salut éternel qui nous est offert passe par des libérations historiques, celles qui restaurent la dignité des enfants de Dieu et rendent crédible l'impérissable utopie du Royaume de liberté, de justice, d'amour et de paix, du Royaume de Dieu au milieu des hommes.

Bruno LEROY.

25/05/2023

Insurgeons-nous contre la misère humaine.

INSURGEZ-VOUS.jpg

Le Père Pedro est un homme de terrain. Il est à la fois la joie de vivre, de jouer au foot avec les enfants de la misère et, la révolte dans l’âme, il s’insurge contre nos renoncements.

Il n’est pas utile de prendre les armes pour modifier les mentalités. L’insurrection est à l’intérieur de chaque être Humain blessé par la misère des uns et l’absolue indifférence des autres. Cette action de s’élever contre ceux qui se contentent de bavarder et de promettre des solutions sans jamais rien donner est devenue pressante.

Le Monde doit réagir aux discours hypocrites, populistes et mensonger par une insurrection de révolte fraternelle dans cette apathie ambiante.. La misère est une plaie purulente pour ceux qui la subissent et veulent être acteurs de leur vie. Donnez-leur la possibilité de s’assumer en tant que frères et sœurs en humanité. Au lieu de passer votre temps à vous noyer dans les flots de l’argent qui génère plus de malheur que de bonheur.

Nous sommes tous et toutes égoïstes face au désœuvrement des opprimés. Et nous écoutons, voire attendons que nos politiciens au langage creusé par le vide trouvent une solution dans le désert de leurs cœurs.

Heureusement que Pedro s’est insurgé avant nous sinon, il serait envahit par des monceaux de cadavres dont les enfants seraient les premiers. La colère est parfois bienfaisante pour remuer les consciences assoupies. Dans le chapitre 25 de Matthieu le père Pedro trouve le sens de son combat. Mais, que nous soyons chrétien ou non l’urgence est une évidence comme un cri de révolte. Il faut nous lever contre l’insipidité des politiciens qui ne font que nous mentir dans leur langage en bois d’ébène. Il faut que la justice dépasse la loi. Une loi injuste n’a aucune raison d’être appliquée à la lettre. L’esprit avant la lettre. Voilà ce que nous devons vivre concrètement chaque jour. Notre légendaire insouciance doit laisser place à l’action solidaire afin de transformer notre cœur de pierre en cœur de chair.

Il faut changer le visage de ce monde replié sur sa surconsommation d’objets et de bouffe à outrance et sans significations. Il faut que nous éprouvions la souffrance des autres comme étant la nôtre. Ainsi, nous nous lèverons ensemble pour donner à notre terre un équilibre dans la répartition des richesses. Si les riches donnaient davantage ils ne seraient pas les criminels des exploités de leur système égocentrique. Pour les chrétiens, agir pour un monde meilleur rend de la crédibilité aux évangiles et une force révolutionnaire originelle.

La révolution par l’amour voilà ce que Pedro ce prêtre lazariste slovène a offert aux familles de Madagascar. Aimer les pauvres tels qu’ils sont sans détester les riches. Et pourtant, se mettre en position de combattant de la paix pour un monde habitable. Nous devons suivre son exemple pour nous inspirer de cette solidarité sans mesure en occident pour retrouver nos sources profondes et existentielles.

Avec Pedro, insurgeons-nous contre la misère qui est loin d’être une fatalité.
Lisez ce livre, il mettra le feu à votre corps pour ne plus vous laisser écraser par le destin.

 

Bruno LEROY.

29/04/2023

LE MUGUET EST NOTRE LIBERTÉ !

muguet2mk3.jpg

 

Je vous offre cette gerbe de muguet pour des combats à mener. Que ce soient contre le chômage, pour la dignité Humaine, pour le Droit des enfants à vivre dans un nid d'amour, pour le Droit des Jeunes à être reconnus et acceptés tels qu'ils sont...

  

Pour le Droit aux personnes âgées de ne pas finir leurs jours dans la déréliction d'un EHPAD ou d'un mouroir. Nos Droits sont également et surtout, des devoirs.

Notre devoir de combattre pour un Monde de Paix où la vie ne sera plus menacée par les extrémismes assoiffés de sang.

 

Enfin, pour que notre bonne vieille terre recouvre un visage digne où chacun se parlera sans peur des différences, en toute convivialité...

 

Le muguet symbolise le bonheur, la joie, l'amour et la chance. Autrefois, il servait à féliciter les travailleurs souvent pour fleurir leur servilité sauf pour certains qui travaillent vocationnellement. Aujourd'hui, ses petites clochettes s'épanouissent au coeur du bonheur et ses grandes feuilles sont l'écrin qui encercle notre joie de vivre.

 

Pourquoi serait-il réservé aux seuls travailleurs ? Tout individu a droit au bonheur et cela ne se discrimine pas ! Vivez ce premier Mai telle une revendication du respect dû à l'Humain. Le silence est toujours complice ou trompeur...

 

Tous les combats, quels qu'ils soient, trouvent leur source dans la spiritualité de l'Homme, fut-il incroyant !

 

Soyons des combattants pour un monde plus juste, plus Fraternel et plus respirable.

Bruno LEROY.

 
 

19/01/2023

HUMOUR ET AMOUR.

humour (1).jpg

 

Il y a donc dans l’humour une forme d’élan créateur, une manœuvre habile de l’âme désireuse de se faire connaître pour interagir avec autrui. Un “instinct” spirituel manifestement lié à la présence de Dieu en nous. Car tous les mystiques en témoignent : si le Divin cherche à se faire connaître par son Esprit d’Amour, c’est pour nous permettre d’accéder avec Lui et par Lui à la Suprême Communion. En fait, si la présence de Dieu en nous est la pure expression de Son Amour, l’humour est le langage de l’esprit qui recherche, dans l’échange, sa propre divinité. Voilà pourquoi il est indispensable de promouvoir l’humour dans ce qu’il a de plus élevé.
 
Dans la réalité, c’est la reconnaissance et la compassion que nous recherchons à travers l’allégresse d’autrui. Ce faisant, nous courrons immanquablement le risque de ne pas être compris, suivis et en fin de compte aimés. De même, si nous redoutons de ne pas saisir l’humour d’autrui, ce n’est pas seulement par fierté mais par crainte de ne pas satisfaire une demande des plus légitimes.
 
 
Aussi, peut-on affirmer que l’humour est à la fois une forme d’appel et de don, tous deux empreints d’une certaine abnégation. D’autant que celui qui en use s’applique instinctivement, devant son public, à ne pas se délecter lui-même de son “génie”, un peu à l’image d’un chef cuisinier qui se fait connaître à travers ses préparations et s’efface pour laisser aux autres la liberté d’aimer ou de ne pas aimer…
 
 
Un peu à l’image de Dieu qui, par respect de notre libre arbitre, s’est logé en nous de la façon la plus discrète qui soit. C’est sans doute, en partie, cette pudeur indicible que l’on ressent dans l’humour d’autrui qui nous attire et crée en nous une ouverture propice au rapprochement.
 
Il convient donc de savoir déceler dans toute forme d’humour une humble démarche, dissimulée certes, mais pour le moins authentique. Une démarche qui consiste à négocier une proximité avec l’autre que l’on érige, en outre, en témoin de nos besoins et parfois même de nos angoisses…
 
Mais l’humour est avant tout un signe d’ouverture à une autre dimension de la réalité, un signe d’éveil spirituel et de désir d’illumination. Ce faisant, le plaisir qu’il induit est beaucoup plus lié à une détente spirituelle unificatrice qu’à un relâchement psychique. C’est ainsi qu’utilisé avec finesse et compassion, il permet parfois de désamorcer la négativité d’autrui favorisant ainsi son ouverture. Aussi, ce n’est pas seulement le rire qui est thérapeutique mais le fait même de faire de l’humour et d’y être sensible. Et c’est sans doute ce qui poussait Freud à dire que « l’humour a non seulement quelque chose de libérateur mais encore quelque chose de sublime et d’élevé ».
 
Cela dit, comme pour tout langage, un humour vide d’Amour n’est souvent qu’un support à l’ego ou, pire encore, aux jugements et à la négativité. Autrement dit, il y a des limites au-delà desquelles on ne peut répondre à l’appel lancé au risque d’enfermer l’autre dans son ego ou de participer à un manque d’Amour à l’égard d’autrui.
 
Car s’il y a dans l’humour une quête de vrai, un besoin de sortir de soi pour accéder à une autre facette du Divin, autrement dit, si l’humour peut servir l’union, il peut aussi la desservir : subtil dosage pour un enjeu Divin…

Bruno LEROY.

28/10/2022

Les Saints au quotidien.

pauvrete-france-upr1-600x332.jpg

Les saints ne sont pas des noms figés sur nos calendriers. Ils n'excellent pas en vertus sur les chemins de la pureté. Ils boivent, se défoncent, insultent les bourgeois et meurent dans l'indifférence absolue.

Peu m'importe que tel bonhomme appelé François, Emmanuel, Guy ou même Térésa furent représentatifs d'une symbolique de sainteté à un moment donné, dans un contexte bien précis.

 

Ils firent leurs devoirs de chrétiens en aimant l'infini de l'amour à travers l'Homme. Ces saints-là ne font que nourrir mon cheminement. Ils me permettent de mieux rencontrer Johnny, Ahmed, Quentin dans la sérénité. Même s'ils sont défoncés au point de ne pas me reconnaître et de vouloir me tuer.

 

Je m'en moque éperdument. Ils sont le miroir d'une société qui déconne à plein tubes. Cette Société qui ne respire que le fric même si l'argent n'a pas d'odeur. Méphitiques senteurs qui remontent des entrailles.

 

Pour moi, les Saints sont les casseurs, les violents, les ados consumés de désespérances. Ce sont les prostituées déjà tuées par des mains odieuses.

 

Les saints, sont ceux et celles qui pleurent un amour perdu,  comme cette femme qui va sur la tombe de son fils fauché par un chauffard ivre. Le Saint est aussi et surtout le SDF qui crève sur le bord de la route, parce que toute sa vie il ne fut jamais reconnu tel un Citoyen sur notre terre. Le Saint est l'enfant abusé et qui dénonce sans haine celui qui l'a tué vivant. Le saint est le Jeune qui me marche un peu trop sur les pieds auquel je fiche mon poing dans la gueule pour qu'il comprenne que des repères existent. Le saint est le vieillard que personne n'est venu visiter aujourd'hui.

 

Les saints sont dans la rue ou près de nous. Ils nous tendent la main, veulent être reconnus et aimé. Si nous fermons notre regard sur ces réalités, alors nous ne serons jamais saints. Dans ce cas, inutile de prier.

 

Vous ne feriez que déranger Dieu pour rien. Il doit s'occuper de ceux et celles qui souffrent, gémissent d'effroi. Il doit vous remplacer dans cette tache que vous n'assumez pas. Sachez qu'il n'y parviendra pas sans votre présence spirituelle. Alors cessez de prier pour ces abysses que vous construisez. Il ne vous écoutera plus ! Votre foi de confort est morte. Alors retroussez votre cœur et aimez tendrement tout ce qui n'est pas aimable.

 

Embrassez votre ennemi même si vous avez envie de lui cracher dessus. Il faut se transcender au quotidien, plutôt que clamer sans cesse un monde plus fraternel. C'est nous qui le construirons avec les petits pas de l'amour. Nous sommes tous saints et saintes. Encore faut-il l'observer dans les yeux des autres. Je sais, c'est difficile d'être saint.

Demandons de l'aide aux figurants du calendrier. Ils nous donneront le temps de nous améliorer en Dieu, toujours en Dieu. C'est Lui le matin de notre Amour à partager avec les autres.

 

 

Bruno LEROY.

05/10/2022

Marginaux sans Espérance, que doit faire le chrétien ?

MARGINAL.jpg

Le monde de la marginalisation présente une grande hétérogénéité : on peut parler de " classe sociale " , de " problématique commune ", car leur seul trait commun c'est d'avoir raté le puissant TGV de l'histoire contemporaine.

 

Le monde des marginaux se montre silencieux et passé sous silence. Eux ne parlent pas et on ne parle pas d'eux. Ils n'ont pas de porte-parole, syndicats, associations...et ils sont hors la loi. Nombreux sont ceux qui savent que s'ils se plaignent de leur situation, celle-ci sera encore pire qu'avant, car la plupart du temps ils n'ont pas de papiers, pas de carte de séjour ; ils sont travailleurs clandestins, vivent dans des pensions qui ne répondent pas aux normes légales et n'envoient pas leurs enfants à l'école, alors que celle-ci est obligatoire. Ils préfèrent se taire. Et la société préfère ne pas en parler, bien que, on prenne peu à peu conscience du problème.

 

A ce propos, le silence renouvelé des médias est particulièrement significatif, car il n'est rompu que ponctuellement, à l'occasion des sujets d'actualité brûlants comme les mutineries dans les prisons, les manifestations contre la drogue ou les agressions " skin heads " sur des " errants ", les violences dans les banlieues, les conséquences du froid de l'hiver...Parfois, ces mêmes médias abordent le problème avec un courage et une clarté dignes d'éloge ; d'autres fois, au contraire, ils manipulent l'information de façon flagrante, comme l'expliquent certains de ceux qui sont plongés dans cette réalité de la marginalisation.

De toute façon, c'est le silence qui domine et il n'est pas difficile de deviner quelle en est la raison : nous dissimulons là notre sentiment de culpabilité collective. Nous nous taisons parce qu'au fond nous savons que nous sommes coresponsables de ce drame.

 

Ce qui étonne, c'est que la marginalisation soit exclusivement un phénomène urbain. Peut-être n'y a-t-il pas de marginaux dans le monde rural ? Le marginal type recherche l'anonymat. Il ne veut pas qu'on le reconnaisse en public, que l'on sache qu'il a plongé dans cette situation de précarité. C'est pour cela qu'il recherche le lieu de l'anonymat par excellence, à savoir la grande ville moderne, cet endroit où quelqu'un peut vivre misérablement sans que personne lui demande : " Qui es-tu ? ", " Que t'arrive-t-il ? ". Aussi, bien-sûr, la campagne génère-t-elle également des marginaux, des vieillards pauvres, des malades mentaux..., mais le mendiant de la campagne, qui a un nom bien à lui et qui est connu par tous ceux du village s'enfuit en ville et là se perd dans l'anonymat. Celui qui dans son village était " Jean " ou " Pierre ", en ville ne sera plus qu'un clochard parmi d'autres.

 

Les personnes marginalisées semblent n'avoir qu'un présent. Pas de souvenirs. Pas d'avenir. Elles ne vivent que le moment présent. Et, dans le présent, elles vivent et c'est tout. Tout tend à montrer qu'elles ont perdu le sens de l'histoire. Et c'est ce qui désarme tous ceux qui les approchent : comment se peut-il qu'elles ne veuillent pas se souvenir d'où elles viennent, et qu'elles semblent ne rien attendre du lendemain ?.

 

Cette constatation doit être nuancée, car il arrive qu'on rencontre des gens qui, vivant en marge de la société, aiment à raconter leur vie ; toutefois ils ne sortent pas de cet état, de ce récit répétitif. Ce souvenir du passé ne les conduit pas à avoir conscience d'une possibilité de changement, d'un espoir d'avenir, d'un sens du devenir. Quand le souvenir existe, c'est un souvenir sans histoire.

 

Dans la plupart des cas, nous nous trouvons confrontés à une misère sans retour, et c'est l'un des traits qui décourage le plus les travailleurs sociaux. De nombreux sujets sont définitivement cassés, déstructurés, brisés au plus profond de leur être psychologique et social. La moindre solution, le moindre projet de changement, la moindre somme d'argent, tout cela arrive trop tard. Les personnes vivent dans un état de coma social, de coma dépassé. Parfois cette situation sans espoir de retour intervient sous la forme d'un retour à la case départ. Après avoir lutté pendant des années pour que quelqu'un s'en sorte, le travailleur social a l'impression d'avoir obtenu un certain résultat : une femme se libère de l'esclavage de la prostitution, un homme arrête de boire, des enfants vont régulièrement à l'école. Et pourtant le travail de plusieurs années peut être anéanti en un après-midi : la femme s'est à nouveau prostituée, l'homme, ivre, est affalé dans la rue, et les enfants ont disparus de l'école, peut-être de la maison.

 

La nouvelle pauvreté est en effet bien différente des pauvretés précédentes. Le processus est complexe. Selon la capacité de ressort et d'initiative de l'individu, la personne peut se réinsérer ou au contraire tomber dans le cercle de l'exclusion. En marge, à l'extérieur de la société active, il n'a plus prise sur son propre destin, il devient, objet, victime. Une telle situation invite à l'action, mais en dehors des nouveaux paternalismes qui voudraient répondre trop vite à ces problèmes particuliers de la marginalisation. Le sujet qui veut aider est lui-même remis en question très radicalement par la présence qu'il peut avoir auprès de l'exclu. La solution aux problèmes qu'il affronte dépasse toutes les méthodes économiques ou sociales traditionnelles.

 

Il doit entrer à son tour dans une nouvelle présence et une nouvelle patience pleine d'Espérance et de compétences afin d'appréhender les problématiques des marginaux avec une imagination dont seul, l' Amour du prochain brisera les vieux schémas éducatifs, inculqués jusqu'à ce jour. Le travailleur social ne doit nullement regarder les résultats en termes de réussites mais, de présence jusqu'au-boutiste auprès de ceux que note société d'opulence rejettent. Ce doit être la vocation de tout éducateur et c'est la mienne vécue au quotidien qui me permet d'écrire ces mots. Je ne suis guère unique dans cette démarche, il nous suffit de regarder Guy Gilbert et ses Loubards, pour s'en convaincre.

 

Les militants sociaux qui désirent accompagner les blessés de la Vie, se doivent de ne jamais baisser les bras face aux récidives multiples qu'ils doivent accueillir comme des tremplins vers des réussites possibles et non se confiner dans l'échec. Les marginaux ont besoin d'hommes et de femmes qui se dressent pour changer les paradigmes de notre société dont les valeurs d'aujourd'hui sont orientées vers la richesse, la puissance, la jeunesse et l'intelligence.

 

Bruno LEROY.

15/09/2022

La philosophie des soins palliatifs en interrogation?

DSC01994vacances.jpg

La philosophie des soins palliatifs se base sur une équipe de soins formés de médecins, infirmières, aides de soins, agents de pastorale, psychologue et de très nombreux bénévoles, tous en interaction les uns avec les autres et tous en relation directe pour et avec le malade. Assister et compléter la présence et l'action de la famille et du personnel soignant sans se substituer à l'équipe de soins et sans s'identifier à la famille. Ce rôle vise, essentiellement à assurer le bien-être du malade et de ses proches au sein de la maison qui se veut avant tout accueillante.

 

Ce rôle peut être tenu soit directement auprès du malade et de ses proches soit plus indirectement - ce qui ne signifie pas une approche moindre, ou moins riche - en contribuant ou en apportant un « plus » au fonctionnement des divers secteurs de la maison. le malade et son entourage sont au centre des préoccupations de toute l'équipe du foyer. - Le malade est une personne qui a une valeur incalculable et dont la dignité est inaliénable. Sa vie possède un caractère sacré, précieux, voire mystérieux.

 

C'est en raison de ces caractères que le recours à l'euthanasie est étranger à nos pratiques de soins. - Même en fin de vie, le malade reste une personne qui peut faire face à ses besoins sur le plan physique, psychologique, social, affectif et spirituel. - La mort est une étape naturelle de l'existence, étape dure et confrontante, pendant laquelle le malade et sa famille ont droit de bénéficier du soutien approprié de tout le personnel et des bénévoles. - Le malade en fin de vie est une personne vulnérable qui doit être protégée dans tout ce qui peut porter atteinte à ses droits et à ses besoins. - Le malade a le droit d'être aidé à améliorer la qualité de vie qui lui reste par le soulagement de la douleur et de la souffrance globale et par un accompagnement le meilleur possible pour lui-même et ses proches. - Le malade a le droit d'être respecté dans toutes ses décisions, ses choix, ses modes d'expression et dans son cheminement personnel, philosophique et religieux.

 

Partant de cette philosophie, le bénévole réalisera sa mission en collaboration étroite avec le personnel professionnel pour répondre au mieux aux besoins multiples du malade et de sa famille. L'attitude du chrétien (comme celle des autres personnes, d'ailleurs) sera primordiale pour créer le climat d'accueil, d'écoute, de respect et de chaleur humaine. Une attitude prévenante, discrète, en veillant à se présenter au malade et à sa famille, en respectant leur intimité, sont autant de qualités qui marqueront un esprit de service et un climat de vérité et d'authenticité pour le plus grand bien des malades et des proches. La réponse aux besoins directs du malade ou de sa famille : - besoin de présence ou d'intimité, - besoin d'aide matérielle exprimé, perçu ou deviné, - besoin de comprendre plus profondément une détresse cachée derrière des demandes répétées, - besoin de confidence, demande une grande part d'attention, de sensibilité et de tact et cela est d'autant plus important et exigent avec les malades confus ou apparemment absents.

 

 

Tous les membres de l'équipe interdisciplinaire travaillent dans un climat basé sur : - l'information - l'ouverture d'esprit - la confiance et le respect réciproque - la participation active - la discrétion et le secret professionnel Enfin, au sein de l'équipe, la confiance, le respect réciproque, la sympathie et la disponibilité assureront la cohésion de l'équipe et la motivation de chacun. Accepter d'accompagner des malades en fin de vie est une décision engageante vis à vis du projet de la maison, vis à vis de tous les membres de l'équipe et vis à vis des malades.

 

 

Bruno LEROY.

27/06/2022

Ces convictions au parfum d’évangile.

un-chemin-vers-dieu.jpg

Lorsque j’écoute les informations à la radio, je suis tenté de penser comme bon nombre de personnes bien inspirées, que notre monde va mal. Notre terre est malade, souffrante des blessures que nous lui infligeons. N’étant pas d’un esprit à me reposer devant les catastrophes planétaires ; je cherche comme tant d’autres des solutions cohérentes.

J’entends ou je lis partout que notre jeunesse manque de repères. Les français se disent écrasés par cette société consumériste et, il faut bien le dire d’arnaques. Je ne prétends pas, loin s’en faut, posséder toutes les réponses aux questions posées.

Et pourtant, en tant qu’éducateur chrétien, j’entends bien donner mon avis sur les problématiques sociétales. C’est ce que je fais depuis des années. Bien-sûr, les réponses que je donne sont parfois discutables. Mais, certains discours que je lis ça et là, le sont encore davantage !

J’en ai marre d’entendre vos râles de vieillards lorsque les travailleurs sociaux proposent des repères de vie qui semblent tant vous préoccuper.

J’en ai marre de lire ces insultes envers mes Frères étrangers que vous assimilez tous à des terroristes. Vos insultes à deux sous qui ne sont que l’expression de vos peurs ancestrales.

Oui, j’aime mes Frères et Sœurs Arabes, Africains, Chinois et tous les étrangers de cette France qui m’apportent la richesse de leur culture et leur vision de l’existence.

Oui, j’aime le Soufisme dans la pureté de sa poétique mystique et philosophique. Je pourrai vous donner mille exemples des êtres et des choses que j’aime sur cette terre.

Oui, j’aime aussi les Gays et Lesbiennes qui nous montrent d’autres chemins possibles d’amour et de respect. Je n’aime pas vos intolérances qui excluent définitivement les autres de votre champ visuel. Il est si facile d’exclure pour être tranquille face aux différences que l’on accepte pas tout simplement parce qu’un travail psychologique ou spirituel de fond n’a jamais été entrepris.

Et lorsque je donne de tels repères, me voici traité de ringard chrétien, voire de romantique utopiste. Et bien, au nom de ma Foi, je revendique mon côté décalé socialement. Ne jugez point afin de n’être pas jugés.

Mon approche des paradigmes de nos sociétés est un long travail spirituel que j’effectue depuis ma tendre enfance. Mes réflexions sont issues de cette manne christique qui me fait tendre la main à tous les souffrants et les exclus de cette terre-mère.

Mes inspirations viennent de mes prières dans lesquelles je m’abîme pour mieux me reconstituer. Mes colères viennent de l’Esprit-Saint qui me souffle les mots ou les gestes pour combattre toutes injustices. Mes colères ne sont jamais de Haine mais, d’un refus de voir ce monde tel qu’il est avec ses meurtrissures et ses mépris.

Je suis pas un intégriste chrétien regardant le passé avec des larmes de pluie au fond des yeux. J’ai un regard d’Espérance et de combattant de l’amour de Dieu qui voit le diamant scintillant au fond de la vase humaine.

Je ne prétends nullement être un grand écrivain-poète ou journaliste mais un Homme qui témoigne avec ses pauvres mots.

L’humus vivifiant de l’humble et dure réalité quotidienne vécue par les jeunes de la rue, me donne le droit de continuer à écrire et à parler.

Mais, quand je m’attaque à certaines sectes qui aliènent la liberté de conscience, récemment dévoilées par un de mes articles. Je me vois contraint de le soustraire car, ces embaumeurs de vivants s’insurgent contre mes propos révélateurs.

Je touche souvent le point central et vulgaire de notre guerre interne : l’argent.

Je me fiche d’être considéré comme ringard chrétien qui ne fait jamais de prosélytisme mais, qui affirme par ses convictions et ses prises de positions, la richesse même des valeurs évangéliques.

L’Évangile est une Bonne Nouvelle qui défend les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Les chrétiens sont présents pour mettre le feu aux cœurs éteints. Je ne désire pas non plus retourner dans une chrétienté dont on a mesuré les limites affligeantes.

Je ne demande pas également que le monde entier devienne chrétien mais, qu’il retrouve ses dispositions pour des relations Fraternelles et Respectueuses.

Nous confondons souvent tolérance et acceptation de Tout. Non pas. La tolérance est la compréhension sans préjugés des différents styles de vies ou de comportements des êtres Humains et ce, quelques soient nos finalités morales. Pour faire plus limpide, c’est la main tendue vers les autres sans a priori. C’est vouloir s’enrichir dans nos relations même si celles-ci ne correspondent en rien à nos convictions.

C’est se dépasser, sublimer autrui dans son humanité pour écouter les balbutiements de son âme. Est-ce donc si compliqué de retrouver le chemin de l’Amour après tant de détours idéologiques ? Je ne le crois pas. Il nous suffit de travailler notre intériorité pour réfléchir aux dysfonctionnements qui nous paralysent.

Pourquoi ai-je évoqué quelques aspects de ma vie ? Dans un souci de clarification vers cette tension spirituelle qui anime mes jours. Ceci pris dans le sens étymologique ; qui donne une âme à mon quotidien. Levé le matin tôt, un café vite avalé puis, une ou plusieurs prières des profondeurs pour donner la Force de rencontrer les jeunes. L’intérêt constant de me ressourcer par la poésie, l’art, la beauté d’un paysage et la contemplation qu’il inspire. Puis, le retrait dans le silence de Dieu auprès d’un Monastère car l’Amour pour être entendu a besoin de silence. Une existence surbookée mais dans laquelle règne des plages de repos pour mon corps fatigué. Prendre soin de moi pour mieux aimer les autres, les comprendre sans toutefois toujours acquiescer.

Écrire pour exprimer les révoltes, les joies, les espoirs, les combats rencontrés tant de fois. Écrire pour être soi face aux autres. Ne jamais faire mentir les mots, ne pas les blesser inutilement. Parler vrai dans un monde qui souvent nous ment. Dire des vérités qui dérangent pour affirmer ce que je suis et ce que d’autres n’osent pas dire.

Ce n’est que le cheminement, j’allais dire banal, d’un chrétien qui vit main dans la main avec Jésus-Christ du soir au matin et du matin jusqu’au soir tombant. Avec mon caractère affirmé, sûr de moi et une personnalité rebelle, j’aurai très bien pu devenir braqueur de banques. Si je n’avais rencontré au détour de mes sentes sinueuses, des hommes et des femmes de convictions qui m’ont mis debout par leur Témoignage de vie.

Vous savez, ces convictions bâties sur l’effort, le travail bien fait, le respect d’autrui, la tolérance, la liberté et la joie intérieures, la conscience citoyenne... Ces convictions au parfum d’évangile et que vous estimez ringardes faute de savoir en proposer d’autres qui seront viables.

Je suis un ringard chrétien et je le revendique. Mais, Mon Dieu si vous saviez comme je suis Heureux de vivre et comme j’aime partager ce Bonheur autour de moi. Répandre la lumière qui émane de mon cœur. C’est le devoir que je me suis fixé étant enfant. Redonner de la chaleur à ce monde figé, glacé dans ses étroitesses d’esprit. Dans cette immanquable manie de s’auto-aliéner par des rancœurs injustifiées. Par manque d’ouverture aux métamorphoses de nos sociétés. Par manque d’une conscientisation des diverses manipulations idéologiques. Croyant toujours détenir la Vérité, vous vous retrouvez seuls avec vos certitudes.

Mon ringardisme chrétien est de vous aimer envers et contre tout sans pour autant entrer dans votre univers. C’est combattre pour la Justice sociale. Ne jamais désespérer de l’humanité et de demeurer un combattant de l’Amour et de l’Espérance. Notamment pour les Jeunes et tous les marginaux rejetés lâchement par nos sociétés de consommation. Je sais qu’un monde meilleur peut voir le jour, non pas un monde parfait, ce qui serait illusoire mais, un monde où il ferait bon vivre ensemble. Je m’y emploie et tous les ringards chrétiens, comme moi, se lèvent chaque fois que l’Humain est bafoué. Tous les ringards chrétiens tentent, comme moi, de donner un visage plus humain au monde de demain. Et la Force qui nous soulève pour donner des braises ardentes et réconfortantes à notre planète, ne nous appartient pas. Voilà pourquoi, nous ne vantons jamais nos actions au risque de passer pour ringards.

Bruno LEROY.

Éducateur de rue.

20/06/2022

Analyse d'une pratique active de la solidarité.

06.05.2020-citation-guy-gilbert.jpg

Nous faisons face ici à un problème majeur : on ne peut changer la réalité ou lutter contre l’exclusion à partir de n’importe où ni à partir de n’importe quelle disposition intérieure. Quand on fait un retour sur des échecs importants, on se rend compte souvent qu’en réalité, ce ne sont pas les théories ou les connaissances qui ont fait défaut, mais bien le lieu à partir duquel on a voulu agir. À ce propos, il serait bon de se rappeler le mot si pertinent de Friedrich Engels, mot qui, avec le temps, est devenu maxime populaire. Il dit ainsi : "l’on ne pense pas la même chose selon que l’on vit dans une cabane ou dans un palais".

La simplicité d’une telle affirmation constitue, nous n’en doutons pas, une des expressions les plus lumineuses de la pensée contemporaine. Ce qu’affirme Engels avec sa "boutade" c’est que, bien que la vérité soit absolue, l’accès que nous pouvons en avoir ne l’est pas. C’est-à-dire que, bien qu’un certain accès réel à la vérité nous soit possible, il sera toujours conditionné par la réalité elle-même et aura toujours, pour autant, un caractère relatif. Jamais il ne sera neutre et inconditionnel. Tout cela est d’une importance capitale pour notre propos. En effet, même en supposant les meilleures intentions, la meilleure bonne volonté et les meilleures capacités intellectuelles, il y a des lieux d’où tout simplement on ne peut ni voir ni sentir la réalité de façon à ce qu’elle nous ouvre à l’amour et à la solidarité.

Alors, il ne nous reste qu’une solution : changer de lieu social. Le lieu social, c’est le point à partir duquel on perçoit, on comprend la réalité et on essaie d’agir sur elle. Il nous faut donc passer du lieu social des élites au lieu social des exclu(e)s. C’est à partir du monde des pauvres que nous devons lire la réalité de la violence si nous voulons nous engager pour sa transformation. La vision qu’ont les pauvres et les opprimé(e)s de la violence économique doit être le point de départ et le premier critère pour lire et comprendre aussi bien le monde globalisé que la violence qu’il provoque.

C’est aussi simple que cela, mais c’est tout aussi grave d’en arriver aux conclusions et d’en peser les conséquences. Où est-ce que je me situe ? Où sont mes pieds et ma praxis en matière de solidarité ? Car la question est de savoir si je suis au bon endroit pour accomplir ma tâche. Un tel processus ne peut être mis en marche que par ceux et celles qui sentent dans leur chair la brûlure de l’injustice et de l’exclusion sociales. La tâche d’éduquer implique d’abord le lieu social pour lequel on a opté ; puis le lieu à partir duquel et pour lequel on fait des interprétations théoriques et des projets pratiques ; finalement, le lieu d’où part la pratique et à laquelle on subordonne ses propres pratiques.

À la racine du choix de ce lieu social, il y a l’indignation éthique que nous ressentons devant la réalité de l’exclusion ; le sentiment que la réalité de l’injustice dont sont victimes la grande majorité des êtres humains est si grave qu’elle exige une attention incontournable ; la perception que la vie même perdrait son sens si elle tournait le dos à cette réalité. Il ne sera jamais possible de travailler à être plus humains à partir du point de vue des centres de pouvoir et de savoir, ni même en se situant à partir d’une prétendue neutralité. Cette pratique est appelée d’avance à être condamnée et à tomber d’elle-même lorsqu’elle aura à soutenir la preuve des faits, comme cela est arrivé au jésuite de Camus dans La Peste.

Personne ne peut prétendre voir ou sentir les problèmes humains, la douleur et la souffrance des autres à partir d’une position "neutre", absolue, immuable dont l’optique garantirait une totale impartialité et objectivité. Il est donc extrêmement urgent de provoquer une rupture épistémologique. La clé pour comprendre ceci est dans la réponse que chacun(e) de nous donnera à la question : "d’où" est-ce que j’agis ? C’est-à-dire quel est le lieu que je choisis pour voir le monde ou la réalité, pour interpréter l’histoire et pour situer mes actes transformateurs ?

Mieux que n’importe quel autre moyen particulier, la manière d’exprimer sa sensibilité et son intérêt à rendre la société plus humaine réside, en effet, dans une pratique active de la solidarité, notamment avec les démuni(e)s qui font l’objet de discriminations et de marginalisations intolérables. Tout ce qui signifie une violation de l’intégrité de la personne humaine, comme la torture morale ou physique, tout ce qui est une offense à la dignité de la personne, comme les conditions de vie inhumaines, l’esclavage, la prostitution, le commerce des femmes et d’enfants, ou encore pour ceux et celles qui bénéficient d’un emploi les conditions de travail dégradantes qui réduisent les travailleurs au rang de purs instruments de production, sans égard pour leur dignité, tout cela constitue des pratiques infâmes qui nous engagent toutes et tous à nous impliquer dans les solidarités sociales.

Bruno LEROY.

25/05/2022

L'Ascension renforce notre Foi.

 

ASCENSION988856a5ca79.jpg

Le chrétien ne place pas son Espérance dans les modèles de société, dans les objets, dans les idéaux, mais bien en quelqu'un : Jésus-Christ, Fils de Dieu.

Pour le chrétien, le surgissement de Jésus, homme et Dieu, est dans l'histoire ; il est l'annonce de la fin, la voie de la fin réalisée et à réaliser encore.

Dans tout l'Évangile, Jésus annonce que le Royaume de Dieu s'est approché par sa personne, qu'il est déjà présent et que cependant il doit encore venir.

 

A ceux qui veulent un roi qui éliminera les Romains pour enfin clore l'attente, à ceux qui veulent un Maître qui réalisera le Royaume et fermera l'histoire, Jésus répond en refusant toute annexation ; il se met à l'écart et recrée une distance dans l'attente pour que le désir de ce qui n'est pas encore et de ce qui doit encore venir, s'avive de commencement en commencement sans jamais se clôturer dans l'instant présent, dans l'histoire présente.

 

A ceux qui sont tentés de désespérer, de se résigner ou de se consoler dans l'espoir d'une fin hors du temps, au-delà du temps, Jésus répond en disant que le Royaume est déjà là ; il multiplie les gestes de libération : " Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres " ( Lc, 6, 22 ).

 

Pour les chrétiens aussi, le Christ est présent et pourtant il est encore Celui qui doit venir. Il nous quitte et reste parmi nous. Boutade ? Non. Par sa vie et par sa mort, par la manifestation de sa résurrection et par son ascension où il se dérobe à notre volonté de le retenir et de le posséder, Jésus nous révèle que la présence passe par l'absence. Contre toute attente qui réduirait jésus et son message à une fin mondaine, le christianisme réinstaure l'homme en relation à Dieu et refuse le rêve des espérances purement horizontales. Jésus est celui qui ouvre l'histoire humaine à Dieu en lui interdisant de se clôturer sur-elle même ou de croire qu'elle peut réaliser le Royaume de Dieu.

 

Mais contre toute attente qui réduirait Jésus et son message à une fin hors de l'histoire humaine, le christianisme réinstaure l'homme en relation avec Dieu et aux autres hommes dès maintenant et refuse le rêve des espérances purement verticales. Jésus est l'irruption du Royaume de Dieu dans notre histoire ; il ouvre dès maintenant le temps de Dieu et la libération des hommes.

 

Ni hors de l'histoire, ni dans l'histoire exclusivement, l'Espérance chrétienne vit le paradoxe de devoir réaliser l'attente et en même temps de la déplacer constamment sans la fixer. L'Espérance chrétienne au nom de Jésus-Christ prend corps dans le temps sans cependant jamais s'y enfermer.

 

Le Royaume de Dieu est donc présent dans la pratique du croyant comme une instance critique permanente, une force de contestation qui l'empêche de se satisfaire de ce qui est, qui réveille son Espérance et l'ouvre sans cesse à un avenir qui transcende l'horizon de l'histoire. Seule est véritable la Foi qui se fait Amour, vérité et Justice, indivisiblement.

 

Bruno LEROY.