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09/10/2010

Sarkozy a participé à un «moment de prière» pour la France.

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Devant la tombe de sainte Pétronille, il a bredouillé le Pater Noster comme un joueur de foot chantant l’hymne national. Pour le reste, Nicolas Sarkozy a parfaitement respecté, vendredi, l’ordre du jour de sa visite de quelques heures au Saint-Siège. Monté en quelques semaines seulement par l’Elysée, au lendemain de la polémique estivale sur les Roms, le déplacement au Vatican a été l’occasion pour le chef de l’Etat de multiplier les appels du pied en direction de l’électorat catholique sans crainte de provoquer des grincements de dents auprès de la France laïque.

Chapelet. Arrivé le matin avec quelques minutes de retard dans la cour Saint-Damase de la Cité du Vatican, Sarkozy, visiblement tendu, a été reçu par un Benoît XVI souriant, ce qui tranchait avec sa petite phrase en français sur l’accueil des «légitimes diversités humaines» qui, en août, avait été perçue comme une admonestation en direction de Paris. «Bonjour, monsieur le Président», a chaleureusement lancé le souverain pontife, qui a fait allusion à «l’âme catholique de la France» avant de s’entretenir en tête-à-tête pendant plus d’une demi-heure avec Nicolas Sarkoy. Le menu de la conversation n’a pas filtré. Officiellement, les deux hommes devaient parler en priorité des situations des chrétiens au Proche-Orient. Tout aussi officiellement, personne n’a prononcé le mot «Rom», d’autant que l’Elysée a veillé à ce que la visite ne soit suivie d’aucune intervention publique. Ce n’est qu’après l’entrevue avec Benoît XVI puis avec le secrétaire d’Etat du Vatican, Tarcisio Bertone, que la politique migratoire de la France a été indirectement évoquée.

Redescendu des appartements pontificaux, Sarkozy a parcouru la nef de la basilique Saint-Pierre pour se rendre dans la chapelle de Sainte-Pétronille. Devant la dépouille de cette martyre des premiers temps du christianisme, traditionnellement considérée comme la protectrice de l’Hexagone, le cardinal Jean-Louis Tauran a ainsi appelé «le peuple de France et ses dirigeants» à œuvrer pour «l’accueil des persécutés et des immigrés». Une exhortation noyée néanmoins dans une invitation à agir aussi, et pêle-mêle, pour «la justice, l’emploi, la santé et l’environnement, la vérité de l’information, la paix», mais également la «sécurité» et en premier lieu «le respect absolu de la vie». En clair, le Vatican semble avoir aussi cherché à calmer le jeu après les déclarations explosives de responsables religieux français choqués par le tournant sécuritaire de Sarkozy.

Vendredi, celui-ci s’est contenté d’indiquer lors d’un long toast à l’ambassade de France, près du Saint-Siège, en présence du cardinal Bertone : «Lutter contre l’immigration illégale qui produit tant de détresse et de drames, qui prive les pays les plus pauvres de leurs forces vives, c’est un impératif moral !» Auparavant, le locataire de l’Elysée avait célébré «les deux mille ans d’histoire commune» entre l’Eglise catholique et la France, et les «valeurs morales, de culture, de civilisation [partagées] qui sont inscrites au cœur de son identité». Au Vatican, le Président ne s’est pas contenté de la photo souvenir avec le pape, en surjouant son credo catholique. «Vous n’auriez pas un chapelet supplémentaire ?» a-t-il demandé en substance à Benoît XVI à l’issue de leur entretien et au moment de l’échange des cadeaux. «Il a précisé que c’était pour sa petite nièce», a ensuite indiqué le service pontifical.

Signe de croix. Entouré d’une délégation sobre et équilibrée, allant de son conseiller ultracatholique Patrick Buisson aux chrétiens modérés Jacques Barrot, membre du Conseil constitutionnel et Bruno Frappat, ancien président du directoire de Bayard presse, Nicolas Sarkozy n’a pas répété les fautes protocolaires de son précédent voyage à Rome, en 2008. Accompagné de Jean-Marie Bigard et de sa future belle-mère, Marisa Bruni-Tedeschi, il n’avait pas lâché son téléphone portable, même en présence du pape. Cette fois, il a tenu à traverser la basilique Saint-Pierre en passant par l’autel de Notre-Dame-de-Bon-Secours et en s’arrêtant pour un moment de recueillement devant la chapelle du Saint-Sacrement et le tombeau de Saint-Pierre. Autant d’occasions de faire ostensiblement le signe de croix. Dans la chapelle de Sainte-Pétronille, Nicolas Sarkozy a participé à un «moment de prière» pour la France. Un geste solennel dans l’enceinte du Vatican qu’aucun chef d’Etat de la Ve République n’avait effectué avant lui. L’après-Roms vaut bien une messe.

  

Source : Libération.

10:32 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

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