22/02/2005
RENCONTRE SPIRITUELLE AVEC GUY GILBERT.
A l'époque, je dirigeais l'antenne d'un Centre très connu et qui s'occupe essentiellement des plus paumés que notre société génère, notamment des alcooliques. Les éducateurs qui m'accompagnaient dans cette tâche difficile et profondément humaine à la fois, ne cessaient de regarder leur montre et je pensais naïvement que la lassitude les avait gagnée et qu'ils étaient pressés de revoir leur famille. Je me posais même des questions sérieuses sur les motivations de mes travailleurs sociaux auprès des plus meurtris.
Puis, la porte s'est ouverte et tu es entré en me disant que je te ressemblais au niveau look. Il est vrai, que j'ai toujours porté les cheveux longs, les bagues aux doigts, le cuir et les santiags. Je t'ai répondu que je ne savais pas si je te ressemblais avant de te connaître ou si tu me ressemblais sans me connaître. Enfin, le genre de réponse stupide dont tu as eu le Respect de ne pas même relever. Il était presque midi et nous allions manger entre éducateurs mais, tu as préféré un repas partagé avec les plus pauvres. Ils ne savaient pas qui tu étais et te prenaient pour l'un des leurs, un mec qui avait dû galérer, comme eux, pour en arriver là. Un gars m'a demandé si tu étais nouveau pensionnaire parmi nous et j'ai révélé ton identité en disant que tu étais le prêtre des loubards, celui qu'on voit souvent à la télévision. Ce jour là, tu es venu avec cette pauvreté évangélique qui te caractérise tant car, pour toi le vedettariat n'est qu'un accident de parcours. Ce qui te fait vivre, c'est le visage du Christ au travers des souffrants. Je crois bien que l'Esprit Saint t'habite avec une telle force que tu n'as pas besoin de faire de prosélytisme pour être compris. D'ailleurs, tu es vite devenu le confident et le pote de tous les gars qui buvaient tes paroles plutôt que leur verre de pinard habituel. Lorsque tu étais prêt du départ pour Paris, ils ont insistés pour que je les prenne en photo avec Toi, comme s'ils te voyaient pour la dernière fois...
Peu de temps après ton départ, ils ne touchaient plus un seul verre de vin ou d'alcool, comme pour te rendre hommage et t'être fidèle. N'ayant pas suivi les conversations que tu avais eues avec eux, je trouvais ce changement soudain, miraculeux. Mais, je savais intérieurement qu'il venait de toi et ta présence Forte auprès d'alcooliques dont tu t'amusais à changer leur vin en eau avec une bénédiction papale. D'ailleurs, leurs vies se résumaient tellement à des abus, que leur santé en était déjà gravement altérée. Tous ceux qui sont à tes côtés, sur cette photo, ont rejoints le Père, peu de temps après ton départ. Quand, ils furent hospitalisés alors qu'ils ne buvaient plus grâce à toi, ma surprise fut de constater qu'ils priaient avec ferveur Dieu-Amour, dont tu n'avais même jamais évoqué le nom. En quelques heures, tu as réussi à mettre debout des personnes que l'on suivait depuis des années. De plus, leur mort n'est pas un souvenir triste car, je n'ai jamais vu des gens entrer dans une Paix Absolue en cette phase finale. Tu leur avais inculqués, par ta seule écoute et ton charisme, un sens nouveau à leur Vie ainsi qu'à l'affrontement de la faucheuse.
Cette photo est la mémoire vivante, quoique figée, de ce que Tu es ! Pour le chrétien que je suis, nul doute que tu es habité par l'Esprit et pour les athées, je citerai volontiers une des phrases de tes bouquins : le témoignage de vie a la force d'un tremblement de terre. Non, je n'oublierai jamais, Père Guy Gilbert, le jour de ta venue où les esprits furent changés par la Puissance d'Amour, d'écoute et de compréhension que tu dégages. Comment, ne veux-tu pas faire des émules après un tel témoignage de conversion. Ce jour là, j'ai vu le Christ s'adresser aux plus pauvres d'entre nos Frères et leur dire que nul n'est irrécupérable et qu'il n'existe que des solutions en se délivrant de son passé. Mais, si Dieu n'avait pas été présent en Toi, tes mots n'auraient pas collés aux consciences blessées. Les éducateurs qui travaillaient avec moi, n'avaient qu'un seul désir, celui de te suivre davantage dans ton feu spirituel afin de se brûler aux flammes de ton militantisme social. C'est ce que je fais, actuellement, en tant qu'éducateur de rue et les autres restent au service des plus pauvres et des blessés de la Vie.
Nous rêvions tous, après ton départ de devenir tes disciples spirituels et nous le sommes devenus, toutes proportions gardées. Tu nous as inoculés le sens du combat pour davantage de Justice, d'Amour et d'Espérance en ce monde qui crève d'indifférence. Je ne peux que te remercier et dire au Christ que je l'ai vu, le jour où je t'ai rencontré...Et je ne suis pas le seul !
Bruno LEROY.
ÉDUCATEUR de RUE.
Puis, la porte s'est ouverte et tu es entré en me disant que je te ressemblais au niveau look. Il est vrai, que j'ai toujours porté les cheveux longs, les bagues aux doigts, le cuir et les santiags. Je t'ai répondu que je ne savais pas si je te ressemblais avant de te connaître ou si tu me ressemblais sans me connaître. Enfin, le genre de réponse stupide dont tu as eu le Respect de ne pas même relever. Il était presque midi et nous allions manger entre éducateurs mais, tu as préféré un repas partagé avec les plus pauvres. Ils ne savaient pas qui tu étais et te prenaient pour l'un des leurs, un mec qui avait dû galérer, comme eux, pour en arriver là. Un gars m'a demandé si tu étais nouveau pensionnaire parmi nous et j'ai révélé ton identité en disant que tu étais le prêtre des loubards, celui qu'on voit souvent à la télévision. Ce jour là, tu es venu avec cette pauvreté évangélique qui te caractérise tant car, pour toi le vedettariat n'est qu'un accident de parcours. Ce qui te fait vivre, c'est le visage du Christ au travers des souffrants. Je crois bien que l'Esprit Saint t'habite avec une telle force que tu n'as pas besoin de faire de prosélytisme pour être compris. D'ailleurs, tu es vite devenu le confident et le pote de tous les gars qui buvaient tes paroles plutôt que leur verre de pinard habituel. Lorsque tu étais prêt du départ pour Paris, ils ont insistés pour que je les prenne en photo avec Toi, comme s'ils te voyaient pour la dernière fois...
Peu de temps après ton départ, ils ne touchaient plus un seul verre de vin ou d'alcool, comme pour te rendre hommage et t'être fidèle. N'ayant pas suivi les conversations que tu avais eues avec eux, je trouvais ce changement soudain, miraculeux. Mais, je savais intérieurement qu'il venait de toi et ta présence Forte auprès d'alcooliques dont tu t'amusais à changer leur vin en eau avec une bénédiction papale. D'ailleurs, leurs vies se résumaient tellement à des abus, que leur santé en était déjà gravement altérée. Tous ceux qui sont à tes côtés, sur cette photo, ont rejoints le Père, peu de temps après ton départ. Quand, ils furent hospitalisés alors qu'ils ne buvaient plus grâce à toi, ma surprise fut de constater qu'ils priaient avec ferveur Dieu-Amour, dont tu n'avais même jamais évoqué le nom. En quelques heures, tu as réussi à mettre debout des personnes que l'on suivait depuis des années. De plus, leur mort n'est pas un souvenir triste car, je n'ai jamais vu des gens entrer dans une Paix Absolue en cette phase finale. Tu leur avais inculqués, par ta seule écoute et ton charisme, un sens nouveau à leur Vie ainsi qu'à l'affrontement de la faucheuse.
Cette photo est la mémoire vivante, quoique figée, de ce que Tu es ! Pour le chrétien que je suis, nul doute que tu es habité par l'Esprit et pour les athées, je citerai volontiers une des phrases de tes bouquins : le témoignage de vie a la force d'un tremblement de terre. Non, je n'oublierai jamais, Père Guy Gilbert, le jour de ta venue où les esprits furent changés par la Puissance d'Amour, d'écoute et de compréhension que tu dégages. Comment, ne veux-tu pas faire des émules après un tel témoignage de conversion. Ce jour là, j'ai vu le Christ s'adresser aux plus pauvres d'entre nos Frères et leur dire que nul n'est irrécupérable et qu'il n'existe que des solutions en se délivrant de son passé. Mais, si Dieu n'avait pas été présent en Toi, tes mots n'auraient pas collés aux consciences blessées. Les éducateurs qui travaillaient avec moi, n'avaient qu'un seul désir, celui de te suivre davantage dans ton feu spirituel afin de se brûler aux flammes de ton militantisme social. C'est ce que je fais, actuellement, en tant qu'éducateur de rue et les autres restent au service des plus pauvres et des blessés de la Vie.
Nous rêvions tous, après ton départ de devenir tes disciples spirituels et nous le sommes devenus, toutes proportions gardées. Tu nous as inoculés le sens du combat pour davantage de Justice, d'Amour et d'Espérance en ce monde qui crève d'indifférence. Je ne peux que te remercier et dire au Christ que je l'ai vu, le jour où je t'ai rencontré...Et je ne suis pas le seul !
Bruno LEROY.
ÉDUCATEUR de RUE.
20:40 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans Web | Lien permanent | Commentaires (7) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
Commentaires
Merci pour ce si Beau témoignage qui montre à quel point Guy Gilbert est un homme d'amour. C'est un prêtre que j'apprécie beaucoup pour sa liberté spirituelle.
Nicolas
Écrit par : Nicolas | 23/02/2005
Cher Bruno,
Je partage totalement ta propre approche du Père Guy Gilbert : oui, cet homme est habité par l'Esprit-Saint. Ma rencontre toute récente avec lui, cette grâce que j'ai eue de partager deux heures et demie en sa présence, rien que lui et ma famille que tu connais, ont transformé mon existence totalement... Je prendrai le temps de témoigner aussi, comme tu l'as fait, c'est un hommage que je dois lui rendre de m'avoir offert tant de temps. C'est unique dans une vie...
Merci Bruno.
Ton amie Bernadette.
Écrit par : Bernadette | 25/02/2005
Les mots
Les mots de tous les jours
ne portent ni veston ni cravate
ils dépeignent le quotidien
ils parlent de sentiments
de caresses et d'affection
ils tapent sur l'épaule
du copain qui est dans le pétrin
qui a besoin de compréhension
ils lui disent les mots qu'il faut
et ils versent avec compassion du baume
sur les plaies qui marquent sa peau
sans se prendre pour des acrobates
les mots sourient aussi à la vie
ils leur arrivent de faire les bouffons
de marcher les pattes en l'air
ils s'esclaffent et rigolent
ils racontent des blagues
souvent même assez polissonnes
s'expriment sans faire de détours
sur le sexe et la drague
ils s'amusent à jouer des tours
sans prendre les choses trop au sérieux
mais les mots comme va le vent
vite changent de direction
virent de tribord à bâbord
deviennent tantôt tristes
avec des accents mélancoliques
tantôt ils sont remplis d'angoisse
affichent des visages affligés
parfois avec gène ils bafouillent
ne savent plus trop quoi dire
alors tout piteux ils se taisent
leurs silences éloquents en disent long
à d'autres moments leur ton est lyrique
ils s'enfilent comme des perles
et s'alignent pour former des vers
qui disent avec plus de douceur
l'amour que l'on n'ose déclarer tout haut
ils prononcent tout bas les déclarations
de l'amoureux transi à sa bien-aimée
et quand ils deviennent muets
ce n'est pas parce qu'ils bougonnent
c'est qu'ils n'ont plus rien à dire
et que dans le dictionnaire ils dorment
Mark
Quelques mots pour exprimer que j’aime beaucoup ! Ce grand-Homme
Écrit par : Mark | 07/03/2005
Les mots sont les signes expressifs de nos désirs, émotions et passions. Votre poésie reflète bien cette puissance évocatrice des mots qui habitent notre conscience selon notre vécu. Vous avez un réel talent et je vous remercie de nous le faire partager. D'autant, que vous rendez Hommage à un homme qui a voué sa vie aux plus meurtris de notre société. Pour eux, les mots sont déficitaires et l'expression devient alors physique pour se faire comprendre. La violence des jeunes et des moins jeunes est une réponse directe à la violence que cette société leur impose. Votre Témoignage est précieux et ardent, une braise brûle sous vos interrogations. Les mots ont-ils la Hauteur que le poète peut leur donner ? L'écriture poétique permet de donner une respiration au langage. Puissiez-vous continuer à nous faire respirer la fraîcheur de votre âme dans cette poésie de la vie qui n'est nullement indifférente aux plus petits. MERCI !
BRUNO LEROY.
Écrit par : BRUNO LEROY. | 09/03/2005
Merci à vous de m'apportez un peu de paix en vous lisant...
Difficile de s'imaginer
Ce que serait le monde
Sans ses violences, sa pauvreté
Sans ses bombes.
J'ai regardé par la fenêtre
J'ai vu l'étendue de nos misère
Le bras du gangster
Piqué le sac de nos grands-mères.
Et même si ce qui nous entoure
Souvent nous dépasse
Il ne faudrait que parler d'amour
Avant que l'on s'en débarrasse.
J'ai aperçu là devant moi
La main tendue d'un malheureux
Une agression au fond d'un bois
J'ai rien fait, détourner les yeux.
J'avais pourtant crû être différent
J'allais me battre contre les méchants
Défenseur de la justice
Je ne suis qu'un pantin .
Et maintenant, qu'il se fait tard
La nuit va plonger dans le brouillard
Emportant mes rêves d'enfant
Mes espoirs d'adolescent.
Un enfant hurle dans la maison d'à côté
Il est pourtant dix heures du soir
Quand est-ce qu'on va avoir la paix ?
Nous, on veut surtout pas d'histoires.
J'ai regardé à la télé
Les tragédies et les guerres
Tout ça en buvant mon café
Ma lassitude me désespère.
J'avais pourtant crû être différent
Je me croyais innocent
Mais c'est moi le témoin, le complice
Je ne suis qu'un pantin.... Malheureux
Mark
Écrit par : Mark | 09/03/2005
Cher Mark,
Je vous remercie pour vos textes poétiques pleins de lucidité, de nostalgie, de blessures et de questionnement.
Vos poésies transpirent aussi la chaleur du soleil intérieur.
Mes pages vous sont ouvertes, offertes pour que vous exprimiez, si vous le voulez toute l'inspiration, qui demeure en votre coeur.
Un immense remerciement pour votre participation qui éclaire ce site de la lumière de vos mots !
Fraternellement !
Bruno LEROY.
Écrit par : BRUNO LEROY. | 10/03/2005
Comme c’est étrange
Cette envie de redécouvrir
Les chemins tendres
Qui on fait notre avenir
Drôle d’adolescence
Moment où il faut grandir.
Comme c’est étrange
Ces souvenirs qui me reviennent
Et me dérange
Qui nous lient et me retiennent
A ce monde étrange
Plein de regrets et de peines.
Je me revois le cœur battant
Contre le mur en l’attendant
Paroles qui volent
Elle est si loin à présent.
Comme c’est étrange
Tout nos rendez-vous manqués
Les longues absences
Nos petits pas reculés
Carrefour de l’existence
Erreur de destinée.
Comme c’est étrange
Cette impression d’avoir tout raté
Plongé dans le noir
A la recherche de la vérité
Ne jamais savoir
Ce que l’on présenté.
J’aurais tant voulu lui parler
Quand le soir, je lui téléphonais
Paroles qui volent
La vie nous a égaré.
Paroles qui volent
Et ne se poseront jamais….
Mark
Écrit par : Mark | 23/03/2005
Les commentaires sont fermés.