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10/10/2006

Dans l'Église le seul témoignage possible est celui de la vie.

Maurice Zundel à Lausanne en 1955.

        

L'Eglise .. comme une partition musicale. L'Eglise, il faut la vivre. .. On ne saurait être catholique sans se transformer tous les jours. .. Là encore tout serait à souligner.

        

" Paul nous enseigne que l'Eglise est le Corps du Christ. L'Eglise est un corps. Bien souvent sous cet aspect l'Eglise prête à confusion, et devient, même pour des hommes sincères, une pierre d'achoppement.  L'Eglise est un Corps, un Corps mystique, cela veut dire qu'on ne peut pas la connaître ni reconnaître sans une vie mystique, une vie d'union avec Dieu. On ne peut pas la reconnaître sans s'enraciner dans l'intimité de Jésus-Christ que l'Eglise veut nous communiquer. Elle veut nous introduire dans cette intimité, et, dans ce même jour de l'intimité avec Jésus-Christ, nous connaissons l'Eglise comme un sacrement, comme Le sacrement immense et éternel qui nous conduit à Lui.

        

Le Credo n'est pas une liste de propositions auxquelles il faut souscrire, mais le sacrement d'une expérience qu'il nous faut devenir : si nous ne naissons pas de nouveau, comme Jésus le dit à Nicodème, si nous ne passons pas par la nouvelle naissance, ces mots du Credo resteront éternellement incompréhensibles. On ne peut connaître les mots du credo que du dedans, que par la foi qui est en nous le regard même de Dieu, on ne les connaît que par l'Amour.

        

L'Eglise n'est pas un parti. Il est facile de connaître le programme d'un parti, il suffit de lire l'affiche qui le promulgue. Ce n'est pas cela dans l ‘Eglise. L'Eglise est plutôt comme une partition musicale : on la remet entre nos mains mais nous ne pouvons rien y comprendre à la lecture si nous ne sommes pas nous-mêmes musiciens. Et même celui qui est musicien, encore faut-il pour qu'il la comprenne, qu'il la sonorise au-dedans de lui, qu'il devienne en quelque sorte musique. Et, s'il l'exécute, il y aura dix mille manières de l'exécuter. Et un musicien pourra toujours faire des progrès dans sa lecture et entrer plus profondément dans le secret de la musique. Il en est ainsi de l'Eglise.

        

Il en est ainsi de l'Eglise : on ne pourra jamais dire qu'on en a terminé la connaissance et la lecture : il faut la vivre, il faut se cacher dans l'intimité de Jésus-Christ, il faut aimer Notre Seigneur et Le laisser vivre en nous . Et, à mesure que l'on vit davantage du Christ, et donc plus profondément de Son intimité, dans la même mesure aussi l'Eglise prend un sens nouveau. Et cela, l'Evangile lui-même nous le donne à comprendre. Voyez le lavement des pieds : que signifie-t-il ?

        

Les Apôtres avaient entendu Jésus, ils L'avaient suivi, ils avaient bu et mangé avec Lui, et pourtant ils ne Le connaissaient pas ! Ils avaient entendu des mots qu'il avait prononcés et ils avaient d'abord pris ces mots pour de simples mots alors que ces mots étaient la Vie, la Présence, l'Eternelle Parole : ces mots étaient Dieu Lui-même. Et c'est pourquoi ces mots n'éclairaient pas les apôtres, au contraire ! ils créaient dans leur esprit de fausses perspectives. Les apôtres les tournaient dans leur sens à eux, ils y attachaient des espérances égoïstes et intéressées. C'est pour cela que Jésus est à genoux devant eux au lavement des pieds : Il veut éveiller leur cœur, ouvrir leur esprit, leur faire comprendre toute la distance qu'il y a entre ce qu'ils comprennent et ce qu'il faudrait comprendre. Il veut qu'ils passent par la nouvelle naissance et qu'ils découvrent dans leur cœur ce trésor caché en eux et confié à leur amour.

        

Et il faudra la mort de Jésus, il faudra que le grain de blé soit jeté en terre, il faudra la Résurrection et la Pentecôte, il faudra le feu de l'Esprit-Saint, il faudra cette nouvelle naissance de l'eau et de l'Esprit pour que leur cœur s'ouvre, pour que leur intelligence s'ouvre, pour qu'ils comprennent, pour qu'ils pénètrent jusqu'au fond le sens des promesses que Jésus leur a faites en s'enracinant dans l'intimité de Jésus. Il faut donc beaucoup de prudence quand on parle de l'Eglise car nous risquons tous de faire écran , d'être un obstacle au mystère de Jésus en oubliant que, pour atteindre Son mystère et celui de l'Eglise, il faut une vie mystique.

        

On s'imagine trop souvent que le catholique est celui qui avale tout crus des mots tout faits, qui les récite sans les comprendre, alors qu'au contraire, on ne saurait être catholique sans se transformer tous les jours , sans dépasser tous les jours les mots et les formules, sans voir dans les mots ce qu'ils sont réellement : un sacrement, c'est-à-dire un signe qui nous communique l'intimité même de Jésus-Christ.

        

Rien n'est plus difficile que d'être chrétien, justement parce qu'un chrétien doit toujours dépasser le signe et aller plus loin que les mots pour se perdre dans l'Unique Parole qui est une Vie, une Présence, un Visage, dans l'unique Parole qui est l'Eternel Amour.

        

Saint Jean de la Croix nous avertit. Il montre que les âmes les plus parfaites, celles qui traversent les nuits mystiques dans lesquelles elles sont en train de se purifier, ces âmes-là sont dans une sorte de purgatoire : elles s'imaginent que Dieu les poursuit, qu'il est leur ennemi, que Dieu veut absolument les crucifier et se plaît à les faire souffrir ! Et elles ont l'impression qu'elles-mêmes se dérobent à Dieu et sont ses ennemies ! Et Saint Jean de la Croix se demande comment c'est possible puisque bientôt ces âmes, en sortant du tunnel découvriront Dieu comme la joie immense et parfaite, la joie infinie. Comment est-il possible qu'elles voient Dieu sous ce jour, comme un ennemi, comme une souffrance, comme une torture ?

        

Eh bien, s'est dit saint Jean de la Croix, c'est uniquement du fait de leur imperfection. Car Dieu est toujours l'Amour, toujours la Joie, toujours le Don, toujours la Générosité infinie, c'est nous qui ne le sommes pas ! C'est nous qui sommes absents tandis que, Lui, est toujours présent. Nous lui avons donné notre propre visage et nous en faisons une idole. Si les âmes les plus saintes risquent ainsi de se tromper et se trompent effectivement, en quelque sorte inévitablement à une certaine étape de leur ascension, à combien plus forte raison nous autres sommes-nous exposés à nous tromper et à faire de Dieu une caricature et une idole !

        

Aussi n'y a-t-il finalement qu'un seul témoignage possible, celui de la vie. Et rien ne pourra jamais convaincre ceux qui nous entourent, de la présence de l'Eglise et de Jésus sinon quand ils auront compris qu'avec Jésus tout est changé, tout est transfiguré, tout est transformé, parce que Jésus est là en nous, avec nous, au-dedans de nous. Si la présence de Jésus ne change rien, alors c'est que tout cela n'est que mensonge et illusion. "

20:16 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans MAURICE ZUNDEL. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

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