13/06/2010
Pas de paix sans justice, pas de justice sans pardon.
Reconnaissons que les antithèses du Sermon sur la Montagne nous confrontent cruellement à nos limites. La barre est haute, très haute ; sans doute trop haute pour nous. Certes nous percevons tous les limites de la loi du Talion : « œil pour œil, dent pour dent » (Ex 21, 24). L’apparente justice qui consiste à exiger une peine identique à celle qu’on a subie, débouche inévitablement sur des débordements incontrôlables. Lorsque la roue de la violence est mise en branle, qui l’arrêtera ? Il suffit de relire la genèse et le développement des grands conflits internationaux pour se rendre compte qu’on n’établit pas la paix en exigeant que l’autre souffre tout autant que ce qu’il a fait subir : du bourreau à la victime et retour, le mal est doublé. Mais pourquoi chercher des exemples sur la scène internationale : n’est-ce pas ce que nous vérifions au quotidien dans nos relations professionnelles ou familiales ? Si nous revendiquons que l’autre ait payé « jusqu’au dernier centime » avant d’enterrer la hache de guerre, la paix demeurera fragile, et à la moindre étincelle, la violence ressurgira.
Mais alors comment faire pour établir la paix ? « Et bien moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant » - nous répond Jésus. Voilà la première étape : refuser de s’engager dans la spirale de la violence en ripostant à l’offense qui nous est faite. Pas facile de justifier une telle attitude, car rien ne prouve que l’adversaire ne va pas profiter de ce qu’il risque d’interpréter comme de la faiblesse, pour récidiver !
Le mobile du renoncement auquel Jésus nous exhorte, réside dans le changement de regard que nous sommes invités à poser sur notre prochain - fût-il « méchant ». A la lumière de l’Évangile nous découvrons que tout homme est un frère, car tous nous sommes enfants d’un même Père, qui « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 5, 45). Pour entrer dans la logique du discours sur la Montagne, il nous faut passer d’une évaluation de notre prochain fondée exclusivement sur son comportement passé ou présent, à une évaluation qui s’inscrit sur l’horizon du dessein d’amour de Dieu sur lui. En d’autres termes, il nous faut apprendre à entrer dans le regard d’espérance que Dieu porte sur chacun de nous : « Dans les cieux, il nous a comblés de sa bénédiction spirituelle en Jésus-Christ. En lui, il nous a choisis avant la création du monde, pour que nous soyons, dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard. Il nous a d’avance destinés à devenir pour lui des fils par Jésus-Christ » (Ep 1, 4-5). Ce n’est que dans la mesure où nous nous laissons cette parole transformer nos cœurs, que nous sommes rendus capables de vivre les exigences des antithèses du Sermon sur la Montagne.
« "Pas de paix sans justice, pas de justice sans pardon" écrivait Jean-Paul II, résumant l’attitude que Jésus nous demande d’adopter. La véritable justice n’est pas celle qui réclame la condamnation de l’offenseur, mais celle qui rend celui-ci juste en lui accordant notre pardon. C’est ainsi, Seigneur, que tu as agi à notre égard : donne-nous dans l’Esprit Saint, la force de faire de même. »
Père Joseph-Marie.
20:22 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
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