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25/08/2006

CRITIQUE DU LÉGALISME.

Jésus explicite devant la foule la critique du légalisme, qu’il vient de formuler implicitement en ramenant ses contradicteurs au cœur de la Loi, c'est-à-dire au précepte de la charité. Les scribes et les pharisiens ont reçu mission d’enseigner et d’interpréter la Thora ; aussi le peuple est-il invité à les écouter et à mettre en pratique « ce qu’ils peuvent dire ». Mais là s’arrête leur ministère, qui se trouve hélas tronqué d’une dimension essentielle, à savoir le témoignage de vie, car « ils disent et ne font pas ».
Puisqu’ils « disent » ce qu’il convient de faire, il est inutile que Notre-Seigneur répète leurs enseignements. Il va plutôt souligner « ce qu’ils ne font pas », ou plutôt ce qui dans leur agir, est en contradiction avec ce qu’ils disent. Cette pédagogie n’a pas pour but de déconsidérer les scribes et les pharisiens aux yeux du peuple, mais Jésus entend dénoncer l’hypocrisie qui menace tout croyant, quelle que soit sa place dans la hiérarchie religieuse : tous nous sommes plus ou moins compromis dans des attitudes de duplicité qui sont autant de trahisons de l’Alliance. De plus, l’exhortation de Jésus a le mérite d’arracher un certain nombre de masques hideux dont nous avons recouvert le visage du Seigneur.
Nous apprenons ainsi que Dieu ne « charge pas de pesants fardeaux sur nos épaules » ; c’est plutôt lui qui vient porter avec nous le joug du péché et son cortège de conséquences, afin que nous ne fléchissions pas sous son poids et ne sombrions pas dans le désespoir. C’est cette attitude de compassion active à l’égard de nos frères éprouvés que Notre-Seigneur attend de chacun d’entre nous, à commencer par les responsables de la communauté qui devraient donne l’exemple. Or « ils ne veulent pas remuer du doigt les fardeaux dont ils chargent les gens ». Ils sont donc coupables d’une double faute : ils présentent les préceptes comme un fardeau, alors qu’ils sont en réalité un don précieux de Dieu, nous permettant de demeurer dans son amitié et de jouir de son aide ; et par l’indifférence qu’ils manifestent à l’égard de leur prochain, ils n’encouragent pas le peuple à interpréter la Loi en termes d’une initiative compatissante de Dieu.
Nous apprenons également que Dieu ne se donne pas en spectacle ; c’est l’amour qu’il désire, et non les honneurs mondains. La véritable gloire, celle qui vient de Dieu et qui lui revient, resplendira bientôt sur le visage de Jésus crucifié. Au sommet de son immolation, l’Agneau immolé nous révèle la sagesse de Dieu, qui tranche radicalement sur la vaine gloire de ce monde. Dieu n’est pas en quête d’établir ou de sauvegarder sa réputation ; il ne brigue pas les titres ronflants dont les pharisiens et les scribes se montrent si avides. Ce qu’il désire, c’est que ses enfants le reconnaissent pour ce qu’il veut être pour eux : un Père, leur unique Père, celui « dont découle toute paternité, au ciel et sur la terre » (Ep 3, 15). Nul ne peut cependant accueillir ce mystère, sans avoir ouvert son cœur à celui qui est venu nous révéler le Nom et le visage de Dieu : son Fils unique, Jésus le Messie, qui est désormais l’unique Maître, le seul Rabbi.
Nous apprenons enfin que Dieu ne commande pas comme un Souverain hautain, mais qu’il ne craint pas de s’abaisser pour servir ceux qu’il aime comme ses enfants. Là encore les scribes et les pharisiens nous servent de contre-exemples, eux dont l’attitude de suffisance contraste de manière saisissante avec les « mœurs de Dieu » que nous révèle Jésus : « Lui qui était dans la condition divine, n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix » (Ph 2, 6-8).
Telle est l’attitude que Notre-Seigneur attend de ses disciples, et tout particulièrement de ceux qu’il a établi pasteurs de son peuple : ils auront à cœur de témoigner, non seulement par leurs paroles mais par toute leur vie, du Dieu de tendresse et de compassion, qui révèle son visage de miséricorde à travers l’abaissement de son Fils, livré pour notre salut, ressuscité pour que nous puissions partager sa gloire.

« Seigneur qu’il est difficile de traverser ce monde sans succomber à ses séductions et sans tomber dans l’avidité de l’avoir, du pouvoir et de la gloire. Nos cœurs sont à ce point pervertis que - comme les scribes et les pharisiens - nous parvenons même à tirer de la vaine gloire du peu que nous faisons pour nos frères ou pour l’Eglise. Ouvre nos yeux Seigneur sur nos duplicités, nos hypocrisies, nos contre-témoignages ; unifie notre cœur et nos vies en toi afin que nous puissions marcher sur les chemins de l’Evangile dans la vie nouvelle de l’Esprit ».



Père Joseph-Marie

19:17 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

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