06/05/2005
LA MALTRAITANCE DES ENFANTS.
Il y a des parents qui ont l'apparence de la normalité et se cachent derrière. Ce sont par exemple d'anciens enfants maltraités. Par nature, dans la plupart des cas, ils montrent peu d'affects, une rigidité affective avec des traits de comportement obsessionnel. Ces parents ont une forte emprise sur l'enfant et une mauvaise image d'eux-mêmes, liée à un passé de frustration et de carences profondes. Ils montrent une grande intolérance à la frustration et vivent souvent repliés sur eux-mêmes, isolés et sans amis.
C'est à la naissance de l'enfant que ressurgit ce passé: ils peuvent s'identifier à de bonnes images parentales. Si la grossesse est désirée, l'enfant est investi d'un pouvoir de réparation, il doit combler le vide, le manque d'amour des parents. Dans ce contexte, le moindre problème vécu par l'enfant est vécu comme une persécution: il le fait exprès ! En fait, ils se sentent mauvais et projettent cela sur l'enfant: c'est lui qui est mauvais. L'enfant devient ainsi l'image vivante et permanente de leur échec et les mauvais traitements servent à faire disparaître cette image.
Derrière cette apparence de normalité, il y a aussi les paranoïaques pour lesquels l'enfant devient l'objet de leur "toute-puissance" destructrice, et les pervers qui trouvent leur jouissance dans la souffrance de l'autre.
Il y a encore "les cas sociaux" , familles chaotiques à problèmes multiples. Souvent isolés de leur famille jeunes, ils ne peuvent se projeter dans l'avenir. Les grossesses ne sont pas désirées et l'enfant doit ici aussi combler un vide. On rêve que lorsqu'il sera là, tout ira mieux ; quand il arrive, c'est une bouche de plus à nourrir.
L'enfant peut être marqué dès le départ: enfant adultérin ou handicapé, hyper-investi par la mère. Le père ne le supporte pas. S'il a une petite malformation, cela peut paraître énorme à certains parents. Ces enfants vivent ce petit handicap comme la preuve de leur incapacité à faire quoi que ce soit de bon ! Ce peut être un enfant issu d'une première union, un enfant de remplacement arrivant après un deuil ou un enfant ressemblant à quelqu'un que l'on tait.
Nous sommes tous responsables de la maltraitance de ces enfants. Les bribes psychopathologiques que je viens d'évoquer et qui sont les plus représentatives doivent être traitées à la racine puisque nous en connaissons désormais les causes. Pourquoi tant de silence face à ces situations de violences sur enfants ? Il faut ajouter les violences par "omission" ; carences qui peuvent être responsables de dénutrition, voire de morts d'enfants ; carences affectives qui peuvent avoir des répercussions dramatiques ( hospitalisme ) ; mauvais traitements psychologiques tels que sadisme verbal, humiliation, dévalorisation, exigences éducatives inadaptées à l'âge de l'enfant, rejet, mise à l'écart...
Lorsque nous sommes témoins de tels manques destructeurs, nous devons nous sentir concernés et mettre en accusation les personnes pratiquant de tels sévices. Il ne s'agit nullement de juger les humains qui projettent leurs propres souffrances mais, de venir en aide à toute une famille qui ne sait pas ou plus où sont ses repères. Notre conscience sociale exige que la majorité ne se taise plus par souci de tranquillité.
Les enfants du présent sont la société du futur proche. Il nous suffit de parler de ces actes moralement réprobateurs pour que des psychologues ou des éducateurs soient nommés par un juge afin de mettre en place une rupture de ces schémas aliénants et qui risquent de se répercuter dans l'avenir. Les enfants maltraités ont besoin de savoir qu'ils ne sont pas coupables des gestes de leurs proches car, souvent ils s'imaginent que les violences commises ne sont que des sanctions de leurs comportements atypiques. Seule, une rupture définitive du silence leur fera comprendre qu'ils existent aux yeux de la société et que leur vie n'est pas un désert mortifère. Il en va de notre volonté de changer le devenir de l'humanité.
BRUNO LEROY.
Intervenant-éducatif.
11:35 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans SCIENCES HUMAINES | Lien permanent | Commentaires (5) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
Commentaires
Comme c'est le caractère des grands esprits de faire entendre en peu de paroles beaucoup de choses.
Comme vos écrits qui apporte l'éveil des consciences pour l'être le plus précieux sur terre...un enfant.
Écrit par : olivier | 06/05/2005
Bonjour,
Je me permets un petit commentaire sur "la sexualité au coeur de l'amour".
Tout d'abord, j'adhère complètement à ton analyse, même si je ne partage pas ta foi.
Je pense que les années 1970 n'ont pas crée que du positif, mais il me semble que les jeunes actuellement se tournent vers d'autres valeurs, et cherchent plus la "vraie" rencontre.
Je voulais aussi te faire remarquer que dans ton texte, il y a deux fois les mêmes paragraphes.
Écrit par : radotages | 07/05/2005
Cher Ami,
D'abord, je tiens à te dire que le fait de ne pas être croyant ne pose aucun problème pour moi. Je travaille essentiellement avec des éducateurs non-croyants et ce que j'admire, chez eux ce sont leurs valeurs humaines. La croyance en Dieu est une histoire strictement personnelle et ne doit absolument pas servir de projet social. Dans la vie ordinaire, je suis un éducateur, certes chrétien mais, sans prosélytisme aucun. Et j'aime partager avec les autres nos différentes approches éducatives. Nous nous construisons toujours en fonction d'autrui.
Deuxièmement, je te dis un grand merci d'avoir remarqué dans mon texte, un paragraphe similaire. La rectification est faite. J'ai galéré pour le mettre en page et je ne sais pourquoi...
Troisièmement, je ne m'attaque pas à la sexualité des Jeunes, dans mon article, comme ne cessent de le radoter certaines personnes, du genre :" c'est plus comme dans le temps, maintenant ils font tout et n'importe quoi". Non, j'ai une vision plus positive des Jeunes et mets simplement en garde sur le danger fusionnel de la sexualité. Trop de jeunes se sont suicidés pour avoir tout misé en l'autre et lorsque la personne part, il ne reste plus rien.
Ceci est valable pour certains Adultes, également.
Quant aux années 70, certes elles ne furent pas très enrichissantes sur le plan de la pensée et de la réflexion vis à vis de soi-même et des autres. Elles ont engendrées un certain laxisme, que nous payons encore.
Mais, vous avez raison, les jeunes ont changés et même, ce qu'on appelle les cas lourds ont le désir d'avoir une vie familiale, un job. Enfin, une existence reconnue par la société. Ils sont moins négatifs qu'on le pense. C'est notre regard d'adulte qui les humilie, parfois en ne saisissant pas toutes leurs potentialités.
Je te remercie vivement pour ta réflexion !
Amicalement, Bruno.
Écrit par : BRUNO LEROY. | 07/05/2005
Tout d'abord, tu aurais du écrire "chère amie"...
J'avais bien compris qu'il n'y avait de ta part aucune attaque vis à vis des jeunes, et malgré mon pseudo, je ne suis pas de celles qui regrettent "leur temps", puisque justement mon adolescence s'est passée juste avant et après 68 ... et je peux dire que, quelque part, j'en ai fait les frais puisque je rêvais à d'autres valeurs ...
Bonne journée !
Écrit par : radotages | 07/05/2005
Ah ne m'en parle pas !!! il n'y a pas pire que les donneurs de leçons ...
Sur ce, je te laisse à tes occupations qui, je le pense, doivent être nombreuses ...
Amicalement
Écrit par : radotages | 07/05/2005
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