10/06/2010
Apprends-nous à vivre de manière cohérente avec notre foi et à pardonner gratuitement.
Les disciples se sont « rassemblés autour de Jésus, sur la montagne ». La rencontre est informelle, conviviale ; c’est dans l’intimité d’une rencontre amicale, que Notre-Seigneur va dévoiler à ces gens simples, le cœur de son message, qu’il faut bien qualifier de paradoxal : « Je vous le déclare, à vous mes amis, si vous voulez accéder avec moi au Royaume des cieux, il faut que votre justice surpasse celle des scribes et des pharisiens ! » Voilà une affirmation pour le moins étonnante : comment ces hommes et ces femmes issus du petit peuple, pourraient-ils prétendre faire mieux que leurs chefs religieux ?
A la justice contractuelle qui par le biais du tribunal, inflige une juste peine à celui qui transgresse la loi, Jésus oppose le dynamisme bien plus exigeant de l’amour (cf. Jean Paul II, Encyclique Dives in misericordia), qui ne rétribue pas seulement les actes, mais sonde également les intentions du cœur. Le crescendo dans les menaces proférées par Jésus - tribunal, grand conseil, géhenne - correspond au caractère de plus en plus délibéré du tort infligé. La colère est une passion de l’âme qu’il n’est pas toujours facile de juguler ; l’insulte peut encore être l’expression d’un mouvement impulsif ; mais la malédiction est un acte délibéré, et qui de plus prend le contre-pied de la parole de bénédiction que Dieu prononce sur ses enfants, « sur les bons comme sur les méchants ». C’est parce qu’il s’oppose au Dieu d’amour, que celui qui maudit son frère se condamne lui-même aux flammes dévorantes de la haine.
Le père prodigue (Lc 15, 11-32) avait bien des raisons de se mettre en colère, d’insulter voire de maudire ce fils exigeant de lui sa part d’héritage avant son décès. Pourtant il n’en fait rien et garde le silence malgré l’injustice de son cadet, dans l’espoir d’un amendement toujours possible. Car le fils a beau être ingrat et se comporter de manière indigne du nom qu’il porte, le père, lui, ne peut renier sa paternité : ses enfants demeurent ses enfants, quoi qu’ils fassent. Sa joie est de les voir rassemblés dans la communion fraternelle autour de la table familiale. C’est bien pourquoi il supplie son fils aîné de renoncer à son ressentiment et d’entrer dans sa joie, lorsque le cadet est revenu à la maison.
Nous non plus, nous ne nous tenons jamais seuls « devant l’autel » : le Dieu auquel nous rendons un culte est le Père de tous les hommes. Comment pourrions-nous dès lors nous tenir en vérité devant lui, alors qu’un de nos frères « a quelque chose contre nous » ? Nous ne pouvons nous approcher de Dieu qu’en entrant dans le cercle familial de ceux qui sont ses fils et ses filles - qu’ils le sachent, l’acceptent, ou non. C’est toujours en tant que membre de sa grande famille humaine que nous nous tenons devant Celui que nous appelons « notre Père », signifiant par ce vocable, que nous nous adressons à lui en communion intentionnelle avec tous nos frères, sans exception.
« Dieu notre Père, pardonne-nous notre mensonge quotidien : nous prétendons avoir accès à ta présence, nous nourrir du Corps que ton Fils a livré pour "rassembler tes enfants dispersés", tout en gardant au cœur des animosités, des ressentiments, et tant d’autres sentiments négatifs inavouables envers ceux qui sont avant tout et surtout nos frères. Apprends-nous à vivre de manière cohérente avec notre foi et à pardonner gratuitement, par amour pour ton Fils Jésus-Christ, dont la patience et la miséricorde infinies à notre égard, devraient nous purifier à tout jamais de toute velléité de rancœurs. »
Père Joseph-Marie.
09:22 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
Les commentaires sont fermés.